Neon Genesis Evangelion
7.9
Neon Genesis Evangelion

Anime (mangas) TV Tokyo (1995)

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Je me souviendrai toujours de cet après-midi d’aout où j’ai pour la première fois posé les yeux sur Neon Genesis Evangelion. Je me souviens que j’étais seul à la maison, je me suis installé dans le canapé et j’ai lancé le premier épisode sur Netflix et j’étais loin d’imaginer alors que cette simple action changerait ma vie à tout jamais. J’ai tout de suite été charmé par l’ambiance et l’univers présenté dans ce premier épisode (et dans les 2 suivant que j’ai regardé à la suite) mais j’étais encore loin de me figurer la claque monumentale qu’allait être cet anime. Cela fait maintenant environ un an que j’ai vu cette série et un an que cette série hante mes pensées, un an que je la tourne et retourne dans tous les sens dans mon esprit. J’ai vu le film résumé Evangelion: Death(True)^2, j’ai déjà vu la série 4 fois, l’excellent The End of Evangelion 5 fois (je le considère comme faisant partie intégrante de la série il sera donc pris en compte dans cette critique) j’ai vu les 3 Rebuild of Evangelion 4 fois et j’attends avec une impatience teintée d’appréhension le quatrième et dernier film de cette saga et j’ai même lu le manga (surement la version de Evangelion que j’aime le moins). Un an après je me sens enfin prêt pour parler de ce qui est pour moi l’œuvre d’art la plus aboutis qui m’ait été donné de voir (ou du moins celle qui m’a le plus touché personnellement).


An 2000 : une catastrophe nommée Second Impact transforme le pôle sud en une mer morte et éradique la moitié de l’humanité.
An 2015 : une créature appelée « Troisième Ange » attaque Tokyo-3. A peine arrivé, Shinji Ikari, adolescent de 14 ans solitaire et dépressif, doit la combattre à bord de l’Evangelion 01 sous les ordres de son père. Problème : Shinji n’a aucune estime de lui et il déteste son père depuis qu’il l’a abandonné après la mort de sa mère. Qui plus est ce troisième Ange n’est pas le dernier et Shinji devra continuer à les combattre aux côtés de Rei puis, plus tard, d’Asuka pour le salut de l’humanité. Ce scénario qui annonce un anime des plus classique au premier abord va se révéler bien plus complexe et profond par la suite. Car tel est le coup de génie de cette anime, dès le début on sent le désire de tordre certains clichés de l’animation japonaise et de ne pas rester seulement en surface mais cela reste au début un anime bon enfant et sympathique avant de refermer le piège et d’entamer une décente aux enfers vers la moitié de la série.


Cette critique va aborder des éléments importants des thématiques et du scénario de la série donc si vous ne l’avez pas déjà fait je vous encourage à aller voir ce chef d’œuvre (qui c’est d’ailleurs vu doté d’une excellente nouvelle VF à son arrivé sur Netflix) avant de lire cette critique.


Pour comprendre cet anime il faut aborder le cas de son auteur, Hideaki Anno. Il est un des fondateurs du studio Gainax, studio baignant dans la culture otaku. Cependant Anno est atteint du trouble de la personnalité borderline qui affecte la stabilité de ses émotions, ses relations avec les autres personnes et l’image qu’il a de lui-même. Après la réalisation de la série Nadia, le secret de l’eau bleue il tombe dans une violente dépression qui durera 2 ans et qui le poussera à se couper du reste du monde. Durant cette période de sa vie il tentera plusieurs fois de se suicider. Puis il se rendit compte que la culture otaku dans laquelle il baignait était néfaste pour lui et constituer une échappatoire pour fuir la réalité, une fausse solution à ses problèmes qui en réalité ne faisait que les empirer. Après cette réalisation et son rétablissement il décidera de communiquer cette expérience à ses semblables otaku dans le but d’eux aussi les aider à s’en sortir. Car ici j’emploie le terme otaku dans son sens japonais (et non pas la déformation qu’on en a fait), un otaku est donc une personne qui consacre la quasi-totalité de son temps à une activité le plus souvent d’intérieur comme les mangas, les animes, les jeux vidéo mais ça peut aussi être la cuisine par exemple. Et cette culture otaku conduit régulièrement à des dérives obsessionnelles qui poussent à se couper de la réalité et donc à se fermer aux autres comme ce fut le cas pour Hideaki Anno. Et c’est de ce désir de bouleverser la culture otaku qu’est né après 2 ans de gestation Neon Genesis Evangelion une œuvre qui devait attirer les otaku avec tout ce qui leur plait (robots géants, filles au corps de rêve avec combinaison moulante, petite mascotte…) pour finalement complètement les prendre à revers et leurs donner tout l’inverse de ce qu’ils recherchent, au lieu d’une échappatoire on a une étude psychologique très profonde et un dur retour à la réalité.


