Le récit original des événements de la « Guerre de Un An » qui oppose la Fédération Terrestre à la principauté de Zeon. La série suit les pérégrinations du « White Base », vaisseau au sein duquel se trouvent le Gundam et son pilote, Amuro Ray. Elle excelle dans la manière dont elle restitue l’atmosphère oppressante et usante d’une guerre : le White Base, poursuivi par un ennemi redoutable, assiégé de tout côté, et exploité sans ménagement par la Fédération qui en aperçoit rapidement le potentiel, est sans cesse à deux doigts de la destruction complète, a presque en permanence besoin de réparations ou même de ravitaillement. L’ensemble de l’équipage, dont une bonne partie ne s’est engagée que par la force des choses, est toujours au bord de l’épuisement.
La série a un rythme assez lent qui contribue à cette ambiance d’usure. Ceci implique qu’il y a plusieurs scènes (ou même quelques épisodes) qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue et qui sont parfois assez proches du remplissage. Les dix derniers épisodes, par contraste, peuvent paraître assez précipités dans leur réalisation (la série devait originellement contenir 52 épisodes et non 43). Certains personnages sont introduits et disparaissent de manière précipitée (chose particulièrement dommageable dans le cas du nouveau personnage de l'épisode 39). Un très grand nombre de machines, notamment des Mobile Armors, apparaissent à la suite, et la plupart ont très peu de temps d’écran, et surtout très peu d’intérêt pour l’intrigue (si ce n’est montrer une énième escarmouche avec le White Base).
La construction des personnages de Mobile Suit Gundam est soignée. Les membres les plus importants du White Base ont le droit à des sous-intrigues, à des scènes de dialogue ou d’introspection qui rendent leur personnalité intéressante et distincte des autres. C’est également le cas, dans une moindre mesure, des antagonistes – c’est-à-dire des membres de la famille Zabi. La série semble vouloir accorder au moins un trait distinctif à chaque personnage qui apparait, qu’il s’agisse d’un simple subordonné de Char ou des Zabi, ou même d’un simple soldat. Il est significatif qu’un certain nombre d’entre eux ait un nom. Et on ne les voit presque jamais mourir de manière distante et impersonnelle : le Gundam doit les éliminer un par un, avec un coup particulier à chaque fois ; on voit souvent leur visage horrifié face à l’explosion de leur machine.
Au sein d’une guerre aussi éprouvante, le Gundam devient rapidement une créature monstrueuse et impitoyable, capable d’éliminer trois, puis cinq, puis dix Mobile Suit ennemis à lui tout seul. Aucune des machines miracles de Zeon ne semble pouvoir l’arrêter. Pourtant, son pilote n’est qu’un jeune garçon ulcéré par la guerre, que l’on force d’abord à monter dans un robot, et qui devient petit à petit, tandis qu’il prend conscience de ses responsabilités mais aussi de ses pouvoirs hors-norme, isolé de sa famille et même des membres de son vaisseau par la tâche qui lui est assignée. Lorsqu'Amuro renconte enfin un personnage susceptible de le comprendre, c'est pour s'en retrouver rapidement séparé par les horreurs de la guerre.
Pour un spectateur désireux d’obtenir rapidement les informations centrales du déroulement de la « One Year War », les trois films récapitulatifs de la série feront l’affaire. Ces films, bien rythmés, font s’enchaîner rapidement (sans doute trop rapidement parfois) des événements qui s’étendent de manière bien plus longue dans la série, en sacrifiant un certain nombre d’éléments significatifs - par nécessairement pour l’intrigue, mais plutôt pour la caractérisation des personnages (il y a d'ailleurs un antagoniste que l'on voit plusieurs fois, mais dont le combat final contre Amuro n'est pas montré dans le film). Pour qui dispose suffisamment de temps pour visionner ces 43 épisodes, la série Mobile Suit Gundam reste le point d’entrée idéal à l’Universal Century, ou même à l’univers de Gundam tout court.