Si vous êtes nouveau dans le vaste monde des anime et de la culture nippone, et que vous avez vu cet anime sur le trône les charts senscritique, passez votre chemin. Cet anime demande pour être apprécié (tout court) de bien connaître toute cette scène.
Si vous souhaitez commencer la série des Monogatari, ce n'est certainement pas par cette seconde saison qu'il faut commencer, ni même par Owarimonogatari premier du nom, qui n'est qu'une partie de la saison finale! Redirigez vers Bakemonogatari, le véritable premier opus.
Je considère désormais que vous avez regardé la série des Monogatari jusqu'à Owarimonogatari inclus. Sachez que la saison Koyomimonogatari est nécessaire (et j'insiste!) pour pouvoir regarder cette seconde saison.
Ne devraient rester que ceux qui ont fini cet anime, et souhaitent en discuter (ce qui signifie spoils à venir sur l'intégralité de Monogatari jusqu'ici). Effectivement, tout cela est paradoxal : parler du problème Monogatari en attribuant une note parfaite. Tout d'abord, je précise que cette critique porte sur l'intégralité de la série des Monogatari jusqu'ici (désolé Zoku...), dont ces quelques épisodes ne sont que l'apothéose (je parlerais bien sûr plus en détail de cette saison par la suite).
Monogatari, c'est le meilleur anime qui ait été fait, mais que je ne peux recommander à personne. Je ne vais pas m'amuser à répéter ce que tout le monde a déjà dit : les visuels, les openings, les personnages, tout cette satire du genre de l'ecchi... Je me permet ceci dit de rajouter que selon moi, tout paraît si différent en raison de l'abstraction visuelle constante dans Monogatari. Les visuels sont surréels par définition, et ne sont que la vision biaisée qu'ont les personnages de la réalité. Tout cela est magnifiquement réussi.
Comme dit, je ne peux recommander cet anime à personne? La cause en est évidente pour ceux qui ont regardé jusqu'ici : le fanservice proéminent. Disqualificatif pour beaucoup, dont moi, s'il n'était pas si compliqué. Parce que oui, Monogatari à l'origine, c'est une satire de l'ecchi. D'un côté, je suis tenté d'y trouver une justification bien commode aux horribles actes pédophiles, et d'aggresseur sexuel d'Arararararagi. De l'autre, je ne peux m'empêcher d'en être critique.
Observons tout de même cela de près : Monogatari est une satire, qui désire par là-même s'émanciper de ce statut réducteur et constituer une oeuvre à part entière. C'est réussi par ailleurs. La "fan service" de Monogatari est constamment justifié par la psyché des personnages. On parle d'adolescence, du rapport à soi, à son corps, à sa sexualité. Monogatari fait un excellent travail de reconstitution d'une part d'à quel point les adolescent masculins sont "en chien", et d'autre part du désir des filles de plaire, et de leur utilisation de leurs.... avantages. Monogatari, avant d'être une histoire de vampire, c'est des gosses paumés, et les 'apparitions' ne sont que la conséquence directe de leurs problèmes.
En fait, l'extrême majorité du fan service trouve quand même une justification que je juge satisfaisante : Hanekawa joue de son corps dans l'espoir de séduire Salad'ragi -- méthode curieusement vouée à échouer; et c'est en quelques sortes la même chose du côté de Senjyogahara. Kanbaru explore simplement sa sexualité, et Hachikuji.... bon en fait le vrai problème dans l'histoire : c'est Hachikuji.
Ma théorie sur la relation entre Cracraragi et Hachikuji est qu'elle est un marqueur de son évolution en tant qu'homme. La première saison montre un personnage assoiffé de sexe, tandis que plus le temps passe, moins il est enclin à ces excès, jusqu'à ne pas le faire du tout. Ceci dit, ce n'est jamais clairement explicité dans le scenario, ce sont simplement des théories de ma part pour trouver du sens dans ce qui est à mon sens, la manière tordue de Shaft de faire du fan service. Ou de critiquer l'ecchi. Ou les deux.
Monogatari est tellement alien, qu'on ne sait pas si ces excès (la fameuse scène de la brosse à dent, les bains en groupe beaucoup trop récurrents,...) servent à pousser le bouchon de l'ecchi beaucoup trop loin, ou que Shaft essaient de faire du fan service, de leur manière Monogatari-esque.
Là est tout le problème de Monogatari : l'anime ne se prend jamais au sérieux, mais parvient à l'être, ce qui crée une continuelle amguité quant à ce genre de choses. Dans tous les cas, en tant que spectateurs, nous sommes en droit -- nous devons, dans les faits-- remettre en question ce genre de scène, que l'on a (malheureusement) tendance à laisser passer par lassitude dans les anime habituels. Peut-être est-ce là la marque du génie de l'anime : traverser des limites qu'on aurait crues, qu'on aurait aimé aussi, infranchissables, afin que l'on questionne enfin ces pratiques douteuses de fan service, et de sursexualisation dans les anime.
Par ailleurs, plus le temps passe, plus ces éléments disparaissent au profit d'une histoire plus riche (corrélée à l'apparition d'Ougi). La seconde saison, non prévue initialement par Nishio Ishin, traite la sexualité d'une manière très différente, à travers notamment le personnage de Sengoku Nadeko, archétype 'kawai' mais qui déteste l'être. On citera aussi Oshino Ougi et Sodachi Oikura, peu/pas sexualisés.
Tout cela nous mène à cette partie, consécration de tout le travail précédent. On retrouve les visuels abracadabrants, la relation entre Senjyogahara et Arakiri, ainsi que la tendance douteuse de ce dernier au suicide, la fin de son adolescence représentée magnifiquement à travers un florilège de symboles, et aussi.... un bref retour des problèmes avec Hachikuji. J'ai finalement assez peu à dire de ce point de vue, qui n'ait été dit mille fois avant.
En conclusion, Monogatari est véritablement un anime mature (M), de par la compréhension des enjeux qui l'accompagnent nécessaire pour pouvoir ne serait-ce qu'être capable de regarder. Il nous invite à réfléchir sur la situation de la sexualisation dans les anime, ce que j'ai maigrement tenté de faire ici. Je m'en vais donc danser sur les airs de Platinium Disco en vous laissant à vos propres réflexions...