Mais tout ceci semble indiquer que Evangelion est fortement ancré dans la culture de son pays et n’explique pas que le succès se soit propagé en occident. Mais ce succès occidental n’est pas si aberrant à mon avis, les problèmes dont est victime Hideaki Anno et nombreux otaku ne sont pas exclusifs à leur culture. La fuite de la dure réalité, la peur du contact avec les autres, du moi qui existe dans le cœur des autres, la haine de soi… tous ces thèmes abordés par la série sont universels (preuve en est que l’auteur utilise parfois des théories de philosophes occidentaux pour illustrer son propos, comme le dilemme du hérisson de Arthur Schopenhauer) et pourront parler à énormément de personnes qui ont vécu ce genre de choses. Ce qui frappe avant tout dans Evangelion c’est le réalisme de la psychologie des personnages, de leurs interactions, de leurs troubles, leurs dilemmes… qui instantanément rend la série universelle. Alors évidemment il ne faut pas perdre à l’esprit son lien étroit à la culture otaku, une partie de ce qui fait de Evangelion un chef d’œuvre c’est à quel point il est subversif et a les couilles de s’attaquer à la culture dans laquelle il s’inscrit, de remettre en cause beaucoup de ce qui la définit, en somme il a les couilles de scier la branche sur laquelle il se tient. Mais sa profondeur psychologique, selon moi jamais égalée par une autre œuvre, est aussi une raison majeure de pourquoi Evangelion est un véritable chef d’œuvre comme on en voit peu.


C’est cette profondeur, ce réalisme, la véracité des problèmes que rencontre les personnages qui m’ont marqué, Evangelion m’a marqué comme aucune œuvre ne l’avait fait avant et ne l’a fait après parce que je me suis reconnu en Shinji Ikari. Au primaire et au collège j’ai pris l’habitude de souffrir du regard des autres et cela m’a plus ou moins convaincu que je n’étais pas à ma place dans ce monde et je me suis refermé sur moi-même, je n’ai jamais eu (avant Evangelion) de confident proche, je gardais tout ce qui était important pour moi seul, je gardais mes sentiments et mes souffrances pour moi seul. Et comme je ne me sentais pas à ma place dans la réalité j’ai fini par la fuir, j’ai fui la réalité dans les fausses histoires des livres, j’ai fui la réalité dans les fausses images des films et j’ai fui la réalité dans les faux mondes des jeux vidéo. Mais ce bonheur procuré par la fuite n’était qu’illusoire et je l’ai compris grâce à Evangelion, parce que je me suis projeté en Shinji. Finalement Shinji et moi refusions de grandir, car grandir c'est accepter de faire face à la réalité et il est bien plus confortable de continuer de s'en préservé dans le cocon maternel (cocon que Shinji cherche sans relâche et qu'il trouvera tantôt chez Misato tantôt dans l'entry plug de l'Eva). En réalité me renfermer sur moi-même et fuir de la sorte ne faisait que m’empêcher de créer de vrais liens, de vraies amitiés avec les autres… ça ne pouvait qu’aboutir à me rendre distant avec les autres comme le père de Shinji, comme mon père. Alors je vous rassure mon père est bien plus sympathique que cet enculé de Gendō Ikari et je l’aime contrairement à Shinji qui déteste son père mais la relation entre les deux m’a quand même parler car Gendō n’est ni plus ni moins que ce que deviendra Shinji s’il ne change pas de comportement et il en va de même pour mon père et moi. Malgré tout l’amour que j’ai pour mon père je ne peux pas m’empêcher de le sentir renfermé sur lui-même et distant avec les autres et si je ne change pas de comportement je finirais par devenir comme ça.


