Fuck you, fucking motherfucker!
La prison, c'est cliché. C'est déjà vu, c'est lourd, et puis quoi qu'on fasse, impossible de s'identifier à ces crapules qui ont bien mérité ce qui leur arrive. C'est un peu ce qu'on peut se dire d'une oeuvre basée sur l'univers carcéral.
Sauf que c'est Oz.
L'histoire se déroule dans le pénitencier d'Oswald, plus particulièrement dans le bloc appelé Emerald City, un quartier expérimental où des détenus (généralement des longues peines) occupent une place (et donc un métier) dans la communauté, disposent d'une certaine liberté de mouvement mais doivent, en contrepartie, accepter d'être sans cesse sous le regard des gardiens, même en plein sommeil. L'expérience produit des résultats relativement corrects, sous la houlette de son instigateur, McManus. Une sorte de statu quo est maintenu entre les différents gangs (néo-nazis, noirs, latinos, siciliens, musulmans), et si les frictions, trafics et magouilles restent monnaie courante, les pensionnaires modifient peu à peu leurs habitudes de violence. C'est sans compter sans un gouverneur qui veut flatter l'électorat en durcissant le système, notamment en interdisant cigarettes et visites conjugales. De nouveaux détenus changent également la donne, comme Kareem Saïd, leader musulman charismatique ayant décidé de fédérer les croyants de la prison sous sa houlette... Peu à peu, les incidents (y compris des décès) se multiplient, et Em City se transforme progressivement en zone de guerre...
Oz, c'est plein de bonnes choses. Ce n'est d'habitude pas mon souci premier, mais je me dois de saluer le casting hallucinant de la série. Chaque acteur est parfaitement à sa place, et remplit son rôle de façon plus vraie que nature.
Ensuite, l'écriture. Dans Oz, tous les personnages sont attachants, malgré qu'ils soient des crapules de haut vol pour la plupart. On se surprend à ressentir une véritable empathie pour eux, même dans leurs pires moments, quand ils tuent, volent ou cognent.
Il faut dire que le moindre plan a été pensé méticuleusement: Le passé des détenus nous est raconté brièvement par Augustus Hill, prisonnier en chaise roulante, tandis que l'on les voit commettre le crime à l'écran. Souvent, un réel déclage existe entre la sentence (prononcée par Hill) et le crime, accusant clairement un système injuste, inefficace et inégalitaire.
C'est d'ailleurs certainement l'élément central de la série, ce procès du système carcéral en particulier et plus généralement l'ensemble du système. Si on s'attache aux prisonniers, c'est parce qu'aucun d'entre eux n'a été pris en charge correctement par le système. Les fous côtoient les gosses des ghettos, enrôlés dans les gangs au biberon, issus d'une famille de taulards, condamnés par la fatalité à commettre encore et encore les mêmes erreurs. Certains n'ont connu que la violence toute leur vie et ne connaissent tout simplement aucun autre moyen d'expression, alors que d'autres ont simplement fait une connerie qui a pris un tour dramatique. Sans compter les simples accidents. Aucun d'entre eux n'a choisi d'être ce qu'il est, et si certains se complaisent effectivement dans la situation, d'autres cherchent la rédemption Peine perdue lorsque notre quotidien consiste à côtoyer la lie de l'humanité...Finalement, on réalise que tous ont mérité la prison à des degrés divers, aucun d'entre eux n'a jamais été à sa place, avant et après que le crime soit commis.
Je pourrais parler pendant des heures de cette série, tout simplement parce qu'il y a des tonnes de choses à dire, tant sur le fond que sur la forme. C'est bon, c'est puissant, c'est marquant.
HBO <3
Saison 1:10/10. En tant qu'oeuvre individuelle, cette première saison de Oz atteint tout simplement la perfection. La palette des émotions est immense, les bonnes idées se succèdent plus vite qu'on ne peut l'imaginer, et on passe tout simplement un très bon moment à chaque épisode.
Saison 2: 9/10. La même chose, sans toutefois atteindre la même force que la saison 1, ni la même perfection scénaristique. Em City reconstruite, les différents groupes sont limités et siègent à un conseil permettant de régler le fonctionnement interne de Em City. Mais en fait, concrètement ça ne change pas grand-chose. On peut déplorer également de nombreuses intrigues toutes semblables (Truc est sur le chemin de la rémission -alphabétisation, désintox,... mais un élément, généralement un connard jaloux, vient tout gâcher). Pas mal de thèmes sont brassés, généralement avec bonheur, et les acteurs sont toujours aussi plaisants. Oz fonctionne toujours, mais une baisse de niveau est perceptible.
Saison 3: 8/10: si j'avais un reproche essentiel à faire à cette saison, c'est la construction. On ne sait pas où ça va, pourquoi on est là et finalement on ne réalise qu'à la fin ce qu'il s'est passé.. Finalement, on reste dans la logique de la perte progressive de qualité par rapport à la première saison, en ce que celle-ci fourmillait de rebondissements, une véritable progression dans l'intrigue se faisait ressentir, qui est déjà bien moins présente dans la 2ème saison, et encore moins ici. Toutefois, la fin est intéressante. Néanmoins la lassitude s'installe, malgré l'arrivée régulière de nouveaux protagonistes, pour plusieurs raisons: déjà, on a l'impression que les actes posés n'ont plus aucune conséquence, des détenus meurent à la pelle et on dirait que tout le monde s'en fiche, en cela ça manque de cohérence. Aussi, il est courant de voir des personnages changer totalement de personnalité pour servir l'intrigue, et personnellement c'est un truc relativement courant dans les séries qui m'énerve au plus haut point. Les points positifs sont toujours les mêmes, inutile de les citer. Cette saison n'est pas réellement moins bonne que la deuxième, mais plus on avance dans la série, moins certains défauts sont acceptables, fort logiquement la tolérance s'émousse. Par contre c'est impressionnant le nombre d'acteurs qui passent par cette série et qu'on retrouvera régulièrement par la suite.
Saison 4: 9/10: c'est inimaginable le nombre de trucs qui se passent, bouleversant pas mal d'aspects présents depuis la première saison. Disparition de certains personnages, arrivée d'autres, évolution permanente des rapports de force,... Plein de thèmes sont évoqués, de la haine raciale à la rémission en passant par l'engagement philosophique.Certains défauts restent présents, comme ce côté slasher encore même pire que d'habitude (si on fait la moyenne on a certainement plus d'un meurtre par épisode) qui frise parfois l'absurde, mais ça sert le propos.
Saison 5: 9/10: il se passe encore une fois des tas de choses, et certains rôles se révèlent proprement fascinant (je pense notamment à Omar White, incarné par Michael Wright, très réussi). La saison se termine sur un final qui bouleversera certainement quiconque suit la série depuis le début, et annonce l'arrivée de la fin prochaine. Pas le temps de m'étendre, la saison 6 m'attend!