Du girl power bien foutu pour changer

Il s'agit d'une série américaine créée par Eliot Laurence comprenant 3 saisons de 10 épisodes chacune.

On nous raconte les épopées de trois jeunes sorcières entrant à l'académie militaire dans une uchronie fantastique. Ouais je sais ça fait très truc d'ado comme ça, et quelque part ça l'est un peu, mais il y a autre chose... Si ca peut vous aiguiller, une certaine Amanda Tapping est créditée en tant que productrice exécutive (Stargate SG-1 ou les voyageurs du temps dont j'ai déjà parlé).

Bon on est pas sur l'évènement de la décennie, c'est clair, mais il y a tout de même plusieurs pistes très intéressantes dans Motherland. Tout d'abord parlons de cette uchronie.

En 1700 à Salem, une sorcière du nom de Sarah Alder fait un pacte avec le gouvernement des Etats-Unis pour mettre fin à la persécution en échange de la création d'un corps militaire de sorcières rattaché à l'armée. On nous présente ensuite un univers "contemporain" (dur d'être précis à ce niveau, on a l'impression d'être en 2020 mais où la technologie n'a pas eu le même essor que chez nous), une société qu'on peut considérer comme matriarcale. Bien que l'on s'éloigne assez peu du monde des sorcières, la majorité des gens d'influence qui nous sont présenté sont des femmes. C'est une femme à la maison blanche, une femme à la tête de l'armée, et même dans les foyers les hommes sont mis en retrait. C'est encore plus le cas chez les sorcières puisque, même s'il existent des hommes dotés de pouvoirs, seules les femmes peuvent transmettre le don à leur descendance.

On va donc suivre un trio, plutôt bien foutu, qui rappelle de prime abord celui des Totally Spies (la rouquine sage et bosseuse, la blonde un peu rebelle et la brune au teint mat sérieuse et bagarreuse). Cela dit très vite les personnages s'épaississent et gagnent en complexité, s'extirpant des carcans stéréotypé habituels. Et c'est principalement le cas parce que les membres du trio évoluent au fur et à mesure que leur vision du monde évolue, refaçonnant leurs certitudes. Il y a une claire cassure entre le moment où les jeunes recrues entrent à l'académie, bercées d'illusions patriotiques, et le moment où les horreurs de la guerre s'imposent à elles. C'est assez bien fait d'ailleurs, la série ménageant largement les effets marquants pour les moments où ils doivent l'être, et ça reste vrai pour les 3 saisons, ne banalisant pas l'horreur et la violence une fois le cap franchi, ce qui est presque une réussite en soit.

Il y a aussi tout le concept de la sorcellerie qui sort un peu de l'ordinaire. Exit baguettes, grimoires et autres potions, la base du pouvoir des sorcières est vocal. Elles créent des vibrations spéciales pouvant repousser les objets, percer le métal, communiquer à distance ou contrôler l'esprit (et d'autres trucs un peu moins pertinents mais bon fallait bien étoffer un peu). Et bien qu'il y ait un effort de fait sur le sound design qui vient rajouter de l'écho et de la distorsion dans les voix, il faut bien avouer que ça manque de créativité à ce niveau là. Et puis on voit clairement que les actrices se contentent d'ouvrir la bouche. Dommage de ce point de vue donc.

Du reste, le casting s'en sort pas trop mal malgré un légère tendance à surjouer. Mention spéciale pour Jessica Sutton (Tally Craven) et Demetria McKinney (Anacostia Quatermaine) qui sont quand même un cran au dessus, bien qu'aidées par une distribution à leur avantage.

Les scènes d'actions se sont avérées être meilleures que ce à quoi je m'attendais, pas trop mal chorégraphiées sans être charcutées par le montage. Sans être du Watchovski c'est plutôt honorable. Et ça vaut pour l'ensemble de la réalisation aussi. Ca teste des trucs, avec plus ou moins de réussite certes, mais au moins ça cherche à s'adapter à la présence de surnaturel.

Et quant à la partie scénario, c'est plutôt ok dans son ensemble. Les arcs narratifs principaux sont relativement efficaces et je suis assez vite rentré dans le truc. La dynamique au sein du groupe fonctionne bien et les rôles sont assez bien dispatchés. Faut juste mettre de côté la romance qui est franchement mal foutue, surtout dans les premiers épisodes.

Enfin voilà quoi, Motherland : Fort Salem c'est peut être pas une pépite, mais ça reste pas mauvais et j'ai trouvé l'expérience d'une uchronie matrio-centrée plutôt rafraichissante.

Il semblerait que la série soit finie, ce que je lui souhaite vu le final qui a été proposé.

Des bisous