Une saga romanesque sous forme de mini-série bien comme les anglais aiment les réaliser c'est-à-dire avec distance et élégance. Mais celle-ci a un petit quelque chose en plus qui la distingue, un je-ne-sais-quoi d’insaisissable, de plus exigeant et qui donc exige plus du spectateur.
Ce qui est loin d'être loin d'être déplaisant car cela rend l'ensemble complexe donc vrai. Et rien de mieux que la complexité et la vérité pour avoir des personnages forts et réalistes. On va avoir un mari qui a le tort d'être dépassé par son époque tout en étant pleinement conscient, le monde s'étant arrêté pour lui au XVIIIe Siècle. On va avoir une épouse qui, elle, a le tort d'être au contraire trop en avance sur son époque. Et entre les deux, on va avoir une jeune suffragette qui va tomber amoureuse du mari et cela va être réciproque. Mais comme ce dernier s'est arrêté au XVIIIe Siècle, pas question de tromper sa femme et encore moins de divorcer.
Benedict Cumberbatch est la parfaite idée que l'on se fait du type du XVIIIe Siècle obligé de vivre dans le début du XXe. Adelaide Clemens a un physique careymulliganien donc elle n'a pas à se forcer pour me plaire. Mais celle qui se taille la part du lion dans ce qui va s'avérer contre toute attente, surtout la mienne par rapport aux premières minutes de la mini-série où celui-ci est détestable, le personnage le plus attachant, c'est sans conteste Rebecca Hall époustouflante en épouse extravagante mais qui aime passionnément son mari, beaucoup plus que celui-ci le croit ou veut le croire.
D'ailleurs, cela a pour résultat LE défaut de l'ensemble à savoir que l'on retient beaucoup plus ce personnage étonnant que la romance entre l'homme du XVIIIe et la jeune suffragette.
Reste que "Parade's End" réussit à être dense, à bien représenter une époque trouble sans en exagérer la noirceur mais sans non plus l'édulcorer et aussi à ne jamais se montrer prévisible du début jusqu'à la fin.
Après la scène de la falaise et de l'oiseau, je m'attendais à voir un type de fin romanesque à deux balles comme on en voit des milliers mais non pas du tout, et c'est tant mieux.
Et aussi la galerie de seconds rôles, parmi lesquels on peut voir plein de visages familiers, vaut aussi le coup d’œil.
"Parade's End" est une oeuvre tout en nuances, d'une grande élégance visuelle, qui avait donc tout me plaire et qui m'a beaucoup plu.