Aujourd’hui un an après mon premier visionnage de Evangelion j’ai l’impression que tout et rien n’a changer. J’ai désormais arrêté de vouloir fuir la réalité à travers la fiction, j’essaye de me servir du cinéma, de l’animation japonaise ou de toutes autres formes d’art que j’aime pour enrichir mon esprit et mon âme. J’essaye de m’ouvrir plus aux autres mais j’ai du mal à me défaire de cette idée que je me suis mis en tête que personne ne pouvait m’aimer ce qui fait que créer un lien aussi fort que l’amour me fait encore peur car c’est le lien qui pourrait le plus me blesser. La thématique du syndrome du hérisson est une des choses qui m’a le plus marqué dans la série, une autre chose qui y est très lié qui m’a marqué est l’idée que on ne pourra jamais comprendre l’autre entièrement, à cause de l’impossibilité de communiqué nos sentiments fidèlement, cette difficulté à communiquer qui crée dans nos cœurs le vide et la solitude que la Complémentarité de l’homme essaye de combler. Cependant la Complémentarité de l’homme n’est pas une bonne chose car c’est un monde où on est privé de notre individualité, ce n’est qu’une autre échappatoire, un monde vide où paradoxalement on est seul car c’est cette incertitude sur les pensées et sentiments de l’autre qui crée la différence (le moi existe car il y a un autre qui se différencie de ce moi) et qui finalement donne de la valeur aux relations qu’on a avec les autres. Il faut accepter cette incompréhension partielle de l’autre car c’est en essayant de la surmonter que l’on se construit et que l’on construit des relations durables.


Evidemment tout ceci ne serait pas aussi marquant si ce n’était pas traité avec brio, avec une réalisation absolument parfaite. Le génie de Hideaki Anno et de son équipe réside dans le fait d’avoir fait de leurs contraintes (de temps et de budget) leur force. Au début l’anime possède déjà un côté lent et contemplatif par moment mais l’action y occupe tout de même une place importante. En revanche à partir de la deuxième moitié l’anime est beaucoup plus expérimental, les Anges amenant moins systématiquement à de l’action mais plus à des scènes d’introspection où l’abstraction est de mise. Les plans fixes y sont aussi plus récurrents et tout ceci est dû à la production chaotique de la série. Le diffuseur (TV-Tokyo) faisait pression sur le studio d’animation (Gainax) à cause de la violence de certaines scènes et d’allusions sexuelles un peu trop explicites (coucou la scène entre Ryoji et Misato à la fin de l’épisode 20). Et la scène de la fin de l’épisode 18 (l’Eva 03… un traumatisme qui ne s’effacera jamais) a valu à la série de se faire sucrer une partie de son budget. Ajouté à cela un épisode qui a dû être réécrit car il rappelait trop un attentat au gaz dans un métro qui avait eu lieu récemment et vous avez là un anime avec moins que le budget qui lui faut et des dates impossibles à tenir. C’est le genre de chose qui tuerait n’importe quelle série mais Evangelion au contraire n’en est devenue que bien meilleur. Les plans fixes sont effectivement là pour économiser du temps et du celluloïd mais ils sont utilisés là où cela a du sens, où c’est impactant et leur duré très inhabituelle les rend d’autant plus marquants (mes préférés sont surement celui de l’ascenseur avec Asuka et Rei retranscrivant très bien le malaise entre les deux et celui de l’Eva 01 qui tient Kaworu dans sa main avec la sublime musique de Beethoven en fond où l’on ressent le poids de la décision que doit prendre Shinji). Et les scènes d’introspection c’est pareil, elles sont moins chères à animer, elles utilisent des représentations simplistes, réutilisent des plans et des animations préexistantes, font tourner en boucle certaines animations… Mais le travail de réalisation et de montage est tellement extraordinaire que à aucun moment en voyant ces scènes on est sorti de l’œuvre en se disant que c’est cheap car les gens de talent de la Gainax on fait de leurs limites des scènes qui représentent la psyché humaine parfaitement, qui sont vecteurs de sens, et qui sont incroyablement audacieuses et inventives en termes de mise en scène.


Le meilleur exemple de tout ceci est cette fin si décriée, les faits sont simples : le scénario de l’épisode 25 a été refusé par TV-Tokyo (quand on a vu The End of Evangelion et qu’on sait que l’anime passait à une heure de grande écoute on peut facilement deviner pourquoi), Anno a donc fait le choix de faire une fin totalement abstraite qui ne répondrait à aucune question laissée en suspens mais qui se concentrerait seulement sur la psychologie des personnages et sur ce qu’il voulait transmettre à son public. L’animation y est très simpliste c’est quasiment que de la réutilisation des celluloïds des épisodes précédents et dans l’épisode 26 Anno se détourne même du celluloïd pour de nombreuses scènes, optant plutôt pour des dessins au feutre ou au crayon. Ce choix a été beaucoup critiqué et moqué (car ça faisait cheap) mais il a du sens dans une série qui s’attelle à remettre en question tous les fondements de la culture otaku car le celluloïd est quelque chose que personne n’aurait oser remettre en question à l’époque. Et le génie de ces épisodes est aussi de rendre floue la frontière entre l’œuvre et la réalité, ici on a autant le droit à une psychanalyse de Shinji que de Anno et du publique de l’œuvre. Je n’en ai pas parlé avant mais outre son réalisme, ce qui fait le génie du personnage de Shinji c’est qu’il représente à la fois l’auteur de l’œuvre et le publique visé, il est tout ce qu’est un otaku moyen mais il est aussi un reflet de tout ce que Anno est et ne veut plus être. Et donc les personnages sont dans ces épisodes sortis de l’œuvre (on les voit sur ce qui semble être une salle de théâtre, comme si le voile de la fiction avait été levé sur le studio d’enregistrement) car c’est à la fois directement Anno qui nous parle, nous montrant le chemin psychologique par lequel il est passé mais aussi parce que en parlant à Shinji tous les autres personnages parlent aussi aux spectateurs (les personnages parlent parfois en regard caméra comme s’il nous parlaient directement). Bref ces épisodes font quelque chose de trop rare c’est-à-dire briser le quatrième mur pas seulement pour le style ou la blague mais parce que ça a du sens, ça dit quelque chose. Je tiens aussi a rajouté que ces deux épisodes fournissent une représentation absolument parfaite et pleine d’abstraction de la fusion des âmes par la Complémentarité de l’homme.


