Tout le monde a eu la même réaction lorsque Disney a annoncé la mise à disposition sur sa plateforme de streaming de "Pam & Tommy", une mini-série inspirée de l'histoire vraie de la première sex tape, celle de Pamela Anderson et son mari Tommy Lee, qui, en 1995, a généré un incroyable business de cassettes VHS et a mis accéléré la fin de carrière des deux amoureux tout en détruisant leur couple. Quel intérêt ?
Eh bien l'intuition littéralement géniale de Robert Siegel a été de concevoir son "Pam & Tommy" comme le biopic terriblement crédible, voire bouleversant dans le dernier épisode, d'une belle histoire d'amour (car après tout, même si Tommy Lee était un sombre crétin et Pam une starlette sans grand talent, qui oserait leur interdire de vivre une vraie passion ?), tout en l'intégrant dans une visite terriblement édifiante d'une époque encore radicalement différente de la nôtre, alors qu'elle date de moins d'une trentaine d'années. Le sexisme règne en maître - et Pamela, fantastiquement incarnée par une Lily James qui trouve ici son meilleur rôle, va se le prendre en pleine face -, Internet commence à se déployer, attirant toute sorte de vautours qui vont rapidement en saisir le potentiel commercial, et la sexualité "privée" n'est pas encore devenue le business et le mode de communication universel qu'elle est de nos jours.
"Pam & Tommy" est filmée, mise en scène et montée sur le modèle des chroniques survoltées à la Scorsese, et se révèle, après un premier épisode divertissant qui louche du côté de la série "Fargo" avec un Seth Rogen méconnaissable, une remarquable réflexion sur la naissance des maux qui ont conduit à la situation actuelle d'hystérisation de la célébrité et du sexe, et de business tout azimut. On rit, on est émus, on réfléchit, mais surtout on n'est pas loin du tout du grand cinéma.
La grosse (et bonne surprise) de ce début d'année 2022 !
[Critique écrite en 2022]