Law and order
Il y a des oeuvres où les maigres défauts sont littéralement écrasés sous d'énormes qualités. C'est le cas d'Oz. Car des défauts, il y en a. Commençons par cela. D'abord, une fausse bonne idée :...
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le 16 oct. 2012
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Oz, c'est la série qui t'attrape à la gorge dès le premier épisode et ne te lâche plus jusqu'à ce que tu sois aussi essoré que les détenus d’Emerald City, cette prison expérimentale où l’humanité vient se faire démolir brique par brique. Imagine un mélange de Shawshank Redemption sans l’espoir, et Orange Mécanique sans l’humour noir. Voilà, bienvenue à Oz, où les seules choses qui brillent, ce sont les regards de folie et les lames bien aiguisées.
Emerald City, le cœur de Oz, est un microcosme infernal où des groupes de détenus tentent de survivre dans un équilibre aussi fragile qu’un château de cartes dans une tornade. Ici, on n’est pas là pour regretter ses crimes ou pour devenir une meilleure personne. Non, Oz, c’est l’arène de gladiateurs moderne, où chaque interaction peut te coûter une dent (ou la vie). En fait, c’est presque un jeu d’échec humain, mais avec des règles où tout est permis, surtout les coups bas.
Le concept d’Emerald City, c’est un peu le rêve naïf d’un administrateur qui croit que la réhabilitation passe par la responsabilité. Mais dans un univers où la violence, le racisme, la trahison et la manipulation sont les seules monnaies d’échange, c’est plus un cauchemar éveillé. Ici, chaque détenu appartient à une tribu : les Aryens, les Italiens, les musulmans, les Latinos, les Afro-Américains... et chacun a ses propres lois, codes et façons d'éliminer ses ennemis.
Parlons des personnages, qui sont la colonne vertébrale de cette série. Tobias Beecher, c’est l’archétype de l'homme lambda plongé dans un tourbillon de folie. Un avocat bien sous tous rapports qui, après un accident de voiture sous l’emprise de l’alcool, se retrouve catapulté à Oz. Et là, oublie tout ce que tu sais sur les avocats arrogants : Beecher se fait démolir, aussi bien physiquement que mentalement. Les premières saisons sont une lente descente aux enfers pour lui. Et crois-moi, l’enfer n’est pas une métaphore.
Puis il y a Vernon Schillinger, le suprémaciste blanc, une ordure machiavélique qui fait passer le mal pour une discipline olympique. C’est un mec qui, sous ses airs d’homme d’honneur pour sa "cause", est un psychopathe qui fait de Beecher son souffre-douleur préféré. Leur relation, oscillant entre tortures physiques et psychologiques, est le cœur sombre de la série.
Mais attends, il n'y a pas que des monstres. Kareem Saïd, le leader des prisonniers musulmans, apporte une certaine profondeur morale à ce monde brutal. C’est un homme convaincu que même dans ce trou noir, il peut y avoir de la rédemption. Mais bien sûr, dans Oz, la rédemption est un luxe, et Saïd en paie le prix fort.
Et n’oublions pas Ryan O’Reilly, le manipulateur par excellence. Ce type est un maître marionnettiste, tirant les ficelles dans l'ombre, jouant tout le monde les uns contre les autres avec une intelligence aussi froide qu'efficace. Il pourrait vendre de la glace à un Inuit tout en le poignardant dans le dos.
Visuellement, Oz n’a pas besoin d’effets spectaculaires. Les cellules claustrophobiques, les néons blafards, et les couloirs vides créent une ambiance oppressante qui te donne l’impression d’être toi-même piégé. Chaque coin de Oz transpire la tension, la violence prête à exploser à tout moment. Et c'est exactement ce qui se passe : des coups de couteau dans la cantine, des complots dans la cour de récréation... et des exécutions en sous-sol. Ici, la mort est aussi banale que le repas du midi, servi avec une pincée de trahison.
La structure narrative de Oz est aussi unique que déroutante. Chaque épisode est un patchwork de destins brisés, de trahisons et de manipulations. Tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Un personnage qui semblait intouchable peut mourir de la manière la plus brutale à la fin d’un épisode, tandis qu’un autre, que tu détestais au début, pourrait bien devenir ta seule boussole morale. Et au milieu de tout ça, il y a le narrateur, Augustus Hill, cloué dans son fauteuil roulant, qui commente les événements avec un mélange de cynisme et de sagesse. Il est un peu la conscience tordue de la série, te rappelant que, oui, même dans cet enfer, il y a des règles... ou du moins des leçons à tirer.
Mais ce qui rend Oz vraiment unique, c’est sa brutalité psychologique. Ce n’est pas seulement la violence physique qui te frappe, mais la dégradation mentale des personnages. C’est une plongée dans l’âme humaine à son état le plus primitif. La prison devient un miroir déformant où chaque détenu est poussé à bout, et tu te rends compte que personne n’en sort indemne, ni les prisonniers, ni les gardiens, ni toi, le spectateur.
En résumé, Oz est une expérience télévisuelle qui te met face à la réalité crue de la survie. C’est une série qui ne recule devant rien, qui n’épargne aucun personnage, et qui te laisse souvent les tripes nouées. Ici, le terme "survie du plus fort" prend tout son sens, mais même les plus forts finissent par se briser d’une manière ou d’une autre. C’est un spectacle aussi fascinant qu’il est terrifiant, un huis clos infernal où chaque instant peut être ton dernier. Si tu oses t’aventurer dans Oz, prépare-toi à en ressortir changé.
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Créée
le 15 oct. 2024
Critique lue 4 fois
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