Gangs of Birmingham
Peaky Blinders narre l'histoire d'une famille de malfrats, les Shelby, qui règne sur la ville de Birmingham. Très frères qui font la loi, Arthur l’aîné de la famille, John le benjamin, Thomas la...
le 5 août 2014
85 j'aime
11
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[SAISON 1] 6/10.
Ma décision de visionner la saison une de Peaky Blinders n'a pas totalement été dénuée de préjugés tant les apôtres du bon goût ne tarissaient pas d'éloges sur ce qui représente à leurs yeux l'une des meilleures séries récentes. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale et du traumatisme que cette dernière a provoqué sur les anciens soldats anglais, en pleine guerre d'indépendance irlandaise et en pleine expansion du communisme, un gang des quartiers industriels de Birmingham appelé les Peaky Blinders, dirigé par Thomas Shelby, se met en tête de dominer le marché des paris hippiques. Si vous ajoutez à cela un personnage principal torturé et ambiguë, un triangle amoureux, un antagoniste aussi terrifiant que délicieux, une famille sympathique, une jeunesse désespérée, une guerre des gangs, un vol d'armes, une pseudo critique de la guerre et un tout petit peu de cul : vous obtiendrez la recette d'une série en réalité un peu surcoté tant le propos de cette dernière laisse un peu à désirer. S'il est vrai que ce phénomène des gangs apparus de la fin du XIXème siècle dans les grandes villes, composés de jeunes désœuvrés et amoraux, en perte de repères et sans idéaux, traumatisés par les guerres, que ce soit à Paris avec le célèbre groupe des Apaches ou dans les villes industrielles anglaises, n'a pas été vraiment exploité et demeure un sujet très intéressant criminologiquement et historiquement parlant, il n'en est pas pour autant bien traité. En effet, point de trace de réflexion sur ce type de criminalité qui est tout de même le principal intérêt de la série, qui oublie d'ailleurs bien vite le côté intimidant des personnages pour entrer directement dans une forme de cabotinage attendu et parfois ridicule. La narration reste également plate et peine à sortir de la classique orthodoxie romanesque et parfois manichéenne, avec son lot de personnages peu crédibles et de rebonds scénaristiques prévisibles et irritants.
Sur la forme, la série est en revanche très réussie. Les plans sont très travaillés, l'esthétique est particulièrement bien développée malgré quelques décors de carton pâte et bien sur, la bande son est incroyable. Il faut également saluer le jeu des acteurs qui dénotent et portent avec assez de talent une prose parfois indigente, même si elle connaît de grands moments de grâce notamment dans la bouche de Sam Neill. Il y a dans la qualité visuelle des images, et dans cette capacité à structurer efficacement l'enchaînement de ces images pour raconter une histoire parfois faible, le véritable talent anglo-saxon pour l'art des séries. Bien sur, je reste dubitatif, et pas seulement à cause d'une certaine superficialité dans le traitement du désespoir de cette jeunesse délinquante qui semble être passée sous silence, tout en éclatant aux yeux des spectateurs épisode par épisode. En effet, si je prends plaisir à regarder un épisode de Peaky Blinders, je l'oublie bien vite et ne suis pas pris de l'irréductible envie de continuer. Je ne sais pas encore si je vais m'attaquer à la deuxième saison qui serait la véritable étape à franchir pour se faire un avis critique définitif. Cependant, il serait malhonnête de juger trop durement une série qui a un réel potentiel et un véritable intérêt, résidant malheureusement pour le moment principalement dans la forme que dans le fond.
[SAISON 2] 6,5/10
La saison deux est meilleure que la première saison, en de se débarrassant d'emblée de personnages peu convaincants et d'intrigues un peu superficielles. Elle se focalise davantage sur des arcs qui étaient restés allusifs dans la première saison comme les enfants de Polly et ouvre une brèche vers Londres contrôlée par les Italiens et les Juifs. Le rythme est plus soutenu, plus haletant, plus intéressant et les personnages prennent beaucoup de densité psychologique aux dépends de Thomas Shelby lui-même qui reste prisonnier de sa propre caricature de dandy romantique et torturé. Toujours marquée par la guerre et le sujet irlandais, la saison installe un nouveau triangle amoureux un peu galvaudé tout en proposant une classique narration pleine de descentes aux enfers et de rebondissements, qui ne parviennent cependant pas à sortir du manichéisme classique déjà présent dans la première saison. Certaines scènes sont très intenses mais parfois sont contre-balancées par des irritantes longueurs et une forme d'héroïsme issu d'un goût anglo-saxon pour les personnages tout-puissants (Sherlock, Doctor Who, etc). Le style est cependant un peu sacrifié au profit d'une volonté de rajouter de l'épique, et malgré cet alcool-tabac permanent, la couleur semble être devenue un peu fade. Quoiqu'il en soit, la saison 2 de Peaky Blinders paraît symétrique à la première, et malgré un certain supplément d'âme, il convient d'espérer que les saisons suivantes seront plus innovantes et plus nuancées.
