Dans la lignée de Dahmer pour ce qui est d’épouser le point de vue des tueurs et des victimes, de remonter aux origines du mal etc, mais tout de même ici bien mieux construit, où la saison 1 faisait d’un épisode un meurtre, ici on évacue la tuerie quasi d’entrée pour composer avec une mécanique psychologique et se faire notre propre opinion quant à la responsabilité d’un crime, qui va d’ailleurs évoluer par la force des choses.
Surtout que je ne connaissais pas du tout cette affaire Menendez, où l’on débute par l’incompréhension de frères tuant leurs parents de sang froid au fusil de chasse dans leur maison luxueuse de Beverly Hills, sordide histoire d’héritage ? Sans doute. Puis la suite nous présente le père comme un type ultra autoritaire qui abuse sexuellement de ses fils et d’une mère qui laisse faire, donc qu’il y aurait des circonstances atténuantes, du coup on se range naturellement derrière Lyle et Erik (avec notamment un surprenant épisode 5 en long plan séquence fixe de témoignage hyper scotchant), et la série ne va pas en rester là et se jouer de nos propres jugements en apportant des rebondissements improbables, pour mettre ainsi à mal l’idée reçue du déterminisme social.
Et avec un peu de recul le seul défaut de la saison est de pousser la partie romancée des parents pour prendre le spectateur par la main afin de les nommer comme responsables indirects, sans qu’on ne sache d’où provient ce storytelling, bien qu’heureusement contrebalancé par le personnage de Dominick Dunne, sorte de figure du libre arbitre, puis jusque dans la plaidoirie du procureur ou les délibérations des jurés au tribunal. Et même la toute dernière scène du final semble de trop pour appuyer ce qu’on avait déjà compris dans la démonstration.
Ryan Murphy retrouve avec Monsters l’intensité de American Crime Story sur O.J. Simpson, à savoir un rythme dingue et une mise en scène n’ayant rien à envier au cinéma, où les 8-9h de show filent à toute allure, le casting est d’ailleurs d'un très bon niveau, notamment l'impressionnant Javier Bardem, et se permet même de faire des ponts avec ses séries précédentes (se déroulant plus ou moins à la même période). Et autant l’horreur de Dahmer se propageait par l’image brute de vignettes d’un serial-killer que celle de Monsters s’infiltre dans un mécanisme complexe rempli à la fois de certitudes et de non-dits, et nul doute que la terre du "history of violence" a encore quelques chapitres sériels à nous offrir à l’avenir, et de cette qualité franchement on en redemande.
7,5/10