Une série particulièrement bien rythmée par le réalisateur de I, Tonya, permettant de découvrir les coulisses (très romancées) de l’histoire de la sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee ayant défrayé la chronique au milieu des années 90, à vrai dire je ne m’étais jamais posé la question du pourquoi du comment et j’ignorais que la cassette fut dérobée à leur domicile par un artisan se vengeant d’avoir été arnaqué par le couple, déjà le principe de base paraissait assez insolite et amusant. C’est vraiment ce qui m’a donné envie de voir la série, d’ailleurs le contexte de l’époque est plutôt bien retranscrit, du moins de manière divertissante, que ce soit par la forme "punchy" dans sa mise en scène jouissivement scorsesienne ou son enrobage musical (brin de nostalgie), ou le fond de par l’essor du marché relatif au far west de l’internet 1.0; les acteurs campent quant à eux leurs rôles avec brio, on ne doute jamais des personnages malgré des transformations physiques renversantes.
Pam & Tommy est avant tout une histoire d’amour entre deux individus tragiques, le sex-symbol prisonnière de son image voyant son intimité jetée en pâture et le musicien en bout de course aux pulsions dangereuses, la série joue avec la caricature que l’on peut en avoir, n’hésitant pas le trash comme le nu intégral et allant même faire dialoguer Tommy Lee et sa bite, mais aussi avec une face plus dramatique, celle de ce couple fissuré par cet événement. Ce qui relie l’histoire de ce vol de propriété privée aux thématiques contemporaines, comme le consentement et l’inégalité du traitement homme-femme, où Pamela en sortira humiliée et Tommy enorgueilli, bien que dans les faits cela a aussi permis de leurs donner une nouvelle ou seconde carrière, même si autre que ce qu’ils espéraient..
C’est du côté du voleur, Rand Gauthier, que je trouve que la série surjoue un peu, comme pour le laisser aux prises d’un mafieux sorti tout droit des Soprano et surtout à la fin, lorsqu’il trouve enfin l’argent pour le rembourser et sortir de la panade, préfère laisser une dote morale au personnage de Taylor Schilling, fort du café.
Mais là où je trouve le show vraiment intéressant c’est de suivre les rouages d’un nouveau business, à savoir partir qu’une cassette dérobée se retrouvant propulsée en vidéo disponible gratuitement puis privatisée sur l'internet encore branché au 56k, tout ça en peu de temps, et où le phénomène sextape a démarré, non sans mal évidemment, tout le sujet est là. L'excitation du voyeurisme morbide pour se nicher dans les draps de célébrités glamour, une sorte de found footage érotique à l'heure de Big Brother, Pamela Anderson et Tommy Lee ont en quelque sorte essuyé les plâtres malgré eux de starlettes qui suivront le pas, de leur plein gré pour le coup, comme Paris Hilton ou Kim Kardashian pour ne citer qu’elles. On y voit aussi brièvement le début des cam-girls, plus que jamais populaires 25 ans après, un marché comme un autre me direz-vous..
Ironie du sort, après avoir signé les papiers faisant de son image une propriété privée Pamela Anderson récidiva dans une autre sextape avec le chanteur Brett Michaels et dénonça des années plus tard l’industrie du porno.