Et la preuve définitive que toutes ces techniques sont bien plus que des rustines pour cacher le manque de budget et de temps de la série est l’incroyable The End of Evangelion. Ce film est ce qui se rapproche le plus de ce qu’aurait dû être la fin de la série si elle n’avait pas été refusée. Alors oui bien sur cette fin a un côté plus grandiose et impressionnant que la fin originale, elle nous délivre des scènes d’anthologie à l’animation magnifique comme la scène d’Asuka contre les Evas de série (j’en profite d’ailleurs pour dire que malgré ses limitations la série a elle aussi eut le droit à des scènes magnifiquement bien animées). Cependant après une première partie qui nous offre le climax qui manquait à la série (et qui par la même occasion est absolument horrible, la violence de certaines scènes étant insoutenable) la deuxième moitié nous offre un anti climax absolument parfait et une déconstruction de l’œuvre et de son publique finalement semblable (mais beaucoup plus violente et traumatisante) à celle de la fin originale, ces deux fins ne sont que les deux faces d’une même pièce. La Complémentarité de l’homme dans le film utilise aussi une mise en scène abstraite, parfois des dessins simpliste (même si beaucoup moins que dans l’originale), une réutilisation de scène de l’anime et surtout il brise le quatrième mur de façon magistrale. Pour ça il exploite une idée sous utilisée dans la fin originale, une séquence en prise de vue réelle. Dans l’épisode 26 de la série on avait des photos à certains moments mais là on a une séquence entière en prise de vue réelle nous montrant des images rappelant énormément Tokyo-3, des images de foule (dans laquelle on voit d’ailleurs les Seiyū d’Asuka, Rei et Misato) et surtout des images d’une salle de cinéma. A ce niveau-là la frontière entre la réalité et la fiction est complètement brisée, Anno renvois à son publique sa propre image. L’histoire d’Evangelion ce n’est pas que l’histoire de Shinji mais aussi du spectateur et là le doute n’est plus permis pour celui qui voulait encore fuir (le film s’adresse même directement à nous en nous demandant si on se sent bien). D’ailleurs lors de cette scène Shinji discute avec Asuka, Rei et Misato des rêves dans lesquels il fuit la réalité et ce qui finit de rendre la scène parfaite c’est la sublime musique de Bach utilisée. J’en profite d’ailleurs pour dire que les musiques du film sont sublimes (c’était déjà le cas dans la série mais ici Shirō Sagisu le compositeur c’est surpassé) notamment Komm, süsser Tod (littéralement Vient, douce mort) qui est joué pendant la… l’inqualifiablement génialissime scène du Troisième Impact !


