Créée par l'auteur de Gotham, Pennyworth en reprend les qualités et les défauts, même si dans l'ensemble elle est bien supérieure.
L'idée de nous faire découvrir la jeunesse du majordome de Batman peut paraitre saugrenue, et en effet cette série aurait tout à fait pu être indépendante de l'homme chauve-souris (et pourtant garder tout son intérêt).
La première chose qui saute aux yeux, c'est que la série a un budget que Gotham n'avait pas, en termes de décors, de photographie ou même de rythme (pas de coupure pub, signe d'une série "premium").
Le casting british est aussi savoureux que celui de Gotham, même si pour le coup c'est le duo formé par Thomas et Martha (deux personnages américains, je ne sais pas pour les acteurs) auquel je me suis le plus attaché. Mais les parents d'"Alfy" ne sont pas en reste, et même parfois les méchants (Paloma Faith est remarquable).
Quant à Jack Bannon, l'interprète d'Alfred qui avait campé le fils de Fred Thursday dans Les Enquêtes de Morse, on n'aurait pu rêver de meilleur choix pour le rôle titre. On l'imagine parfaitement vieillir en majordome à l'ancienne ; et ironiquement, le physique d'Alfred n'est pas très raccord avec son activité professionnelle de vigile/militaire/tueur à gages.
Mais la bizarrerie de Gotham est aussi là, et si la série semble de prime abord se dérouler dans les années 60, on comprend vite qu'on est dans une sorte de monde parallèle aux relents cauchemardesques : les exécutions de détenus par pendaison sont télédiffusées (y compris quand on éventre les cadavres à coup de hache), on torture et mutile dans la Tour de Londres, dans le dernier épisode un coq perché sur une sorte de... truc ? très en hauteur en plein Londres chante au petit matin, à un moment on voit des passants avec des cochons dans une poussette... Comme si on mélangeait années 60, époque Victorienne et Moyen-Âge.
J'aurais préféré une approche plus "réaliste" du Londres des espions, d'autant que les moyens sont là.
J'ai presque envie de voir Alfred comme un vétéran dans le coma ou un schizophrène qui perd le sens de la réalité, ses deux frères d'armes étant des projections de son esprit par exemple, ça expliquerait ce monde à la fois tordu et réel, ainsi que le côté cheatté d'Alfred, mais je surintellectualise, car c'est un parti pris de la série de mélanger le burlesque et le réaliste.
Cela dit, j'ai tout de même trouvé l'histoire vraiment prenante et je ne me suis pas du tout ennuyé. Mais sans doute les acteurs, décors, personnages attachants m'ont-ils beaucoup aidé, difficile à dire.
J'aurais toutefois préféré une fin de saison sans cliffhanger (ici double). Sans vouloir jouer les capricieux, je trouve ça désagréable, et surtout risqué en cas d'annulation.
Ce qui est certain pour ma part, c'est que si cette série maintient ce niveau, je ne la lâcherai pas comme j'ai lâché Gotham.
Edit : la résolution du cliffhanger est une vaste blague, et la saison 2 reprend les travers malsains de Gotham. Série abandonnée.
P.S. : je suis un peu surpris par la confidentialité de cette série sur SC !