Série Prime vidéo, Pennyworth conte la jeunesse d’Alfred, le futur majordome de Bruce Wayne, alias Batman. Ancien militaire des SAS, il évolue dans une Londres uchronique qui est aux prises avec des factions rivales bien décidées à prendre le pouvoir. D’un côté, la No Name League, pour laquelle travaillent Thomas Wayne, également agent de la CIA, et Martha Kane, les futurs parents de Bruce Wayne, et de l’autre la Raven Society, une organisation fasciste dirigée par Lord Harwood.
Alfred se révèle être un personnage complexe, impeccablement joué par Jack Bannon vu dans Les Médicis et Les Enquêtes de Morse, qui ne rechigne pas à user de la violence si nécessaire, tout en possédant de vraies valeurs morales. Aidé par ses deux amis, Bazza et Dave Boy, des adjuvants de haute volée, il essaie de monter sa propre agence de sécurité et se voit proposer des missions qui vont influer sur l’avenir du pays.
Admirablement construite, finement écrite, Pennyworth mêle des éléments des comics et des films de la franchise Batman à une savoureuse réalité déformée. On croise ainsi des personnages célèbres, comme Aleister Crowley, la Reine d’Angleterre, George Orwell, tout en faisant des clins d’œil à des séries britanniques des années 1970, comme Chapeau melon et bottes de cuir.
En effet, si Pennyworth est signée Bruno Heller, le créateur de Gotham, à laquelle elle est liée par une atmosphère semblable, elle puise dans l’humour britannique la source de sa saveur unique, de ses décalages et de sa folie. Le flegme d’Alfred se heurte à l’énergie punk qui s’empare petit à petit des épisodes. Eux-mêmes sont habillés par des musiques rock de première qualité, tandis que les costumes et les décors, qui évoquent les années 1960, nous ramènent avec délice vers une nostalgie communicatrice.
Le casting est de première main, comme c’est souvent le cas dans les séries britanniques. Vous allez me dire, mais c’est une série américaine ? Certes, mais tous les acteurs sont anglais, écossais ou gallois, ce qui donne une touche particulière à l’ensemble.
Aussi réussie que Gotham, Pennyworth s’adresse à un public qui ne sera perturbé ni par la violence ni par les scènes de nudité, et qui appréciera les différents clins d’œil que l’on décèle à chaque épisode. Dans cette Angleterre qui ressemble de plus en plus à l’Allemagne nazie, le spectateur suit l’évolution du personnages d’Alfred avec un plaisir coupable.