Les séries tirées de Ivan Sen et de son Mystery Road n'auront définitivement pas la même saveur que les longs métrages, malgré un Goldstone en deçà sur les caractérisations notamment mais aussi sur l'enjeu des fractures entre communautés. Trois saisons où la thématique est totalement édulcorée, visant juste à offrir une série policière lambda sous le soleil australien, ses beaux paysages et ses affreux personnages, tous répondant à des clichés signifiant le peu de travail à l'écriture pour 2 premières saisons avec Aaron Pedersen reprenant son rôle.
Au fil des saisons on regrettera le réalisateur, la force de ses images et la complexité de son personnage qui de taiseux devient rapidement imbuvable, en oubliant sa difficile intégration tant dans sa communauté que dans son travail. On change de démarche, et on joue sur la jeunesse et son attrait pour la saison 3.
Mark Coles Smith reprend le flambeau, colle au personnage et au physique de Aaron Pedersen. Un beau jeune homme, posé là, comme élément pouvant suffire à traiter d'une histoire. Un préquel sans grand intérêt qui s'embourbe dans la romance, celle de notre Jay Swan pour sa future épouse, bien peu empathique, un père abject que tout le monde apprécie, des colons bien à leur place à la caractérisation exempt de toute subtilité, mais surtout et encore occultant tous les enjeux du sujet et à défaut d'un rythme lent à suivre le quotidien de l'Outback, c'est toute une narration sans tension et de longs moments inutiles et redondants, que l'on subit.
On peut bien se demander l'intérêt de ces séries qui sape ses enjeux et sa réflexion, n'hésitant pas à la facilité pour faire avancer et à piocher dans les travers cinématographiques d'aujourd'hui : la famille et son importance visant l'exercice grand public.
La série dans ses trois saisons, se plombe d'elle même en occultant cette thématique de spoliation des terres des aborigènes et du racisme ambiant, qui est censée être centrale et pointer les conséquences de la domination blanche.
On note dans la saison 1 que chacune des communautés aura un peu de mal avec ses voisins sans vraiment porté à conséquence, sans lien à l'histoire proprement dite. Seuls points communs aux deux films, une enquête sur des disparitions et notre Jay Swan qui vient en renfort d'un commissariat perdu dans le bush australien. Cette série est bien trop bavarde et ne se concentrera que sur Aaron Pedersen en surjeu constant et Judy Davis à la dégaine déhanchée et volontaire, en représentation de la justice, pour finir par leurs mea-culpa respectifs censés appeler à la réconciliation. En saison 2, il aidera une archéologue isolée comme si juste cela pouvait suffire à embrasser une thématique bien plus complexe, filmant au grès des déplacements la beauté de l'Outback comme carte postale et les crises intestines posées là pour trouver le meurtrier d'une jeune femme aborigène.
Mystery road le film se concentrait sur son ambiance délétère, et inquiétante, pour signifier la misère, le refus de l'autre, la rébellion, et la jeunesse sacrifiée. La réussite tenait dans sa sobriété et dans les longs moments d'absence, de divagation et de vide mis en valeur par les paysages grandioses et désolés et par des dialogues à l'économie.
Les séries malheureusement survolent et jouent sur des personnalités sans intérêt, des dialogues poussifs avec une déclinaison faite pour prolonger le suspense, sans arriver à créer de l'empathie pour la multitude de personnages. Les seconds rôles n'ont aucun intérêt. Les personnages féminins point fort de cette série, ne sont que faire valoir sans oublier les fautes de goûts avec les aborigènes posés là, pour l'exotisme.
L'ensemble saison 1 et 2 est donc bien léger, sans scène d'action qui faisait le charme des deux opus venant secouer le rythme lent par des envolées de fusillade tout autant efficaces que jouissives, le préquel, saison 3 est du même tonneau et vient enfoncer le clou.