Mr Robot s'ouvre sur une scène qui a le mérite d'être assez représentative du ton de la série. On nous parle d'hommes en costumes qui complotent dans une salle de réunion. Ils sont puissants et ils sont tellement mystérieux qu'on les filme en contre-jour. Du coup on comprend très bien qu' Eliot s'inquiète quand il a soudain l'impression que ces types l'ont pris en filature. Il y a une première incohérence d'ailleurs ici mais j'y reviendrais plus tard. Le cadre est donc posé, ça sera du David contre Goliath, le jeune hacker à capuche contre le lobby secret des plus grosses multi-nationales.
On fait ensuite plus ample connaissance avec Eliot, petit futé du code qui travaille au service de sécurité informatique d'une grosse boite. Sauf que Eliot s'ennuie et Eliot est asocial du coup, il n'a aucun scrupule à se servir de ses dons de programmeur pour infiltrer la vie numérique d'a peu près tout le monde, ça comprend les méchants épiciers pédophiles mais aussi les rares proches qui l'entourent. Cette manie du voyeurisme qui relève presque du réflexe est a peu près la seule chose intéressante qui se dégage de notre héros. Eliot n'est ni un mec bon, ni un mec mauvais, il fait ça à défaut d'avoir autre chose à faire et sa solitude en deviendrait presque touchante. Mais au cas où on aurait pas compris la détresse du personnage il faut qu'on nous rabâche sans cesse qu' Eliot est mal dans sa peau. On a alors le droit aux traditionnels clichés d'Eliot qui va chez le psy, Eliot qui n'ose pas aller à une soirée, Eliot qui prend de la drogue et Eliott qui pleure en position fœtale dans un coin sombre de son appartement. Tout ça en un seul épisode.
De la même façon les personnages et l'univers global de la série sont d'un prévisible assez déconcertant. Le scénario comporte sans doute son lot de surprises et de rebondissements la critique ne porte pas là dessus, je n'ai pas eu le courage d'aller suffisamment loin pour le savoir. Il s'agit plus de la façon dont nous est raconté l'histoire, le comportement général des protagonistes qui se plie en permanence à nos attentes sans jamais nous surprendre. Mr Robot essaye constamment de nous imposer son univers sans lui laisser le temps de se développer. Les personnages sont donc réduit à de simples rôles-fonction pour rendre leur assimilation plus facile et rapide. Pas la peine par exemple de s'éterniser sur Darlene la pote emo-punk hacktiviste d'Eliot, on la montre en train de s'allonger sur les sièges du métro, on la fait dire "sperme" sans raison apparentes et c'est bon, on tient notre personnage exubérant. La liste des autres stéréotypes qu'on nous balance en seulement quelques épisodes est juste hallucinante et malgré tout la série semble se prendre très au sérieux dans sa construction et son propos ce qui rend ses maladresses encore plus navrantes.
Je parlais plus tôt d' incohérences, le réalisateur semble loué un véritable culte au cliffhanger et n'a pas peur de faire faire n'importe quoi à ses personnages pour créer une tension artificielle qui tombe à plat quelques minutes plus tard. Je me suis fait avoir deux fois par des twists de fin d'épisodes qui se sont révélés complètement absurdes une fois l'épisode suivant lancé. Le sentiment qu'on essaye de nous vendre du suspense toutes les 10 minutes se fait donc assez vite ressentir et on peine à croire les bonnes intentions de la série.
Dans le fond, Mr Robot est également très convenu avec une vision hyper manichéenne de cet ère du big data, il y a une élite de méchants et de gentils le reste n'étant que des moutons complètement ignorants et sans intérêt.
Le contexte technologique est lui brièvement survolé et deux trois références flatteront probablement l' ego des quelques développeurs du dimanche capables de les comprendre. Pour ce qui est de la véracité techniques on devra se contenter de quelques commandes Unix, une page 4Chan en arrière plan et beaucoup de conneries. Ne vous attendez pas non plus à voir une quelconque vision sincère du monde de la programmation. Les hackers sont tous sociopathes et c'est marre.
En gros, la série est tantôt banale, tantôt énervante mais n'arrive jamais à sortir du lot par manque d'originalité et d'audace. Tout est complètement aseptisé, lisse et sans aucune personnalité ce qui est d'autant plus agaçant puisque la série se permet de se payer la tête des œuvres commerciales actuelles. Une grosse déception.