Avec Monsters, Ryan Murphy réussit-il à captiver ? Pas tout à fait. La série propose un divertissement solide et une ambiance visuelle soignée, mais tombe comme d'ordinaire dans le piège de la lenteur et de la répétition. En jouant avec les éléments factuels, Murphy brouille les frontières entre fiction et réalité, ce qui affecte parfois le rythme et l'authenticité. Les frères Menendez, personnages principaux, n'ont d’ailleurs pas hésité à critiquer cette version de leur histoire, la jugeant peu fidèle et parfois réductrice. Les spectateurs les plus avertis noteront l'habituelle tendance de Murphy à sexualiser ses personnages, une approche qui, ici, privilégie ses fantasmes au détriment des faits, en romançant des événements factuellement incorrects.
Nicholas Alexander Chavez se distingue par son interprétation de Lyle : un personnage à la fois protecteur, drôle et narcissique, capable de jouer l'imbécile tout autant que le manipulateur. Cooper Koch, pour sa part, livre une interprétation d'Erik touchante mais parfois trop humaine, ce qui atténue certaines facettes plus sombres du personnage. Si Chavez brille dans ce rôle démesuré, Koch semble parfois limité par la complexité de son personnage, dont la sensibilité semble un peu trop prédominante.
Les deux premiers épisodes se regardent d’une traite, mais la suite peine à avancer. De nombreux monologues dérangeants se répètent, alourdissant l’intrigue, et créent une sensation de déjà-vu qui devient un peu fatigante. Le rythme est inégal, et certains épisodes manquent cruellement de dynamisme.
Visuellement, c’est plutôt agréable. Des costumes et des décors maîtrisés, une constante dans le travail de Murphy. La palette de couleurs, avec ses teintes ensoleillées, renforce l’atmosphère des années 80 et capture l’esprit de la jeunesse dorée de Beverly Hills. La garde-robe des frères Menendez, semble soigneusement choisie pour accentuer leur côté ostentatoire. Javier Bardem incarne à la perfection le psychopathe froid et manipulateur, jouant habilement sur les faux-semblants et apportant une profondeur glaçante à son rôle. À l'inverse, Chloë Sevigny, malgré ses efforts pour incarner une mère esseulée et désabusée, reste un peu trop effacée et ne parvient pas à s'imposer face à son partenaire.
La série réussit néanmoins à semer un doute constant sur les frères, ce qui semble être l’objectif principal de Murphy. En fin de compte, les spectateurs ressortent avec des sentiments partagés : tantôt du mépris, tantôt de l'empathie, mais surtout une impression de scepticisme qui persiste tout au long de la saison.
Si le doute est un atout, il est difficile de saisir le fil conducteur, surtout par rapport à la saison 1, où cette même incertitude était exclue. Bref, malgré des choix narratifs et esthétiques intéressants, la série manque de cohérence dans son ton et son rythme. Si certains apprécieront l’approche déroutante et ambiguë, d’autres risquent de se perdre, notamment si on compare cette saison à la tension plus claire et plus directe de la première. Cette saison oscille entre un ton judiciaire et un thriller psychologique, comme si Murphy avait confondu American Crime Story et Monsters.