Elliot est un génie, pas seulement du point de vue technique, même si on peut s’interroger sur le réalisme des scènes où il hacke des individus malhonnêtes, mais surtout en termes de déduction des êtres sociaux. En effet, il a cette faculté de comprendre, en des temps records, comment agit et réfléchit sa cible, si bien que dénicher ses mots de passe devient un véritable jeu d’enfant. Cela semble être un peu naïf surtout lorsque l’on sait que la socialisation n’est pas son fort. Elliot a effectivement développé une anxiété sociale et ne peut supporter la réalité hostile que sous influence de morphine qu’il ingère ligne après ligne et qui est devenue pour lui un véritable refuge.
La trame narrative constitue l’incroyable point fort de cette série. Elliot devient narrateur en voix-off et discute philosophie de la vie avec les téléspectateurs qui deviennent complices, tels des amis imaginaires présents dans son esprit. Sans cesse en train de questionner la réalité des éléments qui s’animent devant lui, Elliot tombe dans une paranoïa fascinante révélant ses troubles de personnalité qu’il avait jusque-là réussit à minimiser.
Cet homme qui ne dort jamais a l’intime conviction de pouvoir changer le monde en faisant tomber l’une des multinationales les plus puissantes de la planète, E-Corp, surnommé Evil Corp. Lors des premiers épisodes, on aurait pu penser que cette société était une satire de Google mais au fil des épisodes il s’avère qu’il s’agit en fait d’un des plus puissants conglomérats du monde de la finance.
Un autre point fort de cette série est lié au fait qu’elle ne situe pas le téléspectateur dans une posture passive. Bien au contraire, ce dernier ne doit en aucun cas relâcher son attention afin de ne pas passer à côté de petits indices qui peuvent pourtant être déterminants pour la suite de l’intrigue. Jamais mis sur un piédestal ni considéré comme des inconscients complètement fous, les portraits des hackers sont teintés ici d’un certain romantisme un poil ce qu’il faut.
Grâce à des cliffhangers et autres twists bien ficelés, des plans fixes anxiogènes et des clins d’œil appuyés à des œuvres de la culture populaire, on pense bien évidemment à Fight Club, Mr. Robot est une série qui se regarde avec engouement et plaisir. Malgré quelques complexités liées à l’usage de termes techniques réservés aux amateurs de hacking, on n’en reste pas pour autant largué. Il va de soit de souligner l’interprétation très réussie de Rami Malek dans le rôle du complexe Elliot ainsi que celui de Christian Slater en énigmatique Mr. Robot. Leur relation sera au cœur de la deuxième partie de la saison, mais nous n’en dirons pas plus pour éviter tout spoiler. Enfin, la saison s’achève sur un questionnement qui conduit le téléspectateur vers de nouvelles hypothèses, à moins que tout ceci soit le fruit d’hallucinations dont souffre Elliot.