Force est de constater que cette série a réussi à me faire retourner ma veste en cours de route et c'est plutôt rare ! De 3 à 7, l'écart est conséquent et je vais essayer de m'en expliquer.
Contrairement à tout le monde, j'ai trouvé le début super poussif. L'épisode 1 est intrigant mais pas beaucoup plus, le 2 n'apporte pas grand-chose et le 3 fait avancer l'histoire mais est horrible (Coucou le début avec Tyrell !).
Je me sens quand même obligé de dire aux personnes qui me vantent l'originalité de ton et le côté hyper novateur du show que Sam Esmail nous propose un (joli) pot-pourri d'un maximum d’œuvres.
Citons-les sans viser l'exhaustivité : Fight Club (et toute la filmo de Fincher en fait), Dexter, American Psycho, Matrix, V pour vendetta sont pour moi les références évidentes mais il y en a probablement un paquet d'autres. Certains parleront de clins d’œil, moi je préfère parler de pompage un peu éhonté. On a vu bien pire dans le pompage/le clin d'œil mais parler de concept archi-novateur alors même que la série reprend énormément de codes d'autres œuvres sans elle même inventer grand-chose, c'est un peu fort de café.
On m'a aussi vanté la qualité d'écriture de Mr. Robot : au delà de l'aspect pompage, je trouve qu'on nous offre pas mal de personnages caricaturaux ou à la limite du supportable (souvent les deux en même temps, mon capitaine).
Je pardonne plus facilement les facilités scénaristiques qui font avancer l'histoire que cette galerie de personnages ratés. Je pense principalement à Tyrell et à sa femme, à la meilleure amie, aux différents chefs d'Evil Corp (à l'exception du dernier, peut-être) et surtout au dealer. Ils ont tous une raison d'être (et de se comporter ainsi, parfois) mais je pense qu'il y avait d'autres possibilités pour arriver au même résultat.
Par ailleurs, le sous-texte politique et sociétal est lourd et tellement grossier qu'il est difficile à prendre vraiment au sérieux.
J'ai souvent lu ici et là que c'était du Fight Club en plus fin. Je pense exactement le contraire : là où le film de Fincher utilise beaucoup l'humour et n'est au final qu'une oeuvre sur de sales gosses anar' devenus adultes, Mr. Robot se prend au sérieux de la première à la dernière seconde de cette saison 1. Et rien que ça, c'est une grosse différence. Disons que cette différence dans le ton devrait pousser Mr. Robot à être une série plus profonde dans ce qu'elle dénonce.
Mais alors, quelle sont les qualités qui justifient ce joli 7 me direz-vous ?
Il faut déjà commencer par le commencement : Rami Malek/Elliot est absolument génial.
Inégal peut-être mais franchement possédé par son rôle, cet acteur que je ne connaissais que de nom nous offre de grandes performances d'acteur et son physique hors-norme confère aussi une étrangeté à la série, ce qui n'est pas un mal. Il y aurait pas mal de choses à redire sur les incohérences directement liées à son personnage mais je préfère m'attacher à dire à quel point cet antihéros permet à la série de rester à flot.
Aussi la réalisation envoie du très lourd à certains moments. Il faut apprivoiser cet ersatz de mise en scène à la Fincher pour pouvoir enfin apprécier le tout lors des 3/4 derniers épisodes. C'est peut-être la force de la série d'ailleurs que de distiller énormément d'éléments dans l'écriture ou dans la mise en scène qui trouvent leur intérêt bien plus tard.
D'ailleurs, cette progression dans la folie est plutôt bien amenée et les différents rebondissements sont plutôt sympathiques.
En ce qui me concerne, on est très très loin des meilleures séries et j'aurais même du mal à la mettre dans un top 3 de cette année 2015. Mr. Robot m'a en tout cas intrigué et je pense y jeter un oeil lorsque la saison 2 pointera le bout de son nez mais je ne l'attendrai pas avec l'impatience des fans de la première heure.
La chanson que j'écoute en écrivant cette petite critique