It's happening !

Elliot est un geek puissance dix.
Puissance dix concernant les connaissances en informatique et, par conséquent, les capacités de nuisance en piratage.
Il travaille dans une petite société de sécurité informatique. Et c'est dans le cadre de son travail qu'il est contacté par un groupe de hackers, fsociety. Leur but : détruire une grosse multinationale, E Corp et, par ce biais, asséner un coup important au capitalisme.
Là où Elliot est aussi une caricature de geek, c'est dans son aspect asocial. Pour lui, tout le monde représente un danger, tout le monde a un secret plus ou moins avouable. Et son rôle, en tant qu'expert informatique, est d'aller à la recherche de ces secrets.
Donc, Elliot hacke tout le monde. Toutes ses connaissances pour commencer, jusqu'à son psy (interprétée par Gloria Reuben, que l'on avait vue dans Urgences), et même la fille dont il est amoureux. Et, au passage, il hacke même des célébrités, et n'hésite pas à les dénoncer.
Elliot se veut donc justicier. Son objectif : sauver le monde.

Cette première saison se veut une sorte de version geek de V Pour Vendetta. Les références sont nombreuses et flagrantes, jusque dans les messages télédiffusés. Sauf qu'ici, au lieu d'être le combat contre une dictature politique, c'est le combat contre une dictature économique et financière, les enjeux étant de "libérer les citoyens" en annulant toutes les dettes particulières, entre autres.
Mais la série est plus maligne encore que ça. Alors que le pilote se plaît à présenter Elliot comme un justicier héroïque, la suite va nuancer ces propos. Les liens entre fsociety et E Corp vont être plus flous, plus ambigus, loin de cette opposition franche qu'on nous a laissé croire.
L'exemple de cette ambiguïté réside dans le personnage de Tyrell Wellick (je ne peux m'empêcher de penser que le prénom Tyrell est une référence directe à la Tyrell Corp de Blade Runner). Wellick est un personnage extraordinaire, froid, calculateur, ambitieux. Personnage violent également, aussi bien dans ses rapports avec ses subordonnées que dans sa vie personnelle. Pour lui, la domination ne peut se concevoir que par la violence.

Mr. Robot aime bien destabiliser ses spectateurs. Voir els certitudes s'ébranler progressivement. Faire d'E Corp un ennemi monstrueux, puis le montrer juste après sous un regard humain.
Faire d'Elliot un héros justicier, puis faire découvrir sa folie.
Car là est une des grandes réussites de cette saison. Elliot, génialeent interprété par Rami Maleck, est un cinglé. Un paranoÏaque de premier choix. Et, par ce coup-là, les scénaristes parviennent à nous faire douter de tout ce qui arrive.

Cette première saison, pleine de suspense, très rythmée, est une belle réussite. Les actions s'entremêlent en un réseau dense, comme une toile qui enserre le spectateur.

Pas besoin d'être un grand connaisseur en informatique pour suivre : l'action ne se déroule pas dans les circuits imprimés d'un ordinateur. Il y a peu de vocabulaire spécialisé.
Non, Mr. Robot, c'est du suspense et du drame. Et c'est une des grandes réussites de l'année.