Hier, j’ai fini Monster l’animé (je précise que je n’ai pas lu le manga) et je pense sincèrement avoir vu un chef d’œuvre.
Le pitch est souvent présenté en résumant les 3 premiers épisodes de l’animé (qui en contient 74, quand même !), seulement il se passe tellement de choses dans ces épisodes que les rebondissements amenant progressivement à l’élément déclencheur constituent déjà un spoil potentiel à mes yeux. En effet, je ne regrette vraiment pas de m’être lancé dans l’aventure Monster en ne sachant rien du tout à part son genre : thriller/policier.
La situation initiale est la suivante :
Düsseldorf, Allemagne, 1986,
Notre personnage principal s’avère être un jeune neurochirurgien très doué, certainement le meilleur de toute l’Allemagne, et promis à un grand avenir, nommé Kenzo Tenma. Un jour, il pratique une opération délicate et sauve la vie d’un homme. Seulement, il s’aperçoit vite qu’il a été manipulé par ses supérieurs car il aurait normalement dû opérer un travailleur turc arrivé plus tôt à l’hôpital, donc naturellement prioritaire par rapport à l’homme qu’il a soigné. Le fait est que, selon ses supérieurs, comme l’homme sauvé est un grand chanteur d’opéra, sa vie était prioritaire sur celle du simple turc, qui décède donc. Tenma est profondément meurtri, se sentant responsable de la mort de cet homme.
Le lendemain, en pleine nuit, il doit opérer d’urgence un petit garçon qui a pris une balle dans la tête. Mais au moment de commencer l’opération, son directeur l’informe que le maire en personne a eu un grave accident et lui ordonne de le prendre en charge immédiatement. Refusant de commettre deux fois la même erreur, Tenma décide de suivre l’ordre des arrivées des patients et soigne quand même le gamin, car selon lui aucune vie ne prime sur une autre, elles ont toutes la même valeur.
Voilà en gros le premier épisode résumé. Mais, comme évoqué plus haut, les quelques épisodes suivants procurent plusieurs rebondissements initiant idéalement un thriller policier haletant qui nous fera courir d’un bout à l’autre de l’Allemagne (et plus si affinité) à la recherche d’indices afin de résoudre le mystère du fameux « Monster ».
Cet animé est un chef d’œuvre, incontestablement ! Il adapte à la perfection un manga tout aussi fascinant écrit par Naoki Urasawa. Les amateurs de Seinens le reconnaîtront certainement. Quant à l’animé, il est réalisé par Masayuki Kojima, qui a fait entre autre Piano Forest (2007). Cependant, selon moi, un nom et un seul suffit à comprendre que cet animé promet d’être mature, sombre et sans concessions, et ce nom est celui du studio d’animation et de production Madhouse ! Et Madhouse = Death Note, Black Lagoon, Parasyte, mais surtout TOUTE LA FILMOGRAPHIE DE SATOSHI KON ! C’est-à-dire Paranoïa Agent, Perfect Blue, Millennium Actress, Toky Godfathers et Paprika. Ça fait peut être un peu « liste de course » balancé comme ça, mais comme je le dis souvent, Satoshi Kon est un réalisateur qui a permis à l’animation de rivaliser avec les plus grands films mindfuck/thriller/mystère/horreur de l’histoire. Il a prouvé que l’animation sait aussi être mature sombre et réaliste, proposant des intrigues complexes et des personnages tourmentés.
C’est exactement ce que fait Monster ! Il est sombre, réaliste, mature et sans concessions ! Cependant, contrairement à Satoshi Kon, ici le but n’est clairement pas de faire un récit labyrinthique mêlant rêve et réalité par exemple, non, Monster est un thriller policier linéaire dont la richesse de l’intrigue, mais surtout le soin apporté à l’écriture des personnages et du scénario suffisent à passionner le spectateur.
L’animé fait 74 épisodes. C’est le plus long que j’ai pu voir pour l’instant, dépassant largement le standard actuel de 24 ou 12 épisodes des animés japonais. Le rythme est plutôt lent, comparé au rythme effréné de la plupart des Shonens populaires. L’intrigue est d’une richesse impressionnante et prend toujours le temps d’introduire les nouveaux personnages et de développer leur personnalité. C’est la plus grande force de Monster selon moi, au-delà de l’écriture de l’histoire, c’est le côté profondément humain, imparfait, et sensible de chaque personnage qui est vraiment touchant et unique dans cet animé.
Unique, oui c’est vrai cet animé est unique en son genre. Ils sont rares les animés encrés à ce point dans la réalité, avec aucun élément fantastique, ou de l’ordre de la Science-fiction. De même, tous les « gimmics » visuels propres aux mangas sont quasiment absents, à un tel point qu’on a l’impression de regarder une série policière telle un savoureux mélange entre The Wire et Twin Peaks.
L’animation est très belle, là aussi la palette de couleur demeure assez pâle, accentuant le réalisme et l’ambiance froide et mystérieuse du récit. Mais par-dessus tout, c’est la musique qui contribue le plus à installer ce sentiment d’angoisse, de doute et de peur dès qu’elle en a l’occasion.
Enfin, cerise sur le gâteau, si les personnages sont toujours tous très touchants, il y en a un qui sort du lot et qui, par son charisme mortifère, nous mystifie à chaque apparition. Je parle bien-sûr du fameux « Monster », le grand méchant de cet animé, qui est le plus grand serial killer de tous les temps, et je pèse mes mots ! Au même titre qu’un Hannibal Lecter, ou que le tueur de Seven, ce personnage nous glace le sang ! Il n’y a pas de grande œuvre sans grand antagoniste. Cet animé en est la preuve la plus flagrante, car c’est ce personnage qui permet de le hisser au rang de chef d’œuvre inoubliable de l’animation !