Orgueil & Préjugés version BBC 1995, c’est un peu comme un très bon thé Earl Grey : raffiné, élégant, et avec juste assez de piquant pour te tenir en haleine tout en te transportant dans les salons feutrés et les manoirs immaculés de la campagne anglaise. Adaptée du roman de Jane Austen, cette mini-série a non seulement marqué des générations de fans, mais elle a aussi réussi à rendre sexy les silences gênants et les regards en coin échangés lors de bals où l’on n’ose à peine se frôler les mains.
Nous voilà plongés dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, où les manières sont aussi rigides que les corsets, et où l’honneur d’une famille entière repose sur un bon mariage arrangé. Le drame de la famille Bennet ? Cinq filles à marier, et pas un seul héritier mâle en vue pour sauver la mise. La seule solution : dégoter des époux aussi riches que respectables pour éviter la ruine sociale et financière. Autant dire que Mrs. Bennet, la mère, est en mode panique totale pendant tout le show, transformant chaque rencontre entre une de ses filles et un gentleman en un potentiel contrat de mariage.
Au centre de tout cela, on retrouve Elizabeth Bennet, l’héroïne audacieuse et délicieusement ironique qui, en plus d’être bien plus intelligente que la plupart des hommes de son époque, refuse de se marier par simple convenance. Et là, entre en scène Mr. Darcy, le type le plus snob, le plus froid et le plus mystérieux que tu puisses imaginer. Avec son regard hautain et son air perpétuellement contrarié, il te donne l’impression qu’il juge ton choix de biscuits lors du thé de 16h. Au début, tu te dis : "Mais c’est qui ce mec avec son air méprisant ?". Puis, au fur et à mesure, tu te retrouves à te demander : "Et si c’était le mec le plus romantique de l’histoire, en fait ?".
Et oui, Orgueil & Préjugés est tout ça. Une histoire de premiers jugements ratés, de fierté mal placée et de préjugés à déconstruire. Elizabeth pense que Darcy est un prétentieux insupportable (spoiler : il l’est un peu), tandis que Darcy, de son côté, tombe amoureux d’elle tout en luttant contre son propre orgueil. C’est la danse du flirt la plus tendue et la plus passive-agressive de l’histoire des romances. Ils se lancent des piques, ils se regardent de travers, et toi, tu es là, à attendre qu’ils se sautent enfin dessus (avec classe, bien sûr).
Le casting est absolument parfait. Jennifer Ehle incarne Elizabeth avec un charme malicieux qui te fait comprendre pourquoi Darcy craque pour elle, et Colin Firth… parlons-en, de Colin Firth. Son interprétation de Darcy est devenue légendaire, au point où des générations de spectateurs associent ce personnage à lui, surtout après LA scène. Oui, LA scène. Si tu n’as jamais entendu parler de la fameuse sortie de Darcy de l’étang, chemise blanche mouillée collée au corps, tu as manqué un moment clé de la télévision britannique. C’est le point culminant de la tension sexuelle à l’époque victorienne, à une époque où même un contact visuel prolongé était jugé osé.
Visuellement, la série est un délice pour les yeux. Les paysages verdoyants, les demeures somptueuses, les robes délicatement brodées… tout dans cette adaptation transpire l’élégance et la richesse du détail. C’est comme une carte postale de l’Angleterre aristocratique, où chaque plan est une œuvre d’art en soi. Même les salons les plus ennuyeux deviennent des lieux de tension dramatique sous la caméra de la BBC. Tu as l’impression de pouvoir sentir le thé et les biscuits, et presque de participer à ces dîners guindés où chaque réplique est un duel d’esprit.
Le rythme, bien que lent pour certains, est parfaitement dosé pour laisser chaque réplique bien ciselée faire son effet. Ici, pas de précipitation, pas de scène d’action explosive (à moins que tu considères un échange de regards assassins comme une explosion). C’est un ballet de mots et d’émotions retenues, où la moindre inflexion de voix compte autant qu’un baiser passionné dans une autre série. Chaque "Madame" ou "Monsieur" cache un monde d’émotions non dites.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, avec des figures inoubliables comme Mr. Collins, le clergyman le plus désespérément ridicule de l’histoire, qui tente maladroitement de demander Elizabeth en mariage. Mrs. Bennet est l’incarnation même du stress parental dans sa quête incessante pour marier ses filles, et Mr. Bennet contrebalance ce chaos avec son flegme britannique parfait, balançant des répliques sarcastiques comme si c’était sa principale mission dans la vie.
En résumé, Orgueil & Préjugés (BBC 1995) est une œuvre d’art télévisuelle qui a capturé l’essence du roman de Jane Austen avec une finesse rare. C’est une série qui sait que parfois, les histoires d’amour les plus passionnées ne naissent pas des gestes grandiloquents, mais des regards échangés dans un salon feutré, des silences chargés de sous-entendus, et, bien sûr, d’une chemise mouillée sortie de nulle part. Si tu aimes les romances intelligentes, les dialogues piquants et les duels d’orgueil, alors Orgueil & Préjugés est fait pour toi. Et n’oublie pas, derrière chaque Darcy froid et distant se cache peut-être un homme prêt à plonger dans un étang pour toi.