Nouvelle série sur OCS signée HBO, Lovecraft Country s’inspire de l’univers lovecraftien et d’une nouvelle de Matt Ruff pour nous dépeindre une Amérique en pleine déliquescence, gangrenée par ses propres démons et parcourue par des êtres vils désireux de conserver la domination blanche sur le pays. Le pied de nez à l’œuvre du Maître de Providence est évident et les références également. L’action se déroule dans les années 1950, à une époque où règne le « white power », où les Afro-Américains sont rejetés, voire poursuivis et abattus, et où les ghettos sont légion.
Atticus Black, dit « Tic », rentre de la guerre de Corée et tente de retrouver son père qui a disparu. Dans cette quête, il est aidé de son oncle George qui publie un guide pour que les noirs puissent voyager sans problèmes et de Letitia « Leti » Dandridge, une de ses amies d’enfance. Cet étrange trio cherche Ardham, un lieu qui ne figure sur aucune carte. Pour cela, ils vont s’aventurer dans un comté qui déteste les étrangers, surtout lorsqu’ils sont de couleur.
Dans ce premier épisode, savamment dirigé par Yann Demange, les protagonistes sont mis en place, avec justesse, sans jamais en faire trop. On sent Tic marqué par la guerre, sans être traumatisé, George amoureux de sa femme et « Leti » rejetée par sa famille tout en étant engagée dans un combat pour la reconnaissance des noirs. Tout cela est intelligent, jusque dans les nombreuses références aux pulps, à la littérature de science-fiction et de fantastique. Les éléments étranges sont distillés un à un, pour que le téléspectateurs s’interroge sur ce qui se passe, jusqu’au surgissement du surnaturel, tout à fait dans l’esprit lovecraftien.
Mise en bouche maîtrisée, « Sundown » est une vraie réussite, bercé par une superbe bande-son blues, qui devrait rappeler à certains que le berceau de la culture afro-américaine n’est pas le rap. Il laisse augurer d’une suite plus étonnante encore, annoncée par une chute surprenante.