Série allemande Netflix, tournée en allemand et en anglais, Tribes of Europa s’inscrit dans une mouvance postapocalyptique à la mode. A ce sujet, les Allemands ne font pas les choses à moitié : ils y vont avec une délicatesse très germanique : les ficelles sont tellement énormes qu’on voit les péripéties arriver deux heures avant, les incohérences sont si nombreuses qu’on en perd le fil, les références à d’autres séries et films se voient comme le bec au milieu de la face d’un corbeau (The 100 est pillé allégrement, Le Seigneur des Anneaux, ainsi que Mad Max et une kyrielle de films de série B…) et les personnages sont quasiment tous des stéréotypes voire des caricatures. Et tout cela est noyé au milieu de concepts écologiques barbe-à-papa, tels que la collapsologie, la décroissance, l’anticapitalisme, le retour à la terre…, de thèmes dystopiques vus et revus : la formation de tribus (il y en a même une qui s’appelle les Femen (sic)…), le pouvoir dictatorial, les gladiateurs…
En 2029, toute la technologie s’effondre pour une raison inconnue, conduisant l’Europe à une destruction totale. Les pays disparaissent pour être remplacés par des tribus. On se croirait dans The 100 ou Divergente. D’ailleurs, l’un des personnages centraux, Liv, évoque les héroïnes de ces deux séries (on attend sa relation lesbienne qui devrait arriver dans la seconde partie de la saison…). En 2074, cette chère Liv vit dans la forêt, avec une cinquantaine d’autres personnes qui forment Les Origines, l’équivalent des Hobbits de la Terre du Milieu. Alors qu’elle se promène avec ses deux frères, elle voit un vaisseau s’écraser, ce qui va changer son existence. Pourchassé par les Crows, une organisation militaire qui ressemble aux Natifs de The 100 (Crow/Kru…, à ce point, ça tient du génie), le trio va attirer la mort sur leur village, surtout que son petit frère a récupéré un étrange cube que tout le monde désire récupérer.
En six épisodes, Tribes Of Europa nous fait passer de jolis décors forestiers à des villes post-soviétiques, de combats sanglants à des passages plus intimistes, de pseudo-réflexions anticonsuméristes à des dialogues comiques, de phases larmoyantes à des échanges creux, avec une vraie tentation pour le gore. Ne vous attendez pas à de grandes envolées lyriques, les répliques sont répétitives (on entend vingt fois « es tut mir leid »), une dizaine de fois (traitor) et autres répétitions dans les deux langues. A ce sujet, il faut regarder la série en VO, parce que Netflix sous-titre en français le doublage français des dialogues en anglais (sic). Si les dialogues sont creux, les péripéties sont tellement prévisibles, que j’étais plié en deux lorsque je les annonçais avant qu’elles arrivent. Autant dire qu’il n’y a quasiment aucune surprise, jusqu’au dernier épisode cousu de fils blancs. Dernier point négatif, une bande-son pourrie qui noie de belles images dans des musiques électroniques typées années 1980 à la Cherry 2000 et des titres actuels inadaptés aux scènes. Ajoutons à cela des personnages dépourvus de charisme (sauf pour les méchants) et la surabondance de gros plans qui donnent quasiment envie de vomir, et vous comprenez qu’il ne faut pas être trop critique pour se farder cette série.