Je hais cette critique. Je la hais de tout mon cœur. Je la hais pour sa possible gloire, cette pauvre chose qu'on appelle gloire. Je la hais pour ses possibles commentaires. Cette critique engendrerait sans doute de l'hyperesthésie morale à l'idée d'attaquer les idoles d'aujourd'hui, et j'avoue que je suis épuisé de servir d'insecticide contre les coléoptères de l'aliénation.
Mais il faut le dire et le redire : il faut détruire les institutions qui embrènent notre âme. Pasolini avait raison, nous sommes trop généreux envers la société de consommation. L'appellation en est déjà une preuve... Pourquoi ne pas l'appeler « néo-fascisme » ? Ceux qui seront contre cette idée seront parmi les aliénés, voire parmi les ennemis de la société.
Netflix, SCH, Shay et Niska sont par conséquent nos ennemis. Cessons de rester muet.
Cessons aussi de se leurrer, leur robe de gloire est tout compte fait une robe de honte, couleur « traître-de-la-société » c'est-à-dire et sans aucun doute en bleu blanc et rouge.
Confidents de ce cauchemar, ils jouissent des soupirs, des susurrements, des craquements, des râles, des goulées de la luxure. Ils exhibent leurs blasons de marques de luxe (Balanciaga, Cucci, Burberry) comme un publiciste exhibe son cul au capital.
Hypocrites de sentiments, hypocrites d'idées et faux pauvres, ils appartiennent à cette catégories d'odieux cafards, dont l'embonpoint est gonflé du pain des indigents qu'ils ont dépouillés, en volant l'âme des pauvres.
Leur barème et leur sens esthétique sont incompréhensibles pour les communs des mortels tant ils sont vides de sensibilité. Les capulailles, désormais surnuméraire, parlent qu'en cabotinage et se vêtent qu'en colifichets. Pour eux, il suffit d'avoir « faim » ou d'être un éphèbe ayant l'âme encore vierge pour continuer « l'aventure ». Pendant ce temps, l'industrie se frotte les mains à l'idée de pourlécher diaboliquement les pourtours du corps artistique de ces jeunes rappeurs encore si pudiques, si timides et à la fois si dévoués. Les adjectifs laudatifs que les juges exclament ( « c'est sale », « c'est noiiir ») évoquent avec cynisme le sort que l'industrie leur réserve. « Noir », « Sale », « Tout baiser », toute cette sémantique mobilise ce que disait Baudelaire : « Le marché est par essence satanique ».
Bref, on parvient à faire dégorger, sans escompte, deux ou trois millions d'euros aux capitalistes circonvenus. Jusqu'à présent, l'histoire est banale et cette banalité est tragique. La forme ? N'en parlons pas, elle est juste un ornement pour faire vendre. D'ailleurs, je ne vais pas en parler car la critique est déjà bien trop longue pour un tel sujet et enfin, j'ai de moins en moins de ressource à pratiquer cet onanisme littéraire qui revient d'écrire sur le vide et le désastre. En définitive, je ne vais pas parler de la limite géographique qui aurait dû former une sorte de rivalité régionaliste entre Paris – Bruxelles – Marseille et qui finalement perd toute sa dimension dès le 3ème épisode ; je ne vais pas parler des épreuves qui ankylose l'expression artistique des candidats ; je ne vais pas parler des exigences absurdement subjectives des juges auxquelles il est d'ordre politique d'en rire.
Je n'ai pas la présomption de vouloir formuler une critique uniquement négative, du coup si je me donne le blanc-seing d'être positif, j'admets que Netflix est remarquablement doué, cette impudente entreprise a colligé tous les lieux communs. Au moyen de cette industrie, SCH, Niska et Shay sont parvenus à se remplir d'un atome vivifiant de la gloire du télécrochet le plus avilissant sur les générations nouvelles, et ils hériteront de tout leur crédit.