Moi, Claude Empereur revient de manière romancée sur la vie des Julio-Claudien, d'Auguste à Claude principalement, par le prisme de ce dernier qui naquit puis grandit durant le règne d'Auguste et évolua sous Tibère & Caligula.
Romancée certes mais pas n'importe comment, l'idée reste de reprendre les thèses de certains auteurs antiques et de prendre le pire de celles-ci, ce qui donne beaucoup de complots, peu de morts naturelles (voire pas du tout) et énormément de manipulation. Le but n'est pas du tout d'avoir une vérité absolue sur cette période, mais de partir avec des pré-requis (nécessaires, je pense) et de suivre une vision de l'histoire qui prendrait les théories les plus violentes, ce qui n'empêche pas d'y trouver, parfois et sûrement, un fond de vérité !
La principale qualité de la série se trouve ici, en treize épisodes d'un peu moins d'une heure, on se retrouve plongé dans un peu plus d'un demi siècle d'histoire, dans le début d'un empire au sein d'une famille si particulière. Et tout le long, on va découvrir cette famille, des patriarches Auguste et Livie jusqu'à Claude et Caligula, en apercevant un peu Néron. Une famille qui va se distinguer en deux, ceux qui sont sains d'esprit quitte à être aveugles (peu, Auguste & Claude surtout) et les fous ou du moins ceux qui vont tuer, comploter etc
On nage dans la folie, et régulièrement un nouveau personnage va apparaître pour complexifier tout ça, ou du moins apporter un grain de folie ou simplement de sang, à l'image de Séjanus (Patrick Stewart avec des cheveux, ça m'a surpris) ou Caligula qui apparaît tardivement dans la série, mais quelle apparition ! Le juvénile John Hurt ne se fait pas prier pour de grandes joutes verbales et de l'outrance à tout va !!
Il y a l'impression d'une grande scène de théâtre, chaque personnage ou presque avance masqué, Claude et Livie sont passionnants pour ça, entre ce qu'on sait d'eux et la façon dont ils s'exposent, c'est le jour et la nuit. L'une, fourbe et ambitieuse qui se fait passer pour compréhensive et amicale, et l'autre, intellectuel et lucide se faisant passer pour un peu débile.
Au final, tout fonctionne, on pourrait détailler pendant des heures, mais la réussite de la série tient sur les épaules d'une écriture efficace, qui évite d'être trop complexe malgré beaucoup d'informations à retenir d'un épisode à l'autre et qui fait bien évoluer les personnages, c'est cohérent et les ellipses sont bien gérées. Il y a bien quelques trous, des personnages qui changent ou disparaissent trop vite, mais rien de bien méchant. L'aspect théâtre est omniprésent et ça fonctionne car les dialogues sont pertinents et bien récités, il y a une alchimie entre les personnages et les auteurs n'hésitent pas à jouer la carte de la surenchère, ici maîtrisée et dynamisant le récit.
L'atmosphère de complot est omniprésente, on sait très bien que chaque personnage a une épée de Damoclès au dessus de la tête, on se demande (ou on sait déjà) qui sera prêt à l'actionner. Tout cela s'inscrit dans des décors simples, fidèles à l'image que l'on peut avoir de la puissance romaine à cette époque, et avec une bande originale sobre mais marquante (surtout le générique). Le fond est intéressant, exagéré évidemment, et faussé à bien des reprises, mais donne une idée de comment cela marchait si on ne retenait que le pire de la propagande impériale du IIème siècle (notamment).
Enfin, ce fond est aussi intéressant à mettre en perspective avec la politique moderne, les complots, la quête du pouvoir, et des analogies peuvent se faire facilement. Dire que l'humain a changé dans le fond serait faux, les méthodes évoluent, mais au fond il n'y a pas une grande différence.
Une grande série, très écrite, aux allures de théâtre filmé, et passionnante, elle a conscience de ses excès et joue de ça, avec une direction d'acteur extraordinaire, des jeux de complots, des masques qui tombent et une idée de ce que serait l'empire romain si on ne retenait que le pire de la propagande.
Ha, et merci Ugly, à qui je dois la découverte de cette série qui m'était inconnue jusque-là.