On n’est pas couché, c’est un peu comme si vous assistiez à un dîner de famille qui dégénère, sauf qu’au lieu de la dinde et du vin, on vous sert des débats enflammés, des punchlines assassines et des invités qui se prennent des uppercuts verbaux en plein visage. France 2 nous livre ici une émission où la bonne humeur est facultative, mais où les clashs sont garantis.
Animée par Laurent Ruquier, l’émission fait le pari audacieux de mettre sur un même plateau des invités aussi divers que des politiciens, des artistes, des écrivains, et des célébrités, avec deux chroniqueurs prêts à les découper en morceaux. Le résultat ? Un spectacle télévisuel qui oscille entre débat sérieux et pugilat verbal, où il n’est pas rare que les éclats de voix soient plus mémorables que les arguments.
Les chroniqueurs, c’est un peu le cœur du show. De Zemmour et Naulleau à Yann Moix et Léa Salamé, en passant par Christine Angot, chaque duo a son style. Certains optent pour la provocation pure, d’autres pour des critiques acides, mais tous partagent un même objectif : pousser les invités dans leurs retranchements. On pourrait presque les comparer à des gladiateurs modernes, sauf qu’au lieu d’épées, ils manient les mots comme des armes, et que leur arène est un plateau télé plutôt qu’un colisée romain.
Le schéma de l’émission est simple : un invité arrive, souriant, parfois un peu naïf, croyant qu’il va pouvoir parler tranquillement de son dernier livre ou de son dernier film. Mais très vite, il réalise que le plateau d’On n’est pas couché n’est pas un lieu de promo tranquille, mais un ring où chaque mot peut être retourné contre lui. Les questions fusent, les critiques tombent, et parfois, ça tourne au vinaigre. Et c’est là que l’émission devient à la fois fascinante et un peu fatigante. Vous ne regardez pas seulement pour les échanges d’idées, mais pour voir si quelqu’un va craquer, balancer une réplique cinglante, ou quitter le plateau en claquant la porte.
Si On n’est pas couché a su attirer un public fidèle, c’est aussi grâce à cette tension permanente entre le sérieux du débat et le plaisir coupable de voir des célébrités se faire malmener. Il y a quelque chose de presque cathartique à regarder des gens habituellement intouchables devoir justifier chaque mot, chaque idée, sous le regard impitoyable des chroniqueurs et du public.
Mais l’émission a aussi ses limites. À force de pousser à la confrontation, elle finit parfois par sacrifier la profondeur du débat au profit du spectacle. Ce qui aurait pu être un échange constructif sur un sujet d’actualité se transforme souvent en joute verbale où l’objectif semble être de "gagner" le débat plutôt que d’apporter des éclairages nouveaux. C’est un peu comme si la course à la réplique choc prenait le pas sur la réflexion. Résultat : on se retrouve parfois avec des discussions qui tournent en rond ou qui s'enveniment sans vraiment aller quelque part.
Et puis, il faut bien l’avouer, le format lui-même peut devenir répétitif. Après quelques épisodes, vous commencez à voir venir les pièges tendus par les chroniqueurs, les répliques sont souvent les mêmes, et les invités finissent par adopter des postures de défense bien rodées. À force de tensions et de confrontations, l’émission perd parfois en spontanéité et en surprise.
Visuellement, le plateau est plutôt sobre. Pas de fioritures, pas d’effets spéciaux, juste des fauteuils confortables, une table et des visages tendus. Le vrai spectacle est dans les échanges, pas dans la mise en scène. C’est un choix qui fonctionne, mais qui peut aussi rendre l’ensemble un peu statique, surtout quand les débats s’éternisent sur des points de détail.
En résumé, On n’est pas couché est une émission où le débat télévisé se transforme souvent en ring de boxe verbale. Si vous aimez les échanges musclés, les punchlines bien placées et les moments de tension palpable, vous y trouverez votre compte. Mais si vous recherchez des discussions plus nuancées et moins théâtrales, vous pourriez finir par trouver que cette émission mise un peu trop sur le spectacle et pas assez sur la profondeur. Préparez-vous à voir des invités se faire malmener, mais ne vous attendez pas toujours à en sortir grandi intellectuellement.