Le visionnage de ce film (tout comme celui de la série) fut une énorme claque. Sur le moment j’avoue que j’étais confus, je ne savais pas si j’avais détesté ou adoré ce que je venais de voir mais une chose était sûre je venais de voir un film absolument incroyable. Aujourd’hui il est de loin mon film préféré et surtout la fin parfaite à Neon Genesis Evangelion, j’aime beaucoup la fin originale mais je préfère cette fin pour deux raisons. La première est qu’elle apporte une conclusion bien plus complète à la série, déjà au niveau du scénario qui se voit réellement être conclu et pas abandonné comme dans l’originale, un scénario excellent qui se voit doté d’une fin excellente qui a l’intelligence de ne pas répondre explicitement à toutes les questions soulevées par la série mais laisse une partie libre à l’interprétation du spectateur. Mais c’est surtout au niveau des personnages que cette fin est bien plus complète, chacun à une conclusion parfaite (sauf les camarades de classes de Shinji qui sont de toutes façons probablement morts) alors que dans l’originale seulement Shinji qui avait le droit à une vraie conclusion. L’autre raison de ma préférence pour cette fin c’est son ton, l’originale était presque niaise sur sa dernière scène ce qui ne correspond pas vraiment au ton de la série (ça manque de réalisme). Après dans la mesure ou Hideaki Anno entendait aider son publique, finir sur une note positive était logique pour les encourager à devenir meilleur. Le ton du film lui est beaucoup plus nuancé, beaucoup plus dur mais finalement beaucoup plus subtil et réaliste, la fin à l’intelligence de ne pas être totalement nihiliste mais contrairement à la fin originale on ne sait pas si Shinji trouvera le bonheur en revanche on sait qu’il a compris ce qu’il avait besoin de comprendre et que donc cette possibilité ne lui est pas fermée mais c’est maintenant à lui de faire ce qu’il y a à faire pour trouver son bonheur, tout comme le spectateur et on ne pourra pas le faire à sa place. Evangelion ne vous livrera pas le bonheur à votre place mais il pourra vous aider, vous montrer la voie mais c’est à vous qu’incombe la tâche de le trouver. Et là où le ton du film est beaucoup plus approprié c’est que, contrairement à la fin originale de la série il nous fait comprendre que ce n’est pas une chose facile de trouver le bonheur et que le chemin sera long et difficile. Ce point de vu plus nuancé et surtout beaucoup moins optimiste est surement dû aux retours plus que mitigés sur la fin de la série, elle n’a clairement pas eu l’effet escompté, de plus Anno est retombé en dépression après la fin de la série (comble de l’ironie de tomber en dépression alors qu’on voulait aider son publique à s’en sortir). Face à la pression des fans qui voulait la « vraie » fin d’Evangelion Anno a fini par leur donner ce qu’ils voulaient mais sans vraiment le leurs donner, il a encore essayé de leur faire comprendre à ceux qui refusaient toujours de comprendre mais cette fois au lieu de le faire avec bienveillance il l’a fait à coup de grosses claques dans la gueule mais c’est probablement les claques les plus saines qu’on puisse prendre dans sa vie. The End of Evangelion transmet son message plus efficacement que la fin originale car il force le spectateur à voir les vérités qu’il fuit en le poussant à bout, en ne le ménageant pas quitte à ce qu’il déteste le moment qu’il est en train de vivre. Evidemment cette fin a elle aussi beaucoup divisé et aujourd’hui Hideaki Anno essaye encore de faire comprendre à ceux qui refuse de comprendre avec les Rebuild of Evangelion (mais selon moi c’est vain, ceux qui n’ont pas compris avec la série ou le film ne comprendront pas avec les Rebuild, en témoigne l’accueil mitigé du troisième film).


Il est temps de conclure, il y a énormément de chose dont je n’ai pas parlé (les personnages de Rei, Asuka, Misato, Ritsuko… le rapport à la mère etc.) mais la richesse de cette œuvre est trop grande pour que je puisse parler de tout mais j’ai parlé de ce qui me tenais le plus à cœur en essayant d’écrire une analyse qui soit la plus complète possible. D’ailleurs cette critique est très personnelle mais elle n’a absolument pas pour but que vous vous apitoyez sur mon sort, j’ai quand même largement de quoi être heureux dans ma vie (des amis géniaux, des parents qui font beaucoup pour moi…) et grâce à Evangelion j’essaye de devenir une meilleure personne et de combattre mes démons intérieurs et l’écriture de cette critique s’inscrit dans cette initiative (car cela a été extrêmement difficile pour moi de m’ouvrir autant sur cette critique et j’ai d’ailleurs longtemps fui son écriture mais maintenant je suis heureux du résultat). Et s’il y a une chose sur laquelle je voudrais conclure c’est cela :


Merci à tous ceux qui ont participé à la création de ce chef d’œuvre, le chara designer Yoshiyuki Sadamoto, le compositeur de la bande originale Shirō Sagisu, les animateurs qui ont eu un travail très compliqué (Yoh Yoshinari, Mitsuo Iso, Takeshi Honda, Tadashi Hiramatsu…) et à tous les autres (les directeurs de l’animation ; Neko Oikawa, Hidetoshi Satō et Yoko Takahashi pour le sublime opening…) !
Et surtout merci à Hideaki Anno pour avoir créé Evangelion car cette œuvre m’a touché comme aucune autre avant !

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le 24 août 2020

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Lucas Borja

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