L’équivalent de dix années de tournage.
400 000 heures de vidéos.
600 techniciens.
60 pays visités.
Une seule planète.
C’est tout simplement le summum de ce qu’on peut faire dans le genre. Je n’ai jamais été autant bouleversé, choqué, émerveillé par un reportage animalier. On écarquille les yeux pendant toute la durée du voyage. C’est fou à quel point on connait mal notre planète.
C’est d’un spectaculaire hors-norme. La puissance des images est infinie, c’est du jamais vu depuis Koyaanisqatsi. Des phoques qui s’entassent par milliers les uns sur les autres parce que la banquise fond. Un jaguar obligé de s’attaquer à un caïman parce que sa nourriture se fait rare. Des flamands roses qui s’étendent par millions.
Des baleines bleues, des dauphins, des requins.
Des lions, des oryx d’Arabie, des lamantins.
Des manchots téméraires, des orangs-outans malins.
Des phoques suicidaires, des oursins malsains.
Tous essaient tant bien que mal de s’adapter à ces changements
dont ils sont les malheureux témoins.
Quand est-ce que l’Homme modifiera ses comportements
Et s’adaptera de façon désintéressée à leurs besoins ?
On en apprend aussi énormément, particulièrement sur les parades nuptiales élaborées, sur la régulation autonome des différents biotopes ainsi que sur les techniques de chasse.
L’image est si spectaculaire qu’elle en devient irréelle. On en viendrait presque à douter de sa véracité, à spéculer sur un ajout, voire une reconstitution numérique. Mais l’épisode caché à la fin du documentaire, dévoilant les coulisses du tournage, met fin à tous ces doutes. Les mecs se sont enfermés dans des cabanes de deux mètres carrés pendant deux ans pour filmer 30 secondes du tigre de Sibérie. Les plongeurs se recouvrent de cotte de maille pour nager au milieu de centaines de requins affamés. Les hélicoptères esquivent des morceaux de banquise de la taille d’un immeuble. Et de ce dévouement le plus total, de cette passion, de ce sacrifice des scientifiques et techniciens, se dégage une émotion pure et inégalable.
Avec Notre planète, Netflix prouve encore une fois que ses meilleures productions ne sont ni des films ni des séries, mais bien des séries documentaires. D’ailleurs, Notre planète est actuellement troisième du top 111 séries actuellement, juste devant Chernobyl, l’autre série-événement de l’année. Destin étonnant, alors que l’ultime séquence du reportage est justement consacrée à la reprise de la vie suite à ladite catastrophe nucléaire. C’est difficile de décrire cette série documentaire sans utiliser les poncifs de qualité habituels. Je pourrais le dire ainsi : ça ne pouvait pas être plus parfait.