[SAISON 3] 8/10.
Je dois reconnaître avoir été particulièrement bluffé par la virtuosité scénaristique de la saison 3, que je trouve bien plus réussie, plus palpitante et même plus esthétiquement réussie que les précédentes. Je crois que c'est enfin le moment où Thomas Shelby m'a tiré quelques sentiments tant son personnage m'était profondément insupportable auparavant a cause d'un insupportable flegme anglais bien bien artificiel et légèrement improbable. Après s'être débarrassé des derniers personnages handicapants, qui avaient participé au décollage de la série mais la tiraient un peu vers le bas dernièrement, la saison 3 a apporté un peu de liberté, de folie et de puissance dans sa manière de raconter une histoire qui a réussi a se renouveller et même, et c'est salutaire, à se bonifier. Il y a quelque chose de vraiment bon dans cette saison complètement cintrée qui possède même des instants de passion insoupçonnés. Enfin, je commence a comprendre pourquoi la série plaît tant et je ne regrette pas d'avoir persévéré pour éprouver une exaltation que je n'avais plus ressenti depuis quelques temps. Espérons que la série prolonge cet état de grâce pour les saisons suivantes et surtout qu'elle conserve son esthétique si originale.
[SAISON 4] 7/10.
La saison 4 a fait le choix cruel du réalisme, et d'une forme de descente aux enfers ponctuée par des moments qui semblent s'ancrer davantage dans le monde tel qu'il était. Si la Vendetta est au goût du jour, les Shelby, eux, doivent faire face à leurs propres fantômes. Bien loin est le temps de la folie : il est temps pour la famille Shelby de rendre des comptes. Entre la montée du communisme, la guerre contre les Changretta, les déboires familiaux, le deuil, c'est dans leur propre personne que les difficultés s'insinuent. Si le rythme est plus lent, plus monotone, l'introspection est indéniablement l'un des aspects les plus importants de la saison, mettant l'action et les interactions entre personnages au second plan. La saison 4 prend incontestablement des risques, ce qui est particulièrement courageux, il faut le reconnaître. Cependant, je crains une forme réelle d'essoufflement, à cause de dénouements narratifs plutôt mauvais, à l'anglaise, pleins de chausses-trappes et de deus ex machina. Quant au final, il est finalement très convenu et peu convaincant. Il manque malheureusement à cette saison le supplément d'âme de la saison 3 et j'ai peur d'être déçu par la saison 5.
[SAISON 5] 3/10.
J'ai été très déçu par cette nouvelle saison et j'ai été particulièrement insensible aux multiples éloges entendues en faveur d'une série qui se serait refondée dans la politique, le sombre, voire le très sombre ainsi que dans une forme d'introspection ultra esthétique. Si le personnage d'Oswald Mosley est en effet passionnant, ce grand fasciste anglais absolument terrible (voire un peu caricaturé ?), la série pèche par une narration lente, avec un jeu d'acteurs qui semble avoir pris un peu de plomb dans l'aile et une sirupeuse atmosphère, qui ne passionne guère et est même parfois un peu étouffante. Quant à la trame principale, elle est proprement sans intérêt, mal amenée et ne semble être, et c'est la première fois dans le cadre de cette série, qu'une forme de teasing pour une saison 6 à venir. Ainsi, de manière extrêmement décevante, la série fait du remplissage : du remplissage de storyline, du remplissage de psychologie bidon, du remplissage de jeu scénique et du remplissage de dialogues pauvres. Mais dites moi, que s'est-il passé pour que le grand Thomas Shelby s'abîme ainsi dans une scène finale aussi ridicule et pathétique ?
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Créée
le 13 juin 2019
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