After Colony 195 : depuis bientôt deux siècles, l'Humanité a colonisé le proche espace et l'orbite est devenu la banlieue de la Terre où vivent des milliards de gens réfugiés des guerres sanglantes qui ont dévasté la planète-mère. Le Gouvernement du Monde Uni qui a fini par émerger de cette apocalypse a imposé par la force une nouvelle ère de paix. Mais le temps des représailles est venu, et les cinq principales colonies lancent l'Opération Météore : de jeunes pilotes très doués vont sur Terre mener la guérilla contre le nouvel oppresseur. Ils ignorent que la guerre qui s'ensuivra plongera la sphère humaine dans le chaos et changera pour toujours le cours de l'Histoire...
Définitivement la série Gundam la plus faiblarde que j'ai vue, et cet avis est unanime chez la plupart des connaisseurs de la franchise. Peut éventuellement entrer en considération le souhait de Bandai de toucher à travers ce projet une audience plus féminine que les autres productions Gundam : ceci explique une bonne partie des designs des personnages (qui frôlent le style yaoi) et les relations psychologiques souvent très complexes qui lient les divers protagonistes de la série. L'aspect shônen, lui, est toujours présent à travers les nombreux combats et autres scènes d'action qui parsèment l'histoire – au moins une par épisode en moyenne. Juxtaposer ainsi les éléments propres aux shôjos à ceux des shônens devrait normalement mener à une œuvre majeure, ou tout au moins « complète » dans le sens où elle a le potentiel de ravir tous les publics, mais il est bien connu que vouloir plaire à tout le monde reste encore le meilleur moyen de se tromper. À ce niveau, Gundam Wing est un succès complet : c'est une belle merde...
Pour une série Gundam en tous cas. Il faut bien l'avouer, même si on retrouve les divers éléments qui ont fait le succès tant public que critique de la franchise, Gundam Wing se plante misérablement sur le cocktail lui-même au lieu de sa recette. En gros, chaque épisode se compose de trois éléments : complots, dialogues à rallonge et scène(s) d'action – mélangés dans toutes les combinaisons possibles. Ce n'est pas inintéressant mais au final on ne comprend plus rien à ce qu'il se passe lorsqu'on ne voit la série qu'une fois : je mets quiconque au défi de se rappeler les événements de six ou sept épisodes auparavant tant il y a de magouilles, de rebondissements et de divagations sur les tenants et les aboutissants de la guerre. On retiendra néanmoins quelques idées – sommaires – sur les rapports étroits liant la guerre à la paix et la nécessité de la première pour préserver la seconde – même si un tel paradoxe méritait bien sûr des précisions hélas absentes. C'est à peu prés le seul intérêt de la série.
Quand on sait que la série Gundam la plus adulée encore à ce jour, Zeta Gundam, souffre de défauts semblables, l'expérience et l'inspiration de son réalisateur faisant néanmoins toute la différence, on se dit que Gundam Wing a tenté de suivre un sentier semblable. L'intention est louable mais le résultat particulièrement soporifique. En fait, la « recette Z Gundam » a été ici poussée dans de tels retranchements narratifs que la complexité du récit et la surabondance d'événements font que ça ne ressemble plus à rien au final ; de sorte que dés la conclusion du premier épisode, déjà, on se demande ce qu'on fait là – d'ailleurs, j'avais beau être prévenu que c'était vraiment raté, j'ai tout de même été surpris que ça le soit à ce point...
Au moins ça a de l'allure. Niveau designs, il y a du travail : les personnages, les costumes, les machines, les environnements,... tous reflètent l'immense savoir-faire de Sunrise. L'animation aussi est d'assez bonne facture pour un projet de cette envergure mais sans toutefois surprendre. Quant aux personnages, s'ils ne sont pas vraiment manichéens, ni même simplistes, ils souffrent hélas d'un peu trop de présence : les purs méchants ne survivant pas en général à l'épisode où ils apparaissent, il ne reste que les gentils qui, eux, sont tellement nobles, généreux, chevaleresques, et j'en passe, qu'ils en frisent la caricature pure et simple.
Il faut malgré tout admettre que ça présente une certaine classe sans être vraiment gnan-gnan et que l'orientation action reste sans réelle gratuité, de sorte qu'il y a en effet de quoi plaire aux spectateurs des deux sexes : pourvu qu'ils soient entre 15 et 20 ans à peu prés, les garçons comme les filles ou, encore mieux, les couples apprécieront certainement le spectacle. Si vous êtes dans un quelconque autre cas ou tout simplement fan d'animes de qualité, voire du Gundam original, vous pouvez passer votre chemin.
Notes :
New Mobile Report Gundam Wing est le second des trois univers Gundam alternatifs créés par un groupe de nouveaux-venus commissionnés par Sunrise afin de commémorer le 15éme anniversaire de la franchise. Mobile Fighter G Gundam et After War Gundam X sont les deux autres. Par la suite, d'autres univers alternatifs furent ajoutés, tels que Turn A Gundam ou Gundam Seed, et plus récemment encore Gundam 00.
La réalisation de cette série connut des difficultés suite au départ subit de son réalisateur, Masashi Ikeda, au beau milieu de la production ; il fut remplacé par Shinji Takamatsu qui réalisa aussi la série Gundam suivante, After War Gundam X. Compte tenu de ces circonstances pour le moins inhabituelles, les crédits de la série ne mentionnent pas ce changement de personnel.
Certains personnages sont nommés d'après des nombres : Une d'après le français, Zechs d'après l'allemand sechs qui correspond à six, Milliardo d'après l'italien milliardo qui signifie milliard, etc ; le nom d'Heero Yuy vient du japonais hitotsu, un, et yuitsu, seulement. D'autres personnages majeurs portent des noms de nombres ou de mots liés à des nombres.