Loi de Refaat numéro 1 : être le héros de la première série Netflix égyptienne

Paranormal est la première production égyptienne Netflix. Si son histoire et ses personnages ne nous disent pas grand chose à nous, occidentaux, il faut savoir qu'il s'agit en fait d'une adaptation d'une série de romans fantastiques très populaires dans les pays arabes, écrits par Ahmed Khaled Tawfik. La fierté et l'excitation de voir enfin débarquer une série Netflix issue de ce pays lui ont assuré des bonnes critiques locales mais malheureusement, à l'international, Paranormal est loin d'être la pépite du Moyen-Orient qu'on aurait espéré...
Les deux premiers épisodes intriguent et plantent une atmosphère particulière et dépaysante. On y découvre un personnage principal atypique : un universitaire cinquantenaire dégarni et insignifiant, très rationnel, sérieux et peu enclin à toutes superstitions ou croyances surnaturelles. Hématologue de métier, c'est vraiment pas le genre de héros qui assure un spectacle mouvementé, bien au contraire, et pourtant, il se retrouve enchainé malgré lui dans une histoire de fantômes. Ses convictions sont ainsi bouleversées du jour au lendemain, d'autant plus qu'une ancienne collègue britannique, pour qui il en pince depuis des lustres, refait surface au Caire. La série est rythmée par la voix off caverneuse du professeur et son penchant pour les énigmes et la fameuse loi de Murphy. La façade inexpressive de l'acteur Ahmed Amin est déconcertante par moment mais le profil du personnage est bien dessiné. Il en va de même pour la dynamique familiale qui l'entoure, et qui participe activement au fil rouge de l'histoire. Il ne faut non plus omettre le climat de la fin des années soixante en Egypte, classe dans sa reconstitution mais dégageant une certaine tension politique et sociale.
Paranormal fait figure d'histoire fantastique classique, suivant parfaitement les rails du genre. La réalisation de Amr Salama est soignée, l'ambiance sonore est sympa et l'image est très belle, avec une teinte jouant beaucoup sur les clair-obscurs. Du fait de son pays d'origine, c'est d'avantage une affaire d'atmosphère que de codes de genre car l'effroi n'est pas similaire à ce qu'on a l'habitude de voir. C'est dépaysant, mystérieux, bizarre mais jamais vraiment flippant. En cela, Paranormal peut en décevoir plus d'un. Et c'est sans compter des effets visuels parfois limite-limite. C'est dommage car ça ne rend pas trop justice à la forme propre de la série. Les différentes menaces s'inspirent de croyances égyptiennes anciennes (malédiction, momie, au-delà...), ce qui suscite notre intérêt, mais le scénario reste très convenu et puise dans le passe-partout du genre, en plus de ne générer presque aucun frisson.
Là où la série assure la relève audiovisuelle égyptienne d'un point de vue mondial, elle ne se démarque pas plus que ça et reste inoffensive pour tout spectateur occidental accoutumé à plus de tressaillements. Cela dit, on sent le soucis de cohérence et de perfection, et en cela, Paranormal est une bonne vitrine des capacités et des moyens des équipes de production égyptiennes.