à jeu faussé on perd ses pions...
Difficile de trouver quelque chose à sauver dans cette série finalement tristement plate.
Un proto House, le charisme en moins, donne des cours qui semblent émaner de l'imagination d'un étudiant à l'ego surdimensionné et certainement en conflit avec ses profs de première année ("moi, quand ch'rai prof, je serai trop cool, et les élèves seront pendus à mes lèvres, et je leur ferai des vannes, y'aura trop une bonne ambiance, mais je serai trop mystérieux en même temps, je les ferai flipper, et pis..."), écoute de la musique classique en en faisant des caisses pour s'isoler et se protéger du monde extérieur, car monsieur est fou, paranoiaque, autain, mais aussi sensible, fragile. Ce sous House, donc, a évidemment l'obsession des énigmes, et ça tombe bien, car une ancienne élève (oui, vous avez deviné, sa meilleure élève depuis qu'il enseigne) fait partie du FBI et lui propose un poste de consultant.
Mytho-House commence toujours par un cours plein d'autosatisfaction et de remarques frôlant le harcèlement sexuel, discute ensuite avec son amie imaginaire en public (fruit d'hallucinations, évidemment), rencontre son ancienne élève qui lui soumet une affaire irrésistible, reparle avec son amie imaginaire fruit d'hallucination, se trompe dans ses conclusions en nous induisant dans des fausses pistes grossières, hallucine un personnage qui va lui donner des indices, fait une crise d'agoraphobie, rereparle avec ses amis imaginaires qui lui indiquent la solution, résout les énigmes avec la finesse qui n'a d'égal que celle des scénaristes en traitant l'ancienne élève comme un simple faire-valoir, puis termine son cours en alignant des platitudes en cours évoquant un croisement entre une recherche wikipédia, le patchwork de "phrases du jour" tiré d'un journal quelconque et les leçons de la vraie vie, le tout bien entendu sur une musique emphatique à coups de violons.
Outre le manque de charisme des personnages principaux, les scènes d'interrogation de suspect soutenues par un acting digne des loupés du jeu LA Noire (où l'on enquête nous même en interrogeant les témoins tout en traquant les subtiles mimiques qui pourraient indiquer que ceux-ci mentent, se trahissant à coups de roulements d'yeux coupables et granguignolesques ou de tics nerveux tout à fait acceptables dans un jeu vidéo car intégrés au gameplay, mais tout bonnement grotesque lorsqu'on les trouve ailleurs), un des problèmes de cette série, c'est son systématisme, les mêmes ficelles toujours, toujours, toujours.
Les fausses pistes sont grotesques, on devine quasi systématiquement que le héros se trompe, mais évidemment un Deus Ex Machina viendra retourner sans élégance la situation dans les dernières 10 minutes. Le pire étant que le héros, qui donne quand même des cours de neuroscience, dont un sur notre façon de sélectionner les infos, de filtrer la réalité au point de s'aveugler, n'est jamais capable de se remettre en question à temps (je veux dire, merde, il ne se souvient pas des épisodes précédents, ou quoi ?!)
Facile, agaçante, à peine digne de tuer le temps, à condition de s'interdire de réfléchir et de revoir nos à attentes à la baisse.
EDIT : après une pause de diffusion, la saison 2 reprend. Et je remarque que le professeur m'énerve toujours autant quand il écoute de la musique classique au walkman en mimant avec une ridicule ostension les gestes d'un chef d'orchestre, au cas où le stupide spectateur n'aurait pas compris.
Puis arrive l'épisode 15 de la saison 2. Peut-être le final de la saison d'ailleurs, mais j'espère plutôt de la série. Non parce que là, je ne me suis que très rarement senti insulté par le caractère grossier d'une intrigue, par l'épaisseur des ficelles utilisées, à plus forte raison quand je n'attends rien de spécialement bon d'une série.
Mais là, c'est TROP. L'épisode est en pause. J'espère me tromper. Je reviens à la fin pour terminer ce paragraphe...
EDIT 2 : Voilà. Ca mériterait un SPOIL non annoncé, mais fort heureusement, l'épisode s'en charge lui-même, ne laissant qu'une vague trace de surprise possible dans le déroulement des choses.
Lorsque la stupidité des scénaristes et la médiocrité des réalisateurs oeuvrent de concert, le résultat est sans appel : degré zéro de l'empathie vis à vis des personnages, degré zéro de la surprise finale, degré zéro de la finesse (Spoil : les méchants entrent dans un camion, le camion se fait bloquer cinquante mètres plus loin, les méchants ne sont plus là... Il faudra qu'une hallucination du professeur intervienne pour qu'ils pensent à examiner le fond du camion pour découvrir...un trou, bordel!!!), cette série est peu glorieuse et répétitive, mais là, c'est juste une honte d'oser présenter ce torchon comme un climax potentiel!!
Je suis colère.