Créée par Jack Orman, un vétéran d'Urgences, produite et réalisée par le génie derrière la caméra de The West Wing, je me demande encore comment la série de ABC a pu être comparé à cette infamie de Playboy Club. Certes, les deux shows partagent une ère spécifiquement choisie pour attirer les fans de Mad Men. Mais là où les lapines ne faisaient que copier bêtement en rajoutant des histoires de mafia, les hôtesses vont plutôt fouiller dans la plus grande tradition des dramas de network. En rajoutant des histoires d'espions. Personne n'est parfait.
Car on est bien devant une série de network pure et dure qui mêle romance et frisson, petite et grande histoire, arcs narratifs exigeants et intrigue de la semaine... Un cast choral composé des quatre hôtesses et de leurs deux pilotes où personne ne tire la couverture vers soi (Il y a bien la pile électrique Christina Ricci pour jouer les stars, mais celle-ci reste au même niveau que les trois autres). Et avec Karine Vanasse en merveilleuse surprise. Enfin un bon rôle de française (jouée par une canadienne) à la télévision américaine.
Bref acteurs et réalisation impeccable (alors qu'en soit, un jet, c'est pas forcément un décor hyper pratique). Reste l'écriture globale. Si l'histoire d'espionnage patine un peu pour le moment, la série fait un grand bon qualitatif dès le troisième épisode pour ce qui est de la contextualisation. Un épisode très bien foutu autour de la visite de Kennedy à Berlin (celui où il dit qu'il conduit une berline) qui met en parallèle la guerre froide, le nazisme et la destinée tragique du président à venir dans les prochains épisodes (je parie sur l'antépénultième épisode à Dallas). Une histoire qui trouvera son point d'orgue au moment où la française entonnera en public le couplet « Deutschland über alles » dans l'ambassade américaine, par pure provocation. Un couplet qu'on aime plus vraiment chanter en Allemagne depuis 1944. Et ceci sans notes explicatives de la part d'un personnage. En bref, une série qui te prend pas pour un con.
La condition féminine est bien entendu abordée sans pour autant en faire des pataquès. La présence d'une ancienne hôtesse de Pan Am dans l'équipe de production aide à renforcer l'authenticité de la chose, notamment dans la description des règles absurdes de l'époque (la pesée matinale, le célibat forcé et j'en passe).
Une série à l'ancienne donc, de qualité supérieure à la moyenne des bouses que nous fournissent les networks depuis plusieurs années et digne héritière appliquée des West Wing, Urgences, Lost ou Friday Night Lights. Le temps passe et Pan Am reste la même.