Série froide à souhait

Je redoutais de voir la série tomber dans l'admiration ou l’empathie pour le serial killer : Ryan Murphy réussit à éviter ce piège et nous donne un récit froid et déchirant à l’image de son protagoniste Jeffrey Dahmer.

Le choix du flashback est le bon, cela coupe la narration et on évite ainsi d’accompagner le tueur dans son évolution vers des actes de plus en plus gores. On ne voit aucun meurtre directement, mais tout est là pour nous laisser dans l’appréhension, la peur et le dégout : les rythmes cardiaques, la musique qui donne de l’intensité aux scènes…

Les éléments et objets récurrents des scènes comme ce baril d’acide nous rappellent à l’ordre : Jeffrey Dahmer est un monstre.

Son enfance est racontée peut-être un peu trop en longueur, mais on comprend directement le fatalisme et déterminisme qui agit ici : Jeffrey Dahmer est né et a grandi avec tous les éléments qui feraient de lui un être dérangé, chose qu’il n’acceptera jamais.

La tension des victimes est transparente pour le spectateur, on arrive presque à sentir l’odeur des corps en décomposition. L’odorat est une thématique récurrente dans la série. J’ai grimacé de dégoût pour une odeur que je sentais même pas !

J’adore la place donnée aux victimes collatérales et aux familles, la série nous permet de vivre avec eux leur douleur et la sidération devant l’admiration des gens pour Jeffrey ou la passivité de la police.

Le rythme est assez soutenu. On nous accorde quand même une petite pause lors de sa seule relation amoureuse explicite qui donne presque de l’espoir. Rapidement la réalité refait surface, on regarde bien l’histoire d’un des tueurs en série les plus meurtriers et incapable d’empathie aucune.

Evans Peters nous régale avec son interprétation froide presque lunaire et parfois innocente du cannibale de Milwaukee. Il incarne avec brio le vortex, le vide au fond des yeux de Jeffrey.

Série plutôt réussie qui laisse un goût très amer, c’est presque effrayant.