Critique de "Mon petit renne"

Résumé

Des thématiques pertinentes mais un traitement trop autocentré et dont la conclusion laisse un goût très amer.

Détails (et spoilers)

Le fait de parler des violences sexuelles et de leurs conséquences avait un intérêt évident. Et la manière dont une situation d'emprise est examinée à l'aune du passé de Donny Dunn/Richard Gadd permet de mieux comprendre la raison d'être de cette série. Car si les premiers épisodes finissent par lasser, l'épisode 4 apporte des éléments qui bouleversent notre interprétation sur ce que l'on vient de regarder.

Néanmoins, les sept épisodes demeurent centrés sur les violences et humiliations subies, et parfois infligées, par Donny/Richard, sans que l'on vienne toujours problématiser les raisons à cela. Le fait d'insister sur les différents niveaux de malaise - sa carrière d'humoriste minable, l'emprise de Marta, le traumatisme du viol - agit probablement comme un exutoire pour le réalisateur, mais l'intérêt pour l'audience n'est pas toujours manifeste.

Par ailleurs, c'est une série très difficile à regarder, qui ne connait pas vraiment de moments légers, mais qui pour autant, n'informe pas suffisamment sur les causes de cette situation. En effet, il manque des passages sur l'enfance, les parents, etc. Je comprends qu'il soit difficile de parler des autres quand la série se focalise sur une expérience personnelle, mais la dureté de la série est bien souvent due à des choix autocentrés plus qu'à un intérêt politique et scénaristique.

Enfin, si le bilan est donc mitigé mais plutôt positif avant d'entamer le dernier épisode, il s'avère bien plus négatif une fois la série terminée. Je ne comprends pas comment il est possible de montrer une scène de retour chez son violeur sans que cela soit disséqué par la suite. La conclusion de la série confirme donc que nous avons assisté à une sorte de thérapie d'un réalisateur un peu trop centré sur lui pour nous offrir suffisamment de clés pour déconstruire les mécanismes qu'il nous expose.

5.75/10