Mon petit renne
7.4
Mon petit renne

Série Netflix (2024)

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Une mini-série addictive présentée comme un "drame personnel" qui a tout d'un thriller traditionnel. Ce qui fait l'originalité de la série tient sans doute dans l'introspection que le narrateur fait de son histoire. A partir de l'épisode quatre le récit connait un véritable rebondissement avec l'introduction d'un sujet rarement évoqué en société et sur les écrans, petits ou grands, qui va venir se superposer et répondre en échos au thème principal du harcèlement : le viol au masculin.

Avec authenticité et non sans un certain courage, Richard Gadd, qui avait déjà exorcisé ses traumas dans un one-man show pour les planches du théâtre, raconte l’ambivalence de la relation qui l’a lié à son agresseur et les conséquences que cela a eu sur sa vie affective et sexuelle. S'il prend une revanche certaine sur son histoire, en la livrant au public le comédien et humoriste offre surtout des pistes de réflexions critiques sur la définition d'un viol en mettant en évidence notamment le rapport de domination qu'il y avait entre lui et son violeur et démontrant par la même occasion que céder ce n'est pas consentir. De quoi interroger notre législation qui non seulement n'a même pas intégrer la notion de consentement dans la loi mais en plus ne reconnaît le viol que lorsqu'il y a eu menace, surprise, violence ou contrainte sans en avoir définit aucun des termes laissant au législateur toute liberté d'interprétation.

Pour jouer le rôle de Tery, sa petite amie, Richard Gadd invite, là aussi, à sortir des représentations généralement véhiculées, notamment au cinéma, quand il est question de transidentité. L'actrice transgenre, Nava Mau, à l'instar de son personnage sait ce qu'elle veut et s'assume pleinement.

Enfin, comme Kathy Bates oscillait entre douceur et tyrannie dans "Misery", Martha, interprétée par l'incroyable et formidable Jessica Gunning, est dans sa folie tout simplement effrayante d’ambiguïté. Tout comme l'est d'ailleurs sa relation avec son "petit renne" faite d'attirance et de rejet, de peur, de complicité et de haine mutuelles.

Pas sûr qu’après avoir vu la série vous offriez une tasse de thé à un(e) inconnu(e) sans y réfléchir à deux fois. Passionnant, édifiant, fascinant et terrifiant.

Oxalide
8
Écrit par

Créée

le 15 avr. 2024

Critique lue 1.1K fois

9 j'aime

Oxalide

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