Attention divulgâchis en approche.
Contrairement à ce que pourrait laisser présager le titre de la critique, on ne va pas parler ici de l’art de la taille de petits végétaux en pot, mais plutôt de celui de l’animation japonaise concernant l’adaptation des tomes 21 à 26 du manga My hero Academia par le studio Bones, contant les mésaventures de notre bande d’adolescents super-héros préférée et de notre futur plus grand des héros Izuku Midorya. On va principalement se concentrer sur l’adaptation en elle-même et pas trop trop sur l’histoire qui est racontée mais on va essayer de faire en sorte que les animes only comprennent mieux pourquoi cette saison est assez largement en-dessous des précédentes sur à peu près tous les niveaux.
On ne va pas passer par 4 chemins : l'entraînement Seconde A vs Seconde B est, de base, peut-être l’arc le plus faible du manga avec celui du festival qui précédait. Ça reste très sympathique, on suit et développe énormément de personnages et plein de nouveaux alter plutôt innovants avec leurs lots de techniques déroutantes ou spectaculaires… Sauf que c’est trop long et répétitif pour un arc avec si peu d’enjeu, avant ça Horikoshi - l’auteur du manga- avait su seulement cibler ce qui présentait le plus d’intérêt en passant plus rapidement sur ce qui en avait le moins lors de ces arcs entraînements, mais pas là. Sachant cela Bones - le studio chargé de l’adaptation - aurait pu couper certains dialogues (quelques beugleries de Bakugo disparaissant mystérieusement au montage j’aurais pas dit non), ou raccourcir certaines parties pour garder du dynamisme en anime. Mais non, ils reprennent chaque plan du manga pour plomber le rythme général, qui rendait même mieux en format papier en raison de la différence de support. On se retrouve avec une première partie de saison que beaucoup trouveront ennuyante, trop osef, malgré une animation qui fait le taff, globalement du niveau des 4 premières saisons.
L’anime va ensuite inverser les arcs du stage chez Endeavor et My Vilain Academia par rapport au manga pour ne pas spoil un film dont tout le monde se fout, réalisé en parallèle et se déroulant pendant l’arc du stage. Du coup ça revient à faire enchaîner 2 des arcs avec le moins d’enjeux du manga, forcément ça plombe le rythme en rendant la partie slice of lice interminable. Jusque-là le manga (et l'anime puisqu'il lui était fidèle), arrivait toujours à parfaitement jauger cette équilibre arc de tension avec gros enjeux/arc entraînement + posé justement en les alternant. Intro/SCA/Championnat/Camp d’été/Permis/Overhaul/Festival/Fukuoka/Seconde 1 vs Seconde B : en termes de narration c'était très pertinent pour toujours relancer l’intensité lorsqu’on pouvait sentir qu’elle baissait. Pourtant, là encore niveau écriture l’arc du stage offre un superbe approfondissement sur le personnage de Enji Todoroki (aka Endeavor) autour d’un drame familial particulièrement touchant qui soulève d’excellentes interrogations et s’appuie sur ce que raconte la trame de fond de Mha, pleinement introduite lors de l’arc avec Stain : les maux qui se cachent au-delà du voile de l’apparence glorieuse des héros. C’est son placement qui n’est pas du tout judicieux et contraire à comment Horikoshi l’avait placé pour le raconter dans le manga.
Mais le comble c'est de rajouter à tout ça un fillers nul alors qu'on attend tous le fameux arc My Vilain Academia (MVA) hyper ambitieux de par sa noirceur et le développement assez original qu'il propose sur le gang de Shigaraki Tomura, l’antagoniste principal du manga avec All for one.
Et MVA on y vient, un des meilleurs arcs du manga jusque-là, si ce n’est le meilleur, qui voit son introduction bien trop expédiée avec des scènes pourtant clés du manga honteusement coupées (des scènes où on avait un bon aperçu de la personnalité folle de Re-destro par exemple, permettant de bien caractériser le personnage qui se retrouve finalement assez fade dans l’anime). Je rappelle que juste avant on s’est vu infliger un filler où Ochaco et Tsuyu se tapent leur meilleure croisière, le culot est colossal.
L’explication est simple : les Japonais que l’on connaît comme privilégiant avant tout l’écriture et le développement des perso (c’est évidemment faux ils n’en ont rien à battre), avaient pas du tout aimé l’arc MVA (très bas dans les tops du magazine lorsque les chapitres sortaient). Résultat : on bâcle l’arc MVA puisque de toutes manières ce n’est pas ça qui intéresse le public du pays, on se retrouve ainsi avec l’arc adapté en 5 épisodes (pour 21 chapitres), contre 12 épisodes pour Seconde A vs Seconde B (pour 31 chapitres). Pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’il y a un souci.
Surtout que le rush n’est pas le seul problème, quitte à expédier le truc, autant le faire jusqu’au bout : on se retrouve avec la pire animation qu’on ait eu jusque-là (la S4 avait offert quelques baisses de régimes, notamment lors du combat Mirio vs Chisaki, mais pas à ce point). La plupart des scènes sont bien trop figées, certains chara design font très cheap, c’est globalement assez mou et c’est quasiment une reprise plan par plan des pages du manga alors que certains passages auraient mérité une vraie mise en scène, comme lorsque Shigaraki éveil son alter qui se propage sur des random par exemple : c’était une double page dans le manga pour accentuer l’importance de l’instant, que l’on ne ressent pas du tout dans l’anime vu que la scène est faite en 2 plans rapides avec un bruitage assez grossier. Même au niveau de l’aspect visuel général ça reste trop dans une ambiance cartoon alors que l’histoire a changé de dimension (c’est très clair dans le manga), ce qui aurait dû se ressentir dans le ton des couleurs ou les design.
Il faut cependant noter que les 2 derniers épisodes de l’arc sont franchement réussis et sont de loin les 2 meilleures de la saison, le flash-back de Shigaraki nous plonge à merveille dans l’horreur de son enfance et de comment il a massacré sa famille, la mise en scène de leurs morts et le basculement dans la folie du jeune Tenko retranscrit avec beaucoup d’impact l’horreur de la scène. Shigaraki incarnera d’ailleurs la consécration de cette gangrène de la société héroïque dont j’ai parlé plus haut, justifiant totalement son statut d’antagoniste principal ainsi que son opposition au protagoniste, qui a justement pour objectif de devenir le plus grand des héros en guérissant cette société malade.
Finalement, si vous faites partie des nombreux déçus de cette saison, n’ayez crainte pour la suite : comme je l’ai dit ces mauvais choix d’adaptation ont principalement été causés par le film et les préférences douteuses des fans japonais. Parce que pour la saison 6, Bones risque de se donner à fond : je vais aller droit au but sans vous spoiler ce qui arrive, mais l’arc qui suit est une dinguerie monumentale, l’aboutissement ainsi que le meilleur arc du manga. Il a récemment été annoncé pour 2022 (sûrement vers la fin de l’année), une année qui s’annonce complétement folle pour l’animation japonaise puisque la saison 2 de Jujutsu Kaisen sera elle aussi de la partie : avec la sortie de ces 2 monstres le monde entier risque d’assister à un tournant dans l’histoire du shonen nekketsu en anime. En bref, vous connaissez la chanson : Personne n’est prêt.
6,5/10.