Dans un monde où l'apparence et la superficialité sont devenu des valeurs à part entière il était temps que quelqu'un s'attaque au sujet. C'est ce que propose Nip/Tuck, série choc qui suit 2 plasticiens, amis et associés, aux comportements et aspirations bien différentes. D'un côté on trouve Sean celui qui se prend encore pour un médecin et qui essaye de concilier son travail avec ses états-d'âme. De l'autre on a Christian qui est un magnifique connard cynique, frimeur, vénal et qui trempe son bout de gras dans la moindre créature féminine qui passe.
Le concept de la série est fort et l'angle d'attaque est frontal. Dès le début on subit pédophilie, pratiques sexuelles déviantes, immoralité et violence plein cadre. Les images choquent et le propos dérange.
Cependant tout ceci est loin d'être gratuit puisque la peinture acerbe qu'on nous propose semble, petit à petit, décrire un monde qui n'est pas si éloigné du notre.
Les rapports entre les 2 chirurgiens et leur entourage va vite évoluer, une spirale de mensonges et de bassesses va bientôt emporter tout ce "beau" monde. Un monde dont la perfection extérieure ne cesse d'être contrebalancée par sa laideur intérieure.
Cette ambivalence se retrouve aussi dans le parti-pris esthétique de la série avec une image très travaillée et un montage sophistiqué. Un emballage assez froid qui contraste bien avec le contenu souvent cru afin de créer, là encore, le malaise et, à travers lui, la réflexion.
Que cherchent ces personnages dans leur fuite en avant ? L'image que l'on donne de soi aux autres a t'elle un poids si importants ? Chaque opération, souvent extravagantes, n'est qu'un prétexte à explorer une facette du duo principal et de leurs problèmes.
Ainsi Nip/Tuck ce sont deux premières saisons vraiment très bien menées : inventives, remplies d'humour noir et de personnages hallucinés. Mais dès la troisième saison nos chers docteurs se prennent les pieds dans le tapis avec une intrigue principale éventée et bancale, dont le traitement frileux finit de nous achever.
Un coup d'arrêt assez brutale pour ce qui paraissait être une bonne idée au début. Une fois ceci évacué la série a bien du mal à redémarrer et la rigueur scénaristique devient de plus en plus aléatoire. Nip/Tuck tombe alors dans sa propre caricature et se vautre avec complaisance dans le trash branchouille et la vulgarité la plus totale. Les rebondissements les plus débiles s'enchainent, ne faisant qu'écorner, toujours plus, le capital sympathie que l'on avait pour les personnages et la série au départ.
Nip/Tuck c'est une série qui a explosé en plein vol. Passant de satire sophistiquée a sitcom bling-bling en très peu de temps. On aurait pu se contenter des deux premières saisons, vraiment excellentes, si la seconde ne se finissait pas sur un Cliffhanger insoutenable dont la résolution, dans la saison 3, fait clairement pitié.
On garde un souvenir ému du potentiel irrémédiablement gâché de ce qui aurait pu être une des grandes séries des années 2000 et qui n'est, au final, qu'un produit boursouflé et agaçant.