Bon. La saison 1 m'a quasiment scotché. J'avais peur que la saison 2 ne soit pas au niveau. Elle ne l'est pas (voir mes raisons plus bas) mais sur la lancée... Après un bon début, quelques épisodes sont vraiment faibles. Mais la saison 3 décline très fortement.
Pourquoi ? A mon avis faute d'une direction assumée et assurée. Maintenant je comprends ce qu'est la fonction "show-runner" par la déficience dont fait preuve la série. Ca part dans tous les sens.
Dans la description des caractères d'abord. Par exemple Doggett sorte de prédicatrice allumée et violente dans la saison 1 devient, par un miracle pas plus invoqué que justifié, une sorte d'humaniste paumée. A moins que ce ne soit dû à ses nouvelles dents et son haleine fraiche.
Ou Suzanne l'excellente folledingue qui dans la saison 1 s'impose à Piper pour qu'elle devienne sa "femme" et dans la saison 3 n'ose pas aller à un rendez-vous dans un placard à balais (sûrement, mais les auteurs ne le suggèrent pas, par peur de ce que pourraient en dire les balais auxquels elle parle souvent).
Ou bien des flash-backs vraiment flash (mais c'est pas forcément un défaut), à la Lost, tendent à nous montrer qu'en fait elles sont en prison mais souvent pour une bonne cause (Miss Claudette) ou à cause de la lâcheté ou de la faiblesse ou le vice ou la perversité des hommes (pauvres d'eux), défauts qu'elles doivent compenser (Galina "Star Trek" Mulgrew) jusqu'au crime. Mais au fond elles sont de bonnes personnes (si on compare à Vee par exemple, seule caïdesse réellement assumée).
Les situations des personnages souvent trop prévisibles. Dayanara Diaz est mise enceinte en saison 1, accouche en saison 3 alors que Piper Chapman est condamnée à 15 mois. Elle a donc du faire environ 9 mois en milieu de la saison 3. Ca sent la prolongation de peine ou l'étirement temporel artificiel, cependant j'espère encore être surpris par les saison 4 et suivantes.
Le ton. Humour léger ponctué de gravité mais pas trop quand même. Humour mais avec message mais pas dans l'humour ça casserait la comédie donc à côté de l'humour, le message. Et surtout ne rien oublier pour cause de taux (positif ou négatif, à vous de choisir) de communautarisme/sexisme à respecter. Donc lourdingues les messages qui maltraitent les sujets qu'ils traitent.
Les auteurs semblent respecter une feuille de route sans oser franchir franchement (allitération en fr qui fait froid dans le dos) le carrefour, comme si eux aussi étaient à l'orange, ni rouge, ni vert. Comme indiqué plus haut, les personnages ne sont pas dans le gris, ils sont tour à tour noir ou blanc, brave ou salaud. Il est vrai que faire du gris nuancé dans l'humour n'est pas facile, et l'humour noir féminin doit être réservé à la Blanche Gardin d'outre-atlantique...
Heureusement, les actrices sont top (je veux pas écrire bonnes, trop de connotations). Mention, pour ma part, à Uzo Aduba (déjantée Suzanne) et Lea DeLaria dont le physique de camionneuse rend crédible toutes les interventions "trash". Ben oui, les clichés marchent aussi au féminin.