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Voici une série qui n’avait pas grand-chose pour attirer l’attention si ce n’est un succès colossal outre-Manche. Il s’agit d’un chassé croisé amoureux et amical de 2 jeunes irlandais que l’on va suivre du lycée jusqu’à la fin de leurs études. Inutile d’en dire plus.
Tout d’abord, pourquoi un tel titre ? Car il s’agit en effet de deux personnes « normales », ni super-héros, ni loosers incroyables. Ce sont juste deux lycéens (Marianne et Connell) de la petite ville de Sligo comme il y en a plein. Et on va vite s’apercevoir qu’une fois de plus, ce ne sont pas les sujets qui font les bonnes histoires.
Et (est-ce un hasard ?), comme pour « sharp objects » (cf. article 3), il s’agit de l’adaptation d’un roman de Sally Rooney, pas encore traduit en France et adapté en 12 épisodes de 30 minutes environ. Et comme dans « sharp objects », la structure narrative est parfaite. Mais le principal n’est pas là car si on devait résumer la trame de cette histoire, ce serait vite fait. Ce qui marque assez rapidement, c’est que la caméra ne lâche pas ses personnages. Elle les suit à la trace sans s’en écarter une seconde. Il en sera ainsi tout au long des épisodes. Ainsi, chaque émotion, chaque expression de visage sera traquée : une hésitation dans un geste, une phrase qui ne se termine pas, un regard qui se baisse. On est avec eux, dans eux. Pour que l’on vive de manière efficace les tourments qui les traversent, il faut une performance d’acteurs au niveau. Et les 2 jeunes qui jouent Marianne et Connell sont absolument prodigieux. Alors oui, il a été souvent évoqué la qualité des scènes de sexe et à juste titre. Elles sont intenses ou douces et participent à la construction de leur histoire de manière vibrante et naturelle. Et contrairement à ce qu’on pourrait craindre, si la caméra est au plus près de ses acteurs, elle n’est pas hystérique. Au contraire : elle les traque, les suit mais les respecte, leur laisse le temps d’hésiter, de se tromper. Ici, le silence est essentiel (cf article « le jeu de la dame »). De plus, elle n’en oublie pas les personnes secondaires tous épatants (les mères, les amis).
De part ces partis pris de mise en scène, on assiste médusé à la rencontre et aux aléas de ce couple si proche de nous. On se prend à vivre intensément toutes les émotions qui les traversent et dès lors, ce ne sera pas un long fleuve tranquille et on s’endormira souvent le soir avec les visages de Connell et Marianne, masquant leur douleur ou ne pouvant pas la retenir. Car cette histoire n’est pas très gaie. Et si, lors des 6 premiers épisodes, nous sommes face à des grands ados qui se cherchent et se fourvoient, la série bascule lors d’un épisode 7, plaque tournante de leur destin, absolument bouleversant. Je ne dévoilerai aucun moment de grâce que contient la série et je vous laisserai les découvrir mais il est difficile de ne pas mentionner l’intensité émotionnelle qui se dégage de cet épisode où même la bande son est au diapason. La suite est alors plus sombre, plus âpre, plus destructrice. On pourrait être tenté de se détourner d’eux mais c’est bien trop tard. Ils nous ont happé et on pleurera avec eux quand il ne sera pas possible de faire autrement.
Il est maintenant à souhaiter que les auteurs ne se lancent pas dans une suite qui pourrait à rebours détruire toute la magie de cette série touchée par la grâce.

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seriephiledudimanche.jimdofree.com
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vosarno
10
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le 27 déc. 2020

Critique lue 803 fois

4 j'aime

vosarno

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