De Gundam 0079, vu il y a maintenant pas mal d'années, je ne me souvenais pas de grand chose. A vrai dire, je me souvenais surtout du design des mechas et de Char Aznable. C'est assez intéressant de voir comment les années peuvent totalement changer la perspective sur une oeuvre. Ce qui m'avait frappé, plus jeune, dans 0079, c'était les mechas tous plus cools les uns que les autres et, bien évidemment, le Gundam qui réussissait à les vaincre tour à tour, peu importe à quel point l'ennemi progressait technologiquement.
Après avoir revu la série entière, si les designs sont toujours aussi chouettes et que Char est évidemment toujours un des personnages les plus cools jamais créés, ce n'est pourtant pas ce que je retiens le plus de cette quarantaine d'épisodes. Ce que j'ai trouvé vraiment incroyable dans cette première série Gundam, au-delà du fait qu'elle a imposé un genre nouveau à elle seule, c'est à quel point cet univers est bien écrit et intéressant. Dès le premier épisode, celui-ci paraît tellement cohérent et crédible qu'on pourrait le penser réel. J'aime tout particulièrement le choix de perspective qui est fait : si l'équipage de la White Base est rattaché à la Fédération, il reste un outsider pendant toute la durée de la série. Ceci permet de décrire le conflit Fédération/Zeon en évitant des banalités "gentils vs méchants" ; tous les points de vue sont adoptés et des personnages de chaque camp (que ce soit les deux en guerre, ou bien ceux en dehors du conflit) sont développés. Même parmi Zeon, qui est donc le "camp des méchants", on retrouve plusieurs niveaux : il y a bien évidemment Char, indépendant au possible et à la poursuite de ses propres objectifs, et la famille Zabi, véritables dictateurs uniquement en quête de pouvoir, mais aussi toute une palette de personnages aux objectifs et intentions différentes, permettant d'aller au-delà d'un simple "Zeon = Hitler = méchants à vaincre". D'ailleurs, leur cause semble plutôt juste au début, les habitants de l'espace voulant se séparer d'un gouvernement rattaché à la Terre qui ne les prend que trop peu en compte. Tout est merveilleusement bien pensé et offre un cadre et un contexte parfaits pour l'histoire racontée, paraissant assez naturelle, ce qui est assez étonnant en considérant l'époque de création ou le thème même de cet univers.
Pourtant, Gundam 0079 est indéniablement ancré dans les années 70-80, il ne suffit que d'entendre les premières secondes de l'opening pour s'en convaincre. En 2016, cela se matérialise par un vieillissement parfois gênant : si l'animation s'en tire encore plutôt pas mal, elle montre énormément son âge, et la réutilisation de plans est parfois plutôt comique et déroutante. Cela se voit aussi dans l'écriture des personnages, à la fois typique de son époque mais aussi assez étonnante par moments : ça enchaîne sans transitions des moments de sexisme, d'une violence assez troublante (sur des enfants notamment, mais aussi cette obsession étrange pour les claques qui volent à tout va) mais aussi une certaine ouverture d'esprit. L'écriture des personnage est quand même bien étrange et m'a surpris tout au long, vacillant entre des personnages géniaux (Char !) et des personnages parfois incohérents et irréguliers, notamment les romances qui sortent de nulle part (et servant généralement à introduire la mort d'un personnage...).
Néanmoins, j'ai assez rapidement appris à aimer (ou détester) tout cet éventail de personnages. Si le Gundam fait la tête d'affiche de la série, celle-ci est sans conteste un voyage humain avant tout. Les différents mobile suits ne servent que de prétexte et d'outils à des batailles plus psychologiques que physiques. Ainsi, Amuro et son Gundam ont beau avoir un net avantage technologique sur tous les ennemis, ceci est sans cesse contrebalancé par l'instabilité mentale d'Amuro et les humains qu'il affronte, que ce soit à cause de leur propre expérience ou des relations qu'ils forment avec lui. Si l'écriture des personnages était pour moi un défaut pendant une bonne partie de mon visionnage, c'est avec un peu de recul que j'ai compris que mon problème n'était pas avec l'écriture mais avec les personnages eux-mêmes. Ils sont tous profondément imparfaits et nuancés, surtout lorsque l'on ne s'y attend pas spécialement.
Gundam 0079 n'est pas non plus exempt de défauts. En plus des défauts techniques dus à son âge, il y a des problèmes assez évidents de rythme. Les différents épisodes se suivent tout en étant globalement assez indépendants, avec une certaine répétitivité. On retrouve à chaque fois quelques variations d'une même situation avec un ennemi lançant une attaque surprenante sur la White Base, puis Amuro et le reste de l'équipage arrivant à s'en sortir au dernier moment, les ennemis étant obligés de fuir et de repenser leurs plans. Cette répétitivité joue cependant parfaitement dans les thèmes traités par la série, notamment celui d'une guerre qui ne finit pas malgré les tentatives de chaque camp d'en finir une fois pour toute.
Si 0079 montre son âge, celui-ci sert aussi à montrer à quel point la série est intemporelle et novatrice, même près d'une quarantaine d'années plus tard. C'est pour moi un voyage assez incroyable bien qu'irrégulier en terme de qualité, culminant dans ses derniers épisodes qui partent dans un délire assez étrange mais non moins génial. On passe assez vite au-delà des limites techniques de la série pour se concentrer sur ce qui y est intéressant : cet univers merveilleux qui continue d'être la base et référence d'une pléthore d'autres d'histoires après toutes ces années.