Pourquoi ?
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Sans doute que tout a déjà été dit au sujet de la série Mon Petit Renne, sur ce site comme ailleurs.
Sans doute l'avez-vous aimée et l'avez fait découvrir à vos proches, participant ainsi au nouveau succès édifiant d'une plate-forme de streaming pourtant seulement bonne, à en croire l'avis prémâché communément partagé, à vous bourrer le crâne de « contenus » des plus indigents et plombés par un cahier des charges tendant vers une dangereuse stérilisation culturelle.
Permettez-moi, pour ma part, de ne pas totalement adhérer à cet engouement.
Pourtant, les trois premiers épisodes de Mon Petit Renne suscitent une adhésion immédiate, tant l'auscultation des rouages du harcèlement sont décrits avec punch et précision. Et puis, c'est Martha qui emporte le morceau, à elle toute seule. Grâce à elle, c'est la formidable Jessica Gunning qui s'impose comme la découverte de cette série et son élément moteur. Campant un personnage fantasque et curieux, qui balance entre la sympathie et la bienveillance, entre le pathétique et la menace dérangeante. Elle incarne à la fois la souffrance, l'isolement, le vide et une certaine forme de folie de plus en plus inquiétante à mesure que la série avance.
Et l'on se dit que sept épisodes durant, l'on sera amené à suivre cet étrange duo, à voyager aux confins de cette relation toxique épousant dans sa dernière ligne droite de légers accents de thriller. Que l'on se demandera jusqu'où ira cette obsession prenant sa source dans la vie de son auteur et acteur principal.
Sauf que dès le quatrième segment, Mon Petit Renne dévie subitement de ses rails pour abandonner son diamant noir et recentrer les débats sur son supposé héros. Dans un déballage de l'intime qui a mis le masqué mal à l'aise. Pas qu'il soit bégueule, Behind, mais cette volonté de victimisation hors-sujet ne l'a jamais touché. D'autant plus que Donny, il ne lui a jamais permis de ressentir une quelconque empathie, contrairement à certains aspects de la personnalité de Martha.
Et il faut avouer que dès lors, devant le catalogue des névroses de Richard Gadd étalées sans aucune retenue ni pudeur, le masqué a furieusement pensé à la souffrance endurée devant la thérapie similaire entamée par Guillaume Gallienne, sondant son nombril sur grand écran, à l'oeil, via son film Les Garçons et Guillaume, à Table ! …
Qui lui avait laissé un très mauvais souvenir.
Dès lors, Mon Petit Renne ne renouera plus jamais avec l'intérêt fulgurant des débuts, passant en courant alternatif jusqu'à la fin de l'entreprise, qui ne cessera de faire succéder les moments de grâce et de sincérité et ceux, pas du tout nécessaires, de grands déballages de la vie privée caractérisés par une surenchère et une personnalisation du propos qui desservent finalement la série, reniant peu à peu ses promesses initiales. Celles d'une fable à portée universelle, ou d'un fulgurant coup de poing au plexus, pour privilégier un monologue à la première personne du singulier perdant peu à peu de son impact.
Venant rappeler que le moi, moi-même et je, cela n'a jamais été la tasse de thé du masqué...
Behind_the_Mask, harceleur en mode mineur.
Créée
le 17 mai 2024
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