Pet par Skidda

Dans la japanimation, le plus frustrant quand on part à la chasse aux perles rares n’est pas le nombre d’heures perdues dans les animes médiocres mais dans la découverte de gemmes imparfaites que l’on ne peut quand même pas recommander.

Pet un est un bon exemple : un anime du genre thriller psychologique ayant un score moyen bien bas sur les sites de recensement et qui a été délaissé par rapport à son concurrent direct, ID Invaded, de la même saison d’hiver 2020.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Pet a été pauvrement reçu lorsque l’on voit le premier épisode, un épisode d’introduction qui ne remplit pas correctement son rôle et expose sans clarté ses prémices, plus confus qu’intriguant. Le scénario de Pet est pourtant intéressant et tourne autour de trois personnages exceptionnels, Hiroki, Tsukasa et Satoru, capables de manipuler la mémoire des gens, un exercice dangereux qui peut conduire à la destruction totale du psyché. Malheureusement pour eux, ces êtres extraordinaires sont exploités par une organisation criminelle sans scrupules afin de servir leurs sombres desseins.

Malheureusement pour eux, et malheureusement pour moi aussi car je n’ai pas tellement aimé toutes ces histoires de gang qui monopolisent pourtant beaucoup de temps dans Pet. Pour le dire crûment, je n’en avais rien à secouer des enchaînements de coups de pute menés par des figures patibulaires qui n’ont jamais été proprement présentés, un autre problème d’exposition qui plombe les débuts de l’anime. Par ailleurs, cette indifférence n’a pas été aidée par l’utilisation fréquente du mandarin, la mafia en question étant sino-japonaise, par des seiyuu nippons (à 1 ou 2 exceptions prêts pour des rôles mineurs). Bien sûr, ce problème de bilinguisme est compréhensible mais ces pauvres, et surtout trop nombreuses, performances sont dignes des pires séquences de broken engrish.

Malgré ces défauts, Pet reste une série fascinante quand elle se penche sur ses personnages principaux. C’est bien leur capacité supernaturelle qui les caractérise, et rend l’anime si distinctif. Au niveau des visuels déjà, les séquences de manipulations de mémoire ont un cachet certain. En effet, celles-ci se produisent dans des représentations mentales construites d’images oniriques, bizarres, voire dérangeantes. Le jeune studio Geno (Golden Kamuy, Kokkoku) a une fois de plus du mal à supporter sur ses épaules la production de sa série, mais malgré une animation très moyenne et des modèles parfois inconsistants, il arrive à fournir les efforts nécessaires lorsque cela compte le plus.

Le don des protagonistes n’est pas un artifice sans consistance mais bien le fondement sur lequel s’imbriquent élégamment tous les éléments de l’intrigue. Bien plus que les luttes de gang, ce sont les conséquences de leur pouvoir qui se trouvent au coeur de l’histoire. Ce pouvoir affecte profondément les personnages : leurs émotions, leur empathie, leur moralité... Les répercussions sont différentes pour chaque membre du trio principal mais toujours perturbants et mentalement invalidant. Ceci amène à la dynamique centrale de la série, sinistre mais prenante, où les protagonistes sont ou deviennent conscients de leur anormalité et cherchent à échapper leur condition. Les développements qui surviennent durant les épisodes sont toujours bien pensés et font sens dans leur contexte. De plus, ils justifient de manière convaincante la personnalité parfois antipathique, ou simplement ennuyante (Hiroki au début), de certains personnages pour lesquels on ne peut s’empêcher de garder une certaine dose de sympathie vu leurs circonstances tragiques.

Les observations de ce paragraphe ne sont peut-être pas très claires mais pour résumer simplement : l’écriture de Pet m’a impressionné, en particulier lors du dernier arc (épisodes 9-12) que j’ai adoré. L’anime est rempli de personnages intelligents, de bons twists, et malgré sa fin très ouverte, la série se termine sur une conclusion assez satisfaisante. Pour tout dire, j’ai plus d’une fois pensé au film Paprika (Satoshi Kon) lors de mon visionnage, une comparaison que je ne fais pas à la légère et qui est tout à son honneur.

J’en reviens donc sur ma remarque d’introduction. Pet souffre de gros problèmes. Ces derniers sont rattrapés par une écriture convaincante mais pas sans ses défauts. L’ensemble forme une oeuvre qui m’a finalement absorbé en fin de course mais continue de me laisser perplexe. Malgré tout, j’ai en moi la certitude que cet anime est l’un des plus sous-estimés de cette année. Cela ne veut pas dire que le recommande pour autant, mais j’encourage tout de même les personnes à la recherche d’un thriller de passer outre la son mauvais score et de regarder au moins deux épisodes.