fint.
La saison vient tout juste de se terminer sur arte, et on peut dire que les deux derniers épisodes permettent de donner à la série toute sa puissance. La force de cette série, c'est son intelligence...
Par
le 18 déc. 2015
22 j'aime
3
Voir la série
“Les endroits les plus sombres de l'Enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale” - Dan Brown, Inferno
Dans Occupied, personne ne veut visiter les endroits les plus sombres de l'Enfer. Chacun choisit son camps et chacun a de bonnes raisons de le faire. Car le Premier Ministre norvégien Jesper Berg est élu sur un programme écologiste et décide de stopper toutes productions pétrolières du pays pour forcer la transition écologique en Europe. L'Union Européenne, les lobbys et les grandes entreprises voient cette politique d'un très mauvais œil, jugeant cette transition forcée et immédiate trop brutale et coûterait bien trop chère aux Etats. Comme la Norvège ne semble pas vouloir revenir sur sa décision et que les Etats-Unis ne sont plus les gendarmes du monde, l'U.E. fait appel l'armée russe pour venir assurer la reprise de la production pétrolière. Le 1er Ministre est forcé d'accepter cette "occupation" car la Russie, appuyé par l'Union, menace d'entrer en guerre en cas de refus. Un succession d’événements plus ou moins fortuits aggravera le cas de la Norvège et lui fera connaître après toute tentative diplomatique une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Forte de ses personnages très bien écrits et possédant un réel fond, cette série parvient à nous faire vivre cette situation politique au cœur de la population norvégienne. Nous suivons en effet cette crise de manière interne, comme un citoyen. En effet, l'utilisation modérée mais toujours pertinente des chaînes d'informations nous fait vivre la situation en temps réel et la série nous offre différents points de vue permettant de ne pas sombrer dans un manichéisme où l'ennemi est, certes, désigné mais où les circonstances et les desseins de chacun nous font nous questionner sur qui a raison et qui a tort.
Nous suivons donc dans ces dix épisodes les différentes institutions d'un pays: la police et la justice avec Djupvik et sa compagne Hilde, l'Etat et le gouvernement avec Jesper et Wenche, le journalisme avec Eriksen et enfin le peuple avec la famille Eriksen/Norum. Toutes ces personnes se retrouveront liées entre elles et aux événements, et chacune aura un comportement propre face à la situation. Nous sommes donc témoins, comme dans toutes les situations de crise, de collaborations, de profiteurs, de résistants, de politiques impuissants et de personnes en quête de vérité.
Ce thriller politique n'est pas - comme certains ont pu le penser - si improbable que cela. Un contexte politique comme il est décrit dans cette série peut très bien devenir réalité d'ici quelques années sans que cela ne choque personne. La présence de seulement quelques personnages permet au spectateur de ne pas se perdre dans une trame qui, bien que complexe, reste fluide et logique.
En dehors de cette histoire très bien ficelée, qu'en est-il de la série en tant que telle?
Cette série est proche de la perfection dans sa sobriété. Les acteurs sont tout d'abord tous très charismatiques et apparaissent dans la série de manière régulière sans qu'il n'y ait d'épisodes focalisés sur un seul personnage. Concernant la structure générale d'un épisode, il débute toujours pas un récapitulatif du précédent, suivit d'un prologue et du générique, qui malheureusement n'est jamais bien placé, il survient subitement sans couper une scène au suspense haletant mais plutôt en brisant le rythme. Les épisodes ne se terminent pas par un cliff-hanger frustrant après un épisode banale voire inutile comme certaines séries y sont habituées car la série tout entière est un suspense. Ils sont en effet espacés par une ellipse parfois importante comme le montrent les titres des épisodes, reprenant les mois de l'année.
Certains dirons que cette série n'a rien d'extraordinaire dans sa conception, mais ce qui est extraordinaire c'est le fait que cette série n'a que très peu de défauts et que l'histoire est très intelligente. C'est le point fort de ces séries qui sont en fait un "long" film et pas une petite histoire étirée sur six mois en 25 épisodes. Pour conclure, il s'agit là d'une série de très bonne qualité qui plaira à ceux qui ont une curiosité géopolitique, moins à ceux qui recherchent de l'action, et à tous ceux qui sont curieux de nouveauté, d'originalité, de qualité et de dépaysement.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Séries
Créée
le 24 mai 2017
Critique lue 1.1K fois
4 j'aime
D'autres avis sur Occupied
La saison vient tout juste de se terminer sur arte, et on peut dire que les deux derniers épisodes permettent de donner à la série toute sa puissance. La force de cette série, c'est son intelligence...
Par
le 18 déc. 2015
22 j'aime
3
C’est peut-être l’une des caractéristiques de la sobriété : à la différence de certains concurrents, Arte met en avant ses programmes sans pour autant s’autoproclamer "créateur d’œuvres originales"...
Par
le 23 déc. 2015
15 j'aime
Occupied est une série géopolitique complètement absurde et par là une immense déception. L'idée était excellente, malheureusement, quand on écrit un scénario basé sur une intrigue politique, un...
le 20 févr. 2018
12 j'aime
9
Du même critique
C'est dans l'Indiana, état du Nord des Etats-Unis d'Amérique que Frederick Wiseman a décidé de poser sa caméra. Et plus précisément à Monrovia, ville d'à peine mille habitants. Quand je dis "posé",...
le 30 avr. 2019
4 j'aime
“Les endroits les plus sombres de l'Enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale” - Dan Brown, Inferno Dans Occupied, personne ne veut visiter les endroits les plus...
le 24 mai 2017
4 j'aime
Quelle déception ce film. Le plus gros problème de Spielberg selon moi est qu'il n'arrive pas à doser voire à choisir entre faire un film pour adulte, ou un film pour enfant. Il part sur l'idée qu'un...
le 11 mars 2017
4 j'aime