Un peu moins d'un tiers de la série, et cela fait déjà beaucoup à dire, chanter, penser, éprouver. La suite ne pourra jamais sombrer au point de décevoir car jusque là chaque épisode est un émerveillement, une perfection à tous les niveaux que je fais durer à force de retours arrières pour revoir certaines scènes éblouissantes, me plonger dans des regards intenses, frôler des gestes, m'engouffrer dans les frénésies déchirantes de batailles ou l'effervescence des rues découvrant le progrès, les mers et les ciels, les destins qui s'entrecroisent, le passé, les espoirs, les révoltes.
Qu'est-ce que Mr Sunshine? Une énorme production, de gros moyens, de grands talents et tous sont à la hauteur et vont même au-delà pour nous accorder en plus l'âme, l'émotion, le cœur qui bat, les mains qui se serrent. C'est du grand cinéma: reconstitution des batailles, costumes, décors, trains, bateaux, du grand spectacle, le meilleur du cinéma coréen et le meilleur du drama pour l'émotion, la mise en scène. Tous les acteurs sont parfaitement calibrés, tous les dialogues sont idéalement justes, jamais ostensibles, à un poil près, un condensé.
Mr Sunshine est bien sur une fresque historique, romanesque et symbolique. Je la comparerais aux misérables de Victor Hugo: une trame historique passionnante au sein de laquelle des destins s'entrecroisent et s'affrontent, des destins aux allures mythiques et symboliques.
Il y a une femme, d'une beauté chavirante, diaphane et idéale, parfaite comme ces vases de porcelaine si rares et précieux, conservée à l'abri, hors du monde, d'apparence si fragile et pourtant l'intelligence acérée et une détermination de fer. Elle est l'âme de la Corée, la perfection, une œuvre d'art hors d'atteinte, immuable, fragile et cependant d'une solidité à toute épreuve, venue du fond des temps, les temps glisseront sur elle. Trois hommes la contemplent et la convoitent, désirent sa chute et son asservissement, son amour ou sa soumission: le gradé américain, d'origine coréenne, fils de roturier revenu affronter son passé et sa vengeance, le chef Yakuza , jadis fils de boucher, l'intouchable et enfin l'héritier de la famille des nobles fonctionnaires avides et corrompus.
Ainsi la Corée occupée par la chine, la Russie, les pays européens et le japon, l’Amérique, est forcée de reconnaitre que son pire ennemi, son seul ennemi est celui qu'elle a fabriqué elle-même en son sein et qui porté par le progrès, le modernisme et l'évolution lui revient de plein fouet, ceux qu'elle doit redouter sont ceux qu'elle a opprimé par son système hiérarchique ancestral. les temps changent, l'âme de la Corée elle-même en est consciente et est prête à s'ouvrir pour survivre et perdurer, se préserver elle-même.
Autour de ces personnages centraux et cruciaux, une foule de personnages gravitent, très attachants, les traducteurs coréens, les marchands, le peuple, reflets de cette âme Coréenne simplement attachée à ses traditions(juste ou injuste, au sein du chaos, ils restent eux-mêmes, simplement coréens). C'est plein d'humour, parfois, ou tragique. Chaque second rôle est bien croqué en quelques scènes, plus ou moins, rien n'est laissé pour compte: on a le sentiment que chaque détail est pris au sérieux, pas de remplissage, tout au contraire, chaque image, chaque dialogue est important et amené avec soin.
C'est riche, multiple, émouvant, c'est magnifique! La perfection jusque-là.: images, dialogues, acteurs, tout est dosé à la perfection, profond et beau, un régal, un aboutissement. J'en frissonne à chaque épisode et bien sur j'ai envie de le partager.