Saison 1 :

La grosse campagne de pub déployée par Paramount+ durant ses premiers mois de présence sur le sol français,  autour de Lioness, ne faisait pas très envie. Car, honnêtement, qui avait besoin, du moins de ce côté-ci de l'Atlantique, d'une autre histoire de commandos US hyper-équipés et hyper-efficaces, où, pour coller aux préoccupations actuelles, des femmes remplaçaient les habituels mercenaires masculins ? Zoe Saldaña - qu'on aime beaucoup, là n'est pas la question - en lieu et place des Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger du siècle dernier ? Vraiment ?

Mais le nom de l'omniprésent Taylor Sheridan comme showrunner et scénariste, que l'on est bien obligé désormais de considérer comme l’un des créateurs les plus intéressants de la télévision US, aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Et de fait, quand nous l'avons découverte avec sa première saison, nous avons réalisé que Lioness n'est pas une simple déclinaison féminine, au goût du jour, d’un récit d’espionnage et d'action classique. Oui, Lioness est un thriller passionnant et un film d'action respectable, mais c'est bien plus que ça, et ça frôle même - assez incroyablement même - le pur drame psychologique.

Inspirée par un programme militaire paraît-il réel, la première saison de Lioness suit Cruz (à noter l'excellente interprétation de Laysla De Oliveira), une jeune femme recrutée par la CIA pour infiltrer le cercle familial d'un homme puissant qui finance le terrorisme international, plus ou moins intouchable pour des motifs politico-économiques, en devenant l’amie intime de sa fille. Sous les ordres de Joe (Zoe Saldaña, qui livre une performance intense, incarnant une femme à la fois leader implacable et mère rongée par ses absences de son foyer alors que sa fille entre dans l'adolescence...), Cruz, qui est pourtant une véritable machine de guerre, découvre que l’art de l’infiltration n'est pas seulement une question technique, mais que la proximité avec sa cible va la mettre à la merci de dilemmes psychologiques et moraux inattendus.

Si le cadre de cette première saison est classique – une équipe de femmes "badass" (bon, il y a des hommes aussi !) opérant dans l’ombre pour protéger un monde qui ne soupçonne même pas leur existence –, Sheridan transcende rapidement cette trame pour explorer des questions plus profondes : quel est le coût du "devoir" ? Que reste-t-il de soi lorsque l’on doit constamment se réinventer pour manipuler les autres ? Et, plus classique mais tout aussi pertinent, peut-on espérer avoir une "vie normale", avec amour, famille et enfants, quand on... "n'existe pas", comme c'est le cas des membres du programme "Lioness" ?

Lioness offre dans sa première saison quelques séquences d’action spectaculaires, avec des affrontements physiques brutaux, parfaitement chorégraphiés, des scènes de bataille typiques des films de guerre hollywoodiens modernes, des explosions et des courses-poursuites. Certes, Sheridan utilise ces moments de violence comme des points d’orgue, mais son écriture accorde beaucoup plus d'attention à la psychologie de ses personnages, à l'exploration les fractures internes des protagonistes. . Quant à Cruz, sa trajectoire initiatique, depuis les abus dont elle a été victime dans sa jeunesse jusqu'à sa découverte d'une forme d'amour nouvelle, - si elle n'évite pas certains excès de l'idéologie anti-masculine actuelle - montre une oscillation intéressante entre désir de vengeance personnelle et quête d’appartenance...

La première saison de Lioness explore également les dynamiques de pouvoir aux US, dans un environnement dominé par les hommes. Elle montre les luttes que les femmes doivent pour exister, à tous les niveaux de la hiérarchie : même si le rôle de Nicole Kidman n'est pas très long, son personnage de patronne des opérations est passionnant, que ce soit dans sa relation avec son mari, impressionnante "intelligence sombre" dans les sphères du pouvoir (Martin Donovan, qu'on est heureux de revoir), que dans ses rapports avec sa hiérarchie et avec les décisionnaires politiques de la Maison Blanche.

A suivre, donc...

[Critique écrite en 2025]


EricDebarnot
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il y a 17 heures

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Eric BBYoda

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