Misaeng est un terme du jeu de GO ou Baduk qui veut dire "vie incomplète".
Une vie incomplète, c'est ce que ressent le héros de la série, Jang Geu-Rae ("Geu-Rae" est synonyme de "oui" en Coréen, ce qui mène à de nombreux jeux de mots et quiproquos). Geu-Rae a voulu devenir joueur professionnel de Baduk mais il n'a pas réussi. Un échec qui ne l'aide pas à s'intégrer dans la vie active. Il entre néanmoins dans la compagnie One International grâce à ses connexions (une faveur accordée au président d'une autre compagnie que connait la mère du héros) avec seulement l'équivalent du BAC en poche. Il doit s'accrocher pour prouver sa valeur face aux autres stagiaires sur-diplômés pour réussir à faire partie du petit nombre (happy few) à être employé par l'entreprise.
Vous l'aurez compris, Misaeng traite de la vie de bureau. Vous penserez que cela n'a rien de passionnant et vous vous tromperez. Oui, Misaeng traite de la vie de bureau mais il le fait d'une telle façon ! Il y a un rythme, une narration, une ambiance qui vous happent complètement. Il y a des situations, des moments, des personnages qui vous touchent et vous bouleversent.
Et, si Jang Geu-Rae est un personnage d'une grande richesse (incroyablement interprété par Im Si-Wan) dont on sent à la fois la mélancolie et la détermination, il n'en est pas moins qu'un vrai éventail de personnages vient s'ajouter et soutenir un récit déjà solide. Chacun méritent le coup d’œil.
Cela étant dit, le personnage le plus badass reste Oh Sang-Shik, le chef de la Team Sale 3 où Jang Geu-Rae est envoyé. Il est incroyable, parfois extrême mais surtout hilarant. Jamais vous n'aimerez autant entendre quelqu'un crier ou présenter ses excuses de mauvaises grâces. Pour tous les petits nouveaux de l'entreprise qui gravitent autour de Geu-Rae, il est un peu un maître Yoda pour qui on ne peut pas s'empêcher d'éprouver du respect. Dans la mécanique bien huilée de l'entreprise, il arrive à rester fidèle à ses principes et lorsqu'il ne peut intervenir de façon directe et franche, il emploie un de ces mouvements de ninja qui consiste à faire un croche-pied aux sales cons qui sortent de l'ascenseur puis faire de semblant de s'inquiéter pour eux en leur conseillant de prendre plutôt les escaliers afin de muscler leurs jambes. Un vrai héros des bureaux.
Alors, après tout cela, je n'ai qu'une chose à dire : laissez vous enivrez car le poème de Baudelaire ne sera pas la seule leçon de vie qui vous sera offerte.