Encore un Valmont

Bon. Il y a quand même des choses à dire sur cette série, même si les différentes critiques, positives et négatives, en disent déjà beaucoup.
Du point de vue du scénario, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard (pauvre canard). C'est une romance très classique, où sont même inclus deux ou trois clichés, mais qui a le mérite d'avoir un ton plus réaliste : la réalisation est bonne et le jeu des regards est très bien utilisé, les échanges sont palpables, ils ne mettent pas de côté le charnel (même si NON ce n'est pas un drama olé olé DU TOUT, c'est JUSTE que la sexualité est incluse dans le scénario, et qu'elle est mise en scène, mais sans détail, sans gros plans, les acteurs ne sont jamais nus, remettons les choses à leur place, ça n'est "olé olé" que sur l'échelle du drama coréen romantique, c'est tout.).

Alors, il y a de bonnes choses, je dirais que ça prenait une bonne tournure au début, la façon méprisante et amère dont le personnage féminin, Na-Bi, se débarrasse de son manipulateur/pervers de petit ami au début fait plaisir à voir, les questions abordées autour de ce type de relation sont réalistes. Le choix de filmer ledit petit ami de la même façon que les pervers sexuels dans les mangas renforce l'aspect "voix qui s'immisce dans ta tête pour te retourner le cerveau" et appuie là où ça fait mal. Du coup, quand Na-Bi retombe sur un charmant manipulateur, un Valmont, qui butine de concert avec sa version mal dessinée de Merteuil, elle n'est plus dupe. Elle se laisse volontairement aller dans cette relation, par attraction physique difficile à résister, mais en toute connaissance de cause...

Ok, mais le soucis c'est que ça s'arrête là. Au delà de l'épisode 4, où sont par ailleurs concentrées presque toutes les scènes de ""sexe"" (ou bisous-câlins xD je me moque mais je ne jette pas la pierre, c'est largement suffisant !), il n'y a plus grand chose à tirer du scénario. Il s'y passe ce qui doit s'y passer, mais les personnages ne sont pas creusés ; beaucoup de choses ne sont jamais expliquées et, du coup, deviennent totalement inutiles à l'intrigue : certains passages tirent en longueur ; la question de "mettre ses émotions dans l'art" ne se ressent pas (il ne suffit pas de dire "je ne vois pas l'émotion" puis "ah bah voilà tu vois quand tu t'y mets" ... alors que l'oeuvre est exactement la même, faut pas déconner / il ne suffit pas de dire "tu sembles la plus belle et la plus heureuse quand tu travailles sur ton oeuvre", alors qu'on l'a vu faire la gueule quasiment tout le temps de la réalisation...). Bref, il y a un goût de non abouti dans presque tout.

Même l'évolution du personnage masculin, profil comme je l'ai dit du Valmont de base, semble sortie de nulle part, genre "hop" ça y est je laisse mes cheveux devant le front donc ça veut dire qu'à partir de maintenant je vais accepter mes sentiments et devenir un vrai amoureux (heureusement il en faut plus à Na-Bi pour se laisser avoir). C'est pauvre tout ça, très pauvre, avec un si bon acteur il y avait moyen de faire beaucoup mieux ! Sa Merteuil, Seol-A, n'a pour intérêt que de susciter la jalousie, elle n'a aucune substance ni background, on la devine plus ou moins malade... et donc ?

Sur la fin, le personnage masculin est sensé avoir basculé et vouloir se vouer à son amour, et pourtant la leçon se termine sur un "je sais que cette relation va me faire souffrir" ... alors déjà, faut arrêter avec ce genre de conclusion en mode "happy ending", ça ne va pas ensemble du tout ! Soit vous choisissez qu'ils se perdent ensemble dans une relation toxique, et du coup c'est une mauvaise fin, soit vous décidez que le Valmont est guéri de sa séductorite aigüe et dans ce cas on part sur une note d'espoir, mais pas les deux en même temps ! Screugneugneu.

Finalement, les personnages secondaires sont ceux qui apportent le plus sur les questions sociales. Au début, le petit ami humiliant, les amies qui sonnent chacune une cloche différente "c'est malsain"/"c'est romantique" représentent la pression de la société, le tiraillement et le jugement. Puis, la relation entre une fille libre qui se concentre sur les relations charnelles et un jeune homme à la vision plus classique du couple, les conflits que ça entraîne, les questions qui sont posées, le fait que ni l'un ni l'autre ne change et qu'ils parviennent malgré tout à faire tenir leur relation comme ça. Et ENFIN, ENFIIIIIIIIN un couple d'homosexuelles FEMMES, quasi inexistantes dans l'univers des dramas coréens, et dont les protagonistes sont, de surcroit, NORMALES \o/

Bref, vraiment, tout n'est pas à jeter et c'est justement pour ça que c'est frustrant : avec un tel potentiel et une telle maîtrise de la photo et de la BO, c'est du gâchis, au final ce drama est en grande partie oubliable. Et 6, c'est la note que je donne aux dramas oubliables.