Alors...The Marvelous Miss Maisel...

un nom qui fait pas vraiment envie pas vrai? On s'imagine une repompe de ma sorcière bien aimée, ou un énième shity show de super ado. Et bein pas du tout. On se rapproche du biopic fictif, décrivant les débuts d'une humoriste de stand-up à New-York au début des sixties. On suit donc la progression de Myriam "Midge" Maisel, sa famille bourgeoise juive et son agent dans leurs pérégrinations comico-dramatique. La série est aujourd'hui terminée, comprenant 5 saisons pour un total de 43 épisodes d'environ 45 minutes.

Commençons d'entrée de jeu avec le premier obstacle, à savoir la distance. Distance par rapport à la langue, à la culture ou à l'époque. J'ai regardé la série en vost et je suis pas non plus une brêle en anglais, mais pour suivre du stand-up qui s'appuie sur des références américaines vieilles de 60 ans, faut tout de même s'accrocher. Du coup j'ai dû passer à côté d'une bonne partie des blagues et autres punch-line, et c'est un peu dommage. Par contre la partie compréhensive était réussie, avec de très bonnes vannes bien articulées et rythmées. Le style de Midge fait beaucoup penser au stand-up contemporain, ça va vite, ça tape fort et ça parle crument. Et si c'est efficace sur un public moderne, ça m'a tout de même laissé un léger sentiment anachronique tout au long du visionnage.


La majeure partie de la série a beau être centrée sur l'évolution de la carrière de Midge, on s'attarde quand même pas mal sur son entourage. Et on a là le principal point négatif de la série : les personnages secondaires. C'est d'un chiant!

La partie concernant Susie, la manager, est bonne, le personnage est drôle et attachant rien à redire là dessus. Joel le mari? Allez à la limite, y a bien la moitié à jeter mais les autres 50% sont intéressants et racontent quelques chose. Mais le reste...

Les parents? Quelle purge d'écriture que les parents et beaux parents! Y a presque rien à garder si ce n'est qu'ils ont le mérite d'être aussi insupportable pour le spectateur que pour les autres personnages. Leurs scènes se veulent surtout comiques mais elles ne font pas rire, et au final elles ne sont là que pour provoquer de l'empathie pour le personnage principal (qui en bénéficie déjà à bloc, Midge est vraiment super) parce que qui de mieux que nos parents pour nous énerver en nous laissant un profond sentiment d'incapacité (parce qu'on les aime ces vieux machins!)? Et on passe beaucoup de temps à les suivre, geignant et chouinant parce que la vie de bourgeois c'est pas facile tous les jours vous savez... Honnêtement, cette partie est une énorme perte de temps qui a failli me faire arrêter la série.

Cependant, et bien que ce soit un vrai point négatif, c'est un peu le seul que j'ai à lui reprocher. Oui le rythme est pas toujours bien équilibré (la saison 4 est assez molle du fion) et le jeu de certain.e.s acteur.rice.s laisse un peu à désirer (devinez de qui je parle...) mais c'est vraiment si je dois chipoter, parce que du reste, bein c'est plutôt réussi.


Déjà on peut saluer la partie costume/accessoire qui est incroyable. C'est un aspect très mis en avant et cela aide à nous transporter vers cette espèce de vision idéalisée qu'on a des sixties où tout est beau, et propre, où les mentalités évoluent et où la pauvreté n'existe pas (ou n'est pas grave vu que les pauvres ont l'air de prendre ça à la rigolade).

Ce sentiment de voyage est très largement poussé en avant par l'excellente musique, elle aussi très présente et utilisée de façon pertinente.

Globalement, la série est une déclaration d'amour au monde du spectacle vivant. Régulièrement, la caméra quitte l'action pour nous présenter un numéro présent dans l'action. Une chanson, du stand-up, une chorégraphie, du cabaret, de la prestidigitation, de la danse, du théâtre... et c'est toujours un bon petit moment à passer (bien qu'encore une fois un peu anachronique, s'appuyant pas mal sur une vision plus moderne du spectacle, notamment dans les façons de chanter et de danser).

Petit plus pour la réalisation également qui nous sert régulièrement des plans léchés, bien nets et clairs et colorés et lumineux. Et puis on y trouve pas mal de mouvement, et de la profondeur et du contraste. C'est une série visuellement très agréable qui a le bon ton de nous surprendre de temps à autres.

Pour le dernier bon point, je reviens un peu sur Midge, le premier rôle, qui est parfaite. L'actrice (Rachel Brosnahan) est excellente, elle est juste, propose de la variété, a un charisme et une prestance de dingue (et elle est pas dégueu à regarder on va pas se mentir). De fait, elle a obtenu pour ce rôle 2 Golden Globe et 2 Emmy awards. Rien que ça!

Visiblement elle est déjà un peu connue (Les experts, Orange is the new black, the good wife, house of cards...) mais j'ai rien vu de tout ça donc bon...


Reste plus que la partie qui me gêne : le traitement du féminisme. Honnêtement je ne sais pas comment l'aborder. Déjà, il s'agirait plus de girl-power et d'émancipation que de féminisme à proprement parler d'après moi (sémantique compliquée, je vais pas me lancer là-dedans c'est promis). Il y a comme un sentiment à la fois pertinent et contradictoire où Midge est à la fois cette jeune femme juive ancré dans la tradition familiale et sociétale ouvertement patriarcale et qui accepte sa place, et à la fois une figure contestataire de l'autorité en place, comme une égérie de l'émersion des mouvements féministes des années 60. C'est bête à dire mais cet espèce d'entre deux me perturbe un peu dans mon analyse, ne sachant où trancher. Et c'est peut-être là toute la subtilité du truc, essayer de montrer une vision modérée du féminisme, une vision bien moins présentée alors que bien plus courante. Ou alors c'est juste mon cerveau de petit con sis-hétéro blanc qui entre en surchauffe et qui se fait des croche-pattes tout seul allez savoir...


Bref!

J'ai beaucoup digressé, désolé.

The Marvelous Miss Maisel, moins bien que ce que l'on m'a promis mais mieux que ce à quoi vous vous attendez.

Et une saison 5 qui aborde la fin de la série d'une manière intelligente avec une bonne utilisation de flash-backs et flash-forwards qui viennent clôturer certains arcs dans des temporalités différentes pour éviter un sentiment de conglomérat saturé.


Prenez-soin de vous!

Des bises!

UltimaTom
8
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le 3 janv. 2024

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UltimaTom

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