J'ai lu nombre de critiques, toutes négatives. Visant à décrédibiliser la série. Dénonçant un manque de substances, de subtilités, de profondeur, s'attaquant à un certain manque de discernement par rapport à l'oeuvre de Patrick Süskind. N'étant d'accord sur aucun point de tout ce que j'ai pu lire, je me dois de rétablir l'ordre des choses, d'en offrir une critique positive, en me gardant bien de spoiler .
La scène d'ouverture nous plante d'emblée dans un décor macabre, nauséabond, mêlé d'une atmosphère doucereusement morne aux teintes très sombres. L'air nous semble irrespirable, ce qui tient de l'ironie quand on sait qu'il s'agit d'un contexte où respirer nous sera vital. Où le sens dominant sera l'odorat. Cette atmosphère nous suivra et nous guidera jusqu'au point culminant. Elle ne nous quittera donc pas, jusqu'à nous laisser en haleine tout du long pour enfin nous perdre à la scène finale. (J'y reviendrai tout à l'heure.)
Peut-être me suis-je laissée amadouer par le livre tout d'abord, et par mon goût des parfums ensuite. Toujours est-il que ce n'est pourtant pas cela qui me pousse à défendre la série. C'est le mystère tout entier qui m'a saisie et qui ne m'a pas fait bouger une seule fois pendant 6h30. Les personnages, contrairement à ce j'ai lu, sont à mon goût aboutis, intéressants, on n'a pas besoin d'en savoir des mille et des cents, il suffit de creuser. Si toutes les clés nous étaient données, ils en deviendraient navrants d'inutilité dans ce scénario. Toujours est-il que chacun y est à sa place, chacun y a une importance, chacun à ses secrets. Tout va bien de ce côté-là.
Au travers du sujet principal, à savoir, donc, le parfum, cette passion enivrante qui va pousser nos protagonistes dans un abîme sans fond de folie, de débauche, de violence des sens, ce n'est pas seulement les odeurs en elles-mêmes qui m’intéressent ici. Et c'est là la différence que je vais retenir avec le récit de Süskind. C'est l'esprit humain. Les odeurs jouent un rôle prépondérant, mais elles ne servent que de moteur pour en comprendre d'autres choses plus ancrées, plus profondes.
La série n'est pas parfaite, elle a des défauts. Mais... je suis de ceux qui renient la perfection. Je la trouve fort peu intéressante et elle m'ennuie beaucoup. Tout en sachant de toutes façons, que la perfection ici présente et qui sera elle et elle seule jugée, sera le parfum ultime que cette série nous offre et non ce qui l'entoure. Je parlais donc de l'esprit humain. C'est sans nul doute lui, finalement, le personnage principal. Il va nous envoyer dans un univers abjecte, malsain, il va nous faire passer par des chemins tortueux mais toujours dans le but de dénoncer la folie qui le ronge. Il se présente sous bien différentes formes. Chaque personnage va représenter un trait de cette folie, de cette défectuosité de l'âme, d'un traumatisme. Et, toujours dans ma fascination et dans ma quête de comprendre l'esprit humain et ses vices dont il se nourrit manifestement dans l'abomination des actes de l'être qui l'enveloppe, j'étais là, perdue dans mes réflexions, à passer en revue chaque personnage pour essayer d'élucider non pas l'affaire, mais les tréfonds de leur âme.
Le but reste quand même de l'élucider, finalement, cette affaire. Qui est/sont le/la/les coupable(s)? J'ai laissé ça aux soins de nos enquêteurs mais en me demandant toutefois qui cela pouvait bien être. J'avais beau me figurer que c'était l'un, ou l'une, ou l'autre, ou tous à la fois, la réponse ne me satisfaisait jamais. J'attendais l'inattendu finalement. Et vous savez quoi? je l'ai eu. J'avais cette peur amère de voir cette série s’effondrer avec une fin décevante. Et la dernière séquence m'a convaincue, assez en tout cas, pour attribuer 10/10. La scène finale suffit largement et nous livre bien des réflexions sur ce/ces désirs évoqués dans mon titre... Et ici je m'arrête. Je n'en dirai rien de plus et rien de moins. Il me semble avoir été assez brève et évasive et j'espère bien que cette série ne croulera pas sous la poussière pour cause de mauvaise et injuste réputation.
Moi aussi je suis une grande fane du roman, mais cette liberté d'adaptation est loin d'être mauvaise.