Il se pourrait qu'il me manque des clés, étant donné que je n'ai pas vu Orphan Black, mais je suppose que ces échos sont faits pour tenir debout tout seuls. De toute façon, trop tard, j'ai commencé par eux. Dans un futur pas trop lointain où les téléphones sont juste ultra-plats et les voitures encore plus mastoques que maintenant, une scientifique parvient à imprimer un clone humain. On l'a laissée développer cette technologie de psychopathe sous prétexte de fabriquer des organes de rechange à des malades. L'enfer étant pavé de bonnes intentions, il y avait fort à parier que l'invention soit dévoyée aussitôt mise au point. On fait toujours ça. Et il se trouve toujours un Musk quelconque pour pousser l'expérience au fin fond de ses limites. C'est tout nous, ça. Les auteurs de dystopies ou d'anticipation ont donc beau jeu de s'inspirer des débats contemporains pour imaginer des avenirs trépidants, où de braves gens doivent affronter les névroses de tous les autres. C'est parti donc pour un de ces suspenses aux recettes éprouvées, avec des rebondissements réguliers et des contretemps insurmontables vite surmontés. On sait à quoi s'attendre. Par contre, les dialogues indigents et les scènes à la soap opera des premiers épisodes constituent une surprise. Heureusement, ça se corrige un peu à partir du 5ème, mais il faut avoir de la patience, et supporter, en prime, que le 10ème finisse en queue de poisson, annonçant à l'évidence une 2ème saison que mon bouquet ne diffuse pas... Cette (légère) frustration va certainement déboucher sur un gros épisode d'amnésie au moment de voir enfin la suite, parce que, quand même, il n'y a rien là d'inoubliable. J'ai achoppé tout du long sur le manque de ressemblance entre les actrices censées incarner la même personne à trois âges différents. Pas facile de se mettre dans le bain à ce tarif-là. L'avantage pour elles, par contre, c'est que quand l'un de leurs personnages disparaît, y'a moyen de continuer à bosser quand même, avec une histoire aussi farfelue. Je ne sais pas si c'est un effet secondaire de la prolifération administrative en France, mais je me suis quand même souvent interrogée sur l'absence d'autorités de référence dans cette histoire de scientifiques en roue libre. Un effet du grand libéralisme américain, peut-être ? Vous imaginez, vous, qu'un scientifique puisse bidouiller des trucs coûteux et dangereux dans des labos sans qu'on lui demande des piles de paperasse pour justifier le moindre achat de tubes à essai ou envoyer un fonctionnaire de l'hygiène pour scruter les surfaces de son labo à la loupe ? Sans compter que les personnages ne sont jamais, jamais confrontés au moindre problème informatique ou technique. De la pure fantaisie, donc, mais au final une histoire qui se laisse suivre malgré tout. On ne peut pas dire que l'actrice centrale, qui joue Lucy, soit sereinement sélectionnable pour la course aux Oscars...