"What I stand for is gone."
D'accord, j'avoue tout, après avoir vu le Sherlock de la BBC, je me suis demandé si, d'une part, la chaîne avait produit d'autres perles qui avaient échappé à ma vigilance et, d'autre part, si Cumberbatch pouvait jouer un personnage beaucoup moins mystérieux que le fameux détective tout en restant convaincant.
De mauvaises raisons, donc, mais pour une jolie découverte. Comme il est dit dans un film que j'ai vu il y a peu de temps (The Lunchbox pour ne pas le nommer), le mauvais train peut parfois nous conduire à la bonne gare.
En l'occurrence, la gare en question est l'Angleterre aristocratique du début du XXème siècle. Première qualité, et non des moindres, la retenue anglaise. C'est un véritable cliché et, personnellement, cette fameuse retenue m'a très franchement agacée lors du premier épisode. Comme tous (du moins je crois) j'aurais volontiers secoué comme un prunier cette chiffe molle de Christopher.
Et puis la magie opère, on s'attache aux personnages. Dès lors, on ne voit plus le temps passer. Je dois bien admettre que j'ai regardé cette série en entier, d'un bout à l'autre, en une seule petite journée. Quand je pense que, plus petite, mon adage était de "garder le meilleur pour la fin". Bon, cela dit, à ce compte-là, on passe à côté de beaucoup de très grands films.
Les reproches que l'on pourrait faire -car oui, il y en a- tiennent surtout au déséquilibre qu'il existe entre les "temps de parole" accordés aux personnages. L'histoire est présentée comme un triangle amoureux mais on suit beaucoup plus les traces de Christopher que celles de ces deux amantes. La jeune suffragette en pâtit énormément: je ne l'ai vu que comme une jeune femme terriblement naïve et dont les yeux sentaient la guimauve dès que le nom de Tietjens était évoqué. Le personnage aurait gagné à être mieux exploré. On comprend très vite qu'elle est l'exact opposé de la femme de Christopher mais justement, c'est là que le bât blesse. Ces deux femmes sont par trop caricaturales. Christopher, malgré sa droiture et son code de conduite strictement irréprochable n'est pas aussi manichéen. Une suffragette qui passe sa vie à attendre un homme et.. rien d'autre... Sérieusement?
Dommage, également, que le premier épisode se perde un peu dans la narration et que le dernier tombe dans le cliché. J'ai beaucoup aimé la série, mais je ne parviens pas à être convaincue par le choix de Christopher!
SPOIL
Admettez-le, la scène où il se jette sur Sylvia est bien plus convaincante que cette espèce d'étreinte mollassonne qu'il finit par échanger avec Valentine.
END SPOIL
Mais quand même, j'adore les séries british. Ne serait-ce que pour